Pris en tenaille, pressé et sans doute étouffé, le monde crie à l’aide. Désormais sur la ligne de potentiels sauveteurs, Julian Assange fondateur de wikileaks, Edward Snowden ancien informaticien à la Nasa et un important groupe de journalistes du monde. Leur mode opératoire est basé essentiellement sur des révélations. En quelques années le monde est passé des révélations du système d’espionnage américain aux alertes concernant la surveillance mondiale d’internet. L’heure est celle d’une nouvelle pavée jetée dans la mare.

Baptisées « Panama Papers », les nouvelles révélations concernent de vastes systèmes d’évasion fiscales dans le monde. Elles font l’effet d’une bombe. Elles touchent indistinctement des personnalités politiques, celles du monde des affaires mais aussi des sportifs de haut niveau. Les démangeaisons sont insupportables. Les paradis fiscaux sont mis à nus et des noms révélés à la face du monde. Les premières têtes ont commencé par tomber. Cette crise morale combine, finance, gestion, fiscalité et opacité. Entre les rejets russes, les justifications au sommet du gouvernement britannique, les envies françaises d’ouvrir des enquêtes, les pressions de la rue islandaise, chaque pays tente de réagir à la nouvelle donne.

Concerné comme les autres continents par les révélations en cours, le continent africain observe pour l’heure, un de ses traditionnels silences. Et pourtant d’illustres noms continuent par être cités dans le scandale. Selon le journal français Le Monde, figurent sur cette tristement célèbre liste John Addo Kuffor, fils ainé de l’ancien président du Ghana, Alaa Moubarak, fils de l’ancien président d’Egypte, Clive Klulubuse Zuma, neveu de l’actuel président sud africain, Jaynet Désiré Kabila, députée et jumelle de l’actuel président congolais etc…

Elles sont un total de quelques dizaines de personnalités africaines essentiellement issues des premiers cercles des pouvoirs politiques africains. En réalité, les révélations en cours ne surprennent à priori personne sur un continent resté englué dans des pratiques politiques et économiques peu orthodoxes et généralement aux antipodes des conventions et des normes partagées. Les affaires de la cité ne sont-elles pas aussi celle de la fratrie ? Les sociétés d’Etat ne sont-elles pas dirigées par des réseaux d’amis ? La corruption n’est-elle pas érigée en règle? A l’heure où la question de la transparence est posée avec force à l’échelle de la planète, le continent noir résistera-t-il encore pour longtemps aux nouveaux mécanismes qu’implique l’appartenance au village planétaire ?

La finance internationale veut plus de clarté. Les rapports inter-états se veulent plus transparent. Il est à parier que les révélations en cours depuis quelques années ne constitueront à terme que des répliques naturelles inhérentes aux principes de transparence et d’équité que plusieurs pouvoirs centraux ont échoué à mettre en œuvre. En Afrique, de timides reformes ont lieu depuis quelques années mais restent largement insuffisantes. Elles ont besoin désormais de soutiens plus accrus notamment en provenance des milieux politiques. Les vies de millions de citoyens africains subissent chaque jour, les contre coups des passes droits d’une minorité.

Comme ailleurs dans le monde, les gouvernements d’Afrique doivent réagir, enquêter pour au final contrôler plus efficacement leurs finances notamment publiques ? Les organisations de la société civile ne doivent-elles pas être interpelées ?

Voltic Togo