En décembre 2015 devra se tenir à Paris, en France la conférence sur le climat. Au centre des échanges, le réchauffement climatique. Quels sont les enjeux et défis de cette conférence de Paris dénommé COP 21. Pour en parler, Africa rendez-vous s’est approchée de Joseph Yaovi  Kogbé, il est environnementaliste, coordonnateur du réseau francophone climat et développement et également membre de l’organisation pour l’environnement et le développement durable (OPED).

Africa Rendez-vous : Bonjour, tout d’abord c’est quoi la COP 21 ?

KOGBE : La COP21 en fait c’est la conférence des parties à la Convention cadre des nations Unies sur le changement climatique. C’est-à-dire  tous les pays qui ont signé et ratifié cette convention, (196 au total) se réunissent chaque année pour discuter des modalités à adopter pour réduire le réchauffement climatique dans des normes supportables par notre planète. Depuis que l’accord a été signé après la conférence de RIO en 1992, cette année, ce serait la 21ème conférence qui sera tenue dans le cadre de cette convention.

Alors on parle d’une conférence sur le changement climatique, en quoi cette thématique concerne les Togolais ?

Ah oui! Les changements climatiques c’est une notion transversale et ça touche tous les domaines du développement. Même au Togo, nous assistons à un réchauffement c’est-à-dire on assiste plus à des vagues de chaleur qu’il y a 30 ou 40 ans. Puisque nous sommes dans un pays essentiellement agricole, en milieu rural on arrive plus à distinguer les saisons sèches des saisons des pluies et il y a décalage.

Les saisons commençaient généralement en mars. Aujourd’hui c’est pratiquement au mois de mai ou même certaines années ces saisons débutent plus tôt que l’année précédente. Au finish, on ne maîtrise plus rien.

Au cours de l’année vous allez voir par exemple des paysans, ils sèment , les cultures vont lever, il y a la poussée et puis quelques semaines après les pluies s’arrêtent et on a ce que techniquement ils appellent  les poches de sècheresse. Des semaines après les pluies reprennent alors qu’en ce moment-là les plants ne sont plus en mesure de continuer leur évolution et du coup on assiste à des rendements et il faut utiliser de l’engrais pour pouvoir enrichir. Des techniques qui ne sont peut-être pas aussi dans le contexte du développement durable que nous poursuivons. Et dans le domaine de l’eau aussi vous aller constater qu’il y a des inondations et autres catastrophes dites naturelles. C’est un peu la manifestation du changement climatique.

Qu’attendez-vous de cette conférence, en tant qu’organisation de la société civile ?

Yaovi kogbé 1Ce qui est attendu de la conférence de Paris c’est qu’on puisse sortir un accord qui est ambitieux c’est-à-dire qui permette de résoudre le problème des changements climatiques et qui nous limite selon ce que la science dit à un réchauffement qui n’excède pas 2 degré Celsius.

Depuis 1880 nous avons déjà enregistré sur la planète une augmentation de 0,8 degré de réchauffement peut être ça semble être assez faibles mais les impacts sont si énormes qu’on se dit si on arrivait à dépasser 1 degré voire 2 degrés, la vie ne serait plus possible sur la terre et c’est ce que la science nous dit.

Il faut arriver à un engagement de la part de tous les pays qui nous permet de ne pas aller au-delà du réchauffement qui excède 2 degré Celsius. C’est un accord que nous attendons et depuis l’année dernière à Lima au Pérou, les pays se sont convenus que chacun va essayer de proposer des contributions. Donc chaque pays, que ce soient les pays développés, les pays en développement ou les pays sous développés, chacun doit faire des propositions sur ce qu’il compte faire pour atteindre cet objectif et donc tous les pays sont à pied d’œuvre maintenant pour élaborer leurs propositions.

Autre enjeu pour l’accord de Paris c’est que depuis 2009 après l’échec de Copenhague les pays se sont convenus, surtout les pays développés, à Cancun en 2010, de mettre de l’argent à disposition des pays en développement pour faire face aux problèmes  à hauteur de 100 millions de dollars US par an entre 2013 jusqu’à  2020. Aujourd’hui nous ne voyons pas ces fonds venir c’est vrai qu’il y a le fond vert pour le climat qui a enregistré quelques enveloppes mais on ne voit pas les 100 millions et on n’a pas encore une feuille de route sur comment ces fonds vont être fournis et quelle serait la part des financements publics ainsi de suite.

En attendant la conférence de Paris, qu’est ce qui se fait au niveau des organisations de la société civile?

Dans la perspective de la COP 21, je dirai que sur le plan national au niveau de la société civile il  n’y a pas encore un engagement assez marqué mais les réflexions sont en cours et dans les mois qui viennent  nous avons effectivement des activités en perspective.

Au niveau du réseau francophone, depuis le début de l’année nous avons commencé à réfléchir sur les recommandations que nous devons porter au niveau international. Dans ce sens nous avons organisé à Paris  en Avril passé un atelier a l’intention des ONG francophones d’Afrique où une vingtaine de pays africains francophones étaient représentées. Nous avons formulé des recommandations aussi bien à l’endroit des bailleurs de fonds, des décideurs politiques et des négociateurs.

Joseph Kogbé, à l'extrême gauche, posant avec la ministre française au développement et à la francophonie, à l'issue de rencontre d'avril à Paris
Joseph Kogbé, à l’extrême gauche, posant avec la ministre française au développement et à la francophonie, à l’issue de la rencontre d’avril à Paris

Alors est ce que les pays africains aussi contribuent au réchauffement climatique?

En vérité, les pays en développement du moins les pays africains de l’Afrique sub-saharienne ne sont pas responsables du réchauffement climatique, leur part de contribution avoisine les 3%  donc c’est vraiment  négligeable et si je prends le cas du Togo on n’a pas vraiment de souci parce qu’on n’est pas émetteur. Néanmoins nous sommes dans une logique où l’accord de Paris se veut historique où tous les pays s’engagent quel que soit leur degré d’émission.

Alors pour les pays par exemple si je prends le cas de mon pays le Togo, nous ne sommes pas émetteurs mais nous devons réfléchir à un modèle de développement qui ne nous mette pas sur la même trajectoire  des pays qui se sont développés sur le dos de l’environnement et ça nous cause les problèmes que nous vivons.

Donc nos pays ont aussi des efforts à faire et leurs contributions c’est de dire nous nous allons vers un développement propre qui émet moins de carbone c’est-à-dire sobre en carbone et pour cela voilà les formes de développement que nous voulons enclencher et ça leur permettra d’éviter d’aller vers plus d’émissions sinon pour aujourd’hui on n’a pas de souci pour ça .

Merci!

Voltic Togo