Le 27 août dernier les électeurs gabonais s’étaient rendus aux urnes pour le choix de leur prochain président de la République. Deux semaines après le scrutin, ils attendent toujours de connaitre qui de Ali Bongo Ondimba ou de Jean Ping aura la responsabilité de les diriger les 7 prochaines années. Comment comprendre une telle situation ?

25 ans après le lancement des chantiers de la démocratie en Afrique, force est de constater que les résistances aux changements qualitatifs prôné par le nouveau système, restent encore très présents sur le continent. Le Gabon c’est un  territoire de 268 000 km2 avec une population de 1 700 000 habitants donc une densité des plus modestes du continent. Le Gabon c’est aussi 600 000 électeurs pour un scrutin à un seul tour. En réalité autour de ce pays, tout parait simple mais en vérité tout est compliqué.

Aujourd’hui, le pays se cherche un pays élu. Déclaré vainqueur du scrutin par la commission en charge de l’organisation du processus électoral, le Président sortant Ali Bongo est contesté comme jamais par son principal adversaire Jean Ping, mieux encore, par une importante frange de la population gabonaise. Ces derniers sont visiblement soutenus, même si c’est du bout des lèvres par des représentants de la communauté internationale qui continuent de réclamer un recomptage des bulletins de vote. En attendant la proclamation des résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle, qui va sauf énorme surprise confirmer la réélection du président sortant, il importe de rappeler une des faiblesses majeures des processus électoraux en Afrique à savoir la transmission, la centralisation et la proclamation des résultats des votes.

Au Gabon, tout comme ailleurs en Afrique francophone, c’est à ce stade qu’interviennent les anomalies qui entachent durablement le cours des élections. Les Gabonais savaient qu’ils allaient voter le 30 août, et c’est sans effusion de sang, qu’ils s’étaient faits enrôler sur les listes électorales dans un premier temps, qu’ils ont participé à la campagne électorale dans un deuxième temps puis ont finalement voté dans un troisième temps.

Même si les opposants évoquaient des craintes quand à la fiabilité de l’ensemble du processus, représentants du pouvoir et ceux de l’opposition ont travaillé souvent main dans la main pour permettre aux populations de faire le choix de la personne qui devrait les diriger. Pourquoi cette entente cordiale disparait une fois les bulletins dans les urnes et les bureaux de vote fermés ? Dans les grandes démocraties, c’est la maitrise de cette phase importante du jeu électoral qui confère aux votes des populations toute leur crédibilité.

Les pays africains (surtout ceux qui maitrisent mal cette phase) doivent-ils faire appel à des experts étrangers pour animer leur commission électorale, centraliser les votes et proclamer les résultats comme des territoires sous tutelle ? Un sud-africain ou un Malien, un Togolais ou un Béninois peut-il diriger une commission électorale indépendante du Tchad ou du Burkina, du Congo ou du Gabon sous l’égide des Nations Unies ?

A cette étape de la marche du continent vers plus de démocratie, les principaux décideurs du continent n’ont-ils pas le devoir d’examiner toutes les propositions de sortie de crise des plus sérieuses aux plus insignifiantes. Les guerres et autres épidémies n’ont-elles pas fait assez de morts déjà en Afrique pour que les périodes électorales soient aussi celles des grandes tueries ?

Voltic Togo