La question peut paraître prématurée surtout concernant un jeune parti de l’opposition qui n’a que cinq ans. Pourtant, elle vaut son pesant d’or compte tenu des attaques permanentes dont sont victimes les dirigeants de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), accusés d’avoir offert un troisième mandat à Faure Gnassingbé. Une allégation qui semble être une arrête dans la gorge de Jean-Pierre Fabre qui, visiblement, peine aussi à s’en débarrasser. Des signes prémonitoires d’une mort politique ?

En effet, aux lendemains de la présidentielle du 25 avril 2015, plusieurs voix s’élèvent pour fustiger l’attitude des leaders du CAP 2015 dont l’ANC qui sacrifieraient les reformes politiques sous l’autel des intérêts inavoués en participant aux élections. Et si Faure Gnassingbé sort « grandi » du scrutin avec une légitimité presque sacralisée du fait du fleuve de félicitations de l’univers diplomatique, Jean-Pierre Fabre de son côté semble se confiner dans son sport favori, la contestation, et est constamment sous les feux de violentes critiques. L’avenir de l’ANC est-il, de ce fait, fortement menacé ?

Fabre, plus sage ou le poids de l’âge ?
Leader charismatique de l’ANC, Jean-Pierre Fabre qui a déjà fêté ses soixante printemps, n’aura plus dans quelques années, la fraicheur physique nécessaire pour aller au charbon, aller à l’abordage. Or, faire de la politique au Togo requiert plus d’audaces, plus de punch pour encaisser les coups et insulter une dynamique à ses actions. Mais depuis quelques années, l’homme ne donne plus l’impression d’être ce bosseur infatigable qui réplique du tac au tac. L’âge en est-il pour quelque chose ou que le chef de file de l’opposition choisit dorénavant d’aborder ou de résoudre les sujets brûlants de la République avec doigté et dextérité ? En parlant de sa nouvelle posture d’un homme posé, Faure Gnassingbé disait il y a quelques mois dans le magazine Jeune Afrique qu’il est aujourd’hui « plus respectueux des institutions de la République ». Pourrait-on lire au-delà de cette déclaration si avec un peu de recul, M. Fabre qui estimant avoir été triché à la dernière élection présidentielle, n’a pas encore déversé ses militants dans les rues pour aller chercher la victoire. L’homme tempère plus ses ardeurs, ce qui fait croire à ses détracteurs qu’il a déjà reçu des mallettes friquées. Mais là, il répondu tout de suite :  » Je suis Jean-Pierre Fabre, je ne suis pas à vendre ni à acheter. Je ne vénère pas l’argent « .

Fabre sans dauphin ?
Si dans quelques années, Jean-Pierre ne sera plus en verve sur la scène politique togolaise, comme le Pr, Gnininvi, Me Agboyibo et autres qui ont pu passer la main à de jeunes avant-gardistes, la prise du relais au niveau de l’ANC constituera le goulot d’étranglement de la jeune formation politique. En effet, dans l’entourage immédiat de Jean-Pierre Fabre, l’on ne voit pas, en fait pour l’instant, un leader capable de porter le brassard de capitaine pour poursuivre l’œuvre de M. Fabre. Actuellement, tous ceux qui sont à côté de lui, ont le bon profil d’un accompagnateur qu’un vrai leader à même de porter les foules, le charisme de Jean-Pierre. Les plus en vue, Me Isabelle Améganvi qui se fait plus discrète ses dernières années laissant même Me Kafui Adjamagbo-Johnson lui « ravir la vedette » n’a pas la côte nécessaire pour porter le futur de l’ANC. Femme battante, certes, mais elle ne pourra pas porter cette gigantesque tache d’être la locomotive d’une si grand parti avec des militants trop exigeants, et très excités.

Patrick Lawson, âgé, affaibli et physiquement diminué, le vice-président de l’ANC n’a plus ses jambes de vingt-ans pour encore monter sur un ring où les adversaires politiques ne seront bientôt plus que des jeunes : Alberto Olympio, Fulbert Attisso, Jean Kissi, Tsikpi Atchadam…

Ruben Doe-Bruce, avocat chevronné, très effacé, l’une des têtes pensantes du parti, il serait plus calé dans le rôle de l’ « homme du président » que d’être le « président ». Beaucoup le trouvent trop mou pour assurer une présidence de l’ANC.

Jean Eklu peut être le nouveau Jean-Pierre. Le président de la jeunesse de l’ANC est aussi teigneux que le président national. Mais l’on ne peut le parachuter à la tête de l’ANC où il risque de se brûler les ailes.

En clair, un départ éventuel de Jean-Pierre Fabre à la tête de l’ANC risque de tirer le parti vers le bas. Tout compte fait, les prochains jours nous édifieront.

Voltic Togo