Il a représenté le Togo à la saison 2 de l’émission « Koiffure Kitoko ». Pour beaucoup de ses compatriotes, c’est à lui que revient le trophée de la saison. Sur les réseaux sociaux, les commentaires étaient bien chauds. Lui, c’est Alphonse Kantoni, un garçon né avec un peigne et des ciseaux en mains, dirait-on. Alphonse a grandi et a fait de sa passion, son métier. Le finaliste Togolais de « Koiffure Kitoko » 2017, de retour à Lomé s’est confié à Africa rendez-vous. Interview réalisée par Kayi Lawson.

Africa rendez-vous : Bonjour Alphonse, vous avez représenté le Togo à la 2eme saison de l’émission Koiffure KITOKO et sorti 2e de cette saison. Etait-ce une belle aventure ?

Alphonse : Ah oui c’est vraiment une belle aventure coiffure KITOKO ; j’ai beaucoup aimé et je peux, même dire que j’ai « liké », il y a plein de choses qui se sont passés, je me suis bien amusé, vraiment J’ai aimé.

De  cette expérience, je peux dire que J’ai gagné la rapidité, d’avoir une tête qui travaille vite dans la coiffure. Dès qu’on me pose un sujet ou on me lance un défi je deviens bête automatiquement. Je travaille comme un ordinateur au moins j’ai gardé ça ; donc coiffure KITOKO m’a travaillé à devenir encore plus rapide et à travailler encore plus dans ce que je fais et me donne le courage de percer encore plus.

Un homme dans la coiffure a de l’avenir ?

Oui bien sûr il y a de l’avenir dans la coiffure, sinon je n’y serais pas actuellement. J’ai laissé tout pour la coiffure et je sais que ça m’ouvrira beaucoup de portes, parce que la seule chose que j’ai actuellement dans la vie c’est la coiffure. Depuis que j’ai abandonné les études, j’ai commencé et j’ai continué à le faire puisque je le faisais parallèlement aux études.

Donc il y a un amour qui s’est vraiment créé dans mon cœur pour ce métier et je ne peux rien faire à part la coiffure.

J’ai fait plein de choses avec ce métier et je sais que j’aurai tout ce que je veux dans la vie à travers cela.

Lors de cette 2e saison vous étiez finaliste et beaucoup de vos compatriotes ont estimé que c’est vous qui deviez être sacré meilleur de cette compétition. Du même avis ?

J’ai vu que plusieurs commentateurs près de 99% étaient de mon côté. Ils ont voté pour moi, pas seulement mes compatriotes, toute l’Afrique presque, il y a même des sénégalaises qui m’ont appelé pour me féliciter. Mais, je remercie Dieu pour la place qu’ont ma donnée, c’est une bonne place le 2e.  Je dis aussi au peuple togolais de ne pas se fâcher parce que le monde a su qui ils sont. Je suis parti représenter le Togo, j’ai présenté le meilleur de moi et le monde entier sait qu’au Togo il y a des talents. Il y a aussi le 2e du concours « Master chef » de cuisine qui est togolais et qui m’a contacté pour me dire qu’il est vraiment fier de moi. Je pousserai le prochain candidat togolais à la victoire à la prochaine saison pour ramener le trophée dans notre pays.

Votre clientèle est en majorité féminine et vous êtes aussi Belhomme, est-ce que par hasard il n’y aurait pas de jalousie par le conjoint de vos clientes ou ne subissez-vous pas de harcèlement de ces dernières ?

Oui c’est normal ! Ça arrive je travaille parmi des femmes, et tant qu’il y a un mâle, la femelle pousse toujours. Il y a des choses que je ne peux pas vous raconter (rire). Je sais ce que je veux, je ne vais pas me livrer à tout le monde…

Comment êtes-vous arrivés à la coiffure ?

Depuis mon enfance, ma grande sœur faisait la coiffure dans les années 90 donc les manières dont elle le faisait me plaisait. C’était les coiffures des années 60, on fait des travouls etc… , Je n’ai pas appris à le faire mais, ces images sont toujours gravées dans ma tête et je les utilise pour coiffer donc tout ça m’a poussé.

A un  moment ma sœur a quitté le pays pour travailler dans un autre. Et en grandissant comme d’autre besoins naissaient, avec l’âge de la puberté, je faisais de petits commerces et puis après je commençais à bricoler au marché avec les chiffons, les petits rouleaux mais en ce moment  j’allais toujours à l’école et j’étais au collège. J’ai alors fait deux (2) ans dans une même classe et c’était à cause de la coiffure. Mais je me dis que si les parents avaient appuyé un peu j’allais continuer mais ça n’a pas été le cas. J’ai abandonné les cours et ma sœur m’a proposé d’aller au Mali et ensuite on m’enverra au Sénégal dans une école de coiffure française qui s’appelle EXODIS.

Je me suis donc dis « Suis ta voie ». J’ai quand même eu du mal à laisser les cours. C’est comme ça que les portes ont commencé à s’ouvrir et dès que j’ai fini à Dakar la situation a commencé par s’améliorer.

Et, dans cette même école on m’a encore engagé comme Professeur. J’étais aussi à « Dark and lovely » comme technicien coiffeur représentant le Sénégal, j’ai fait que quelque mois et puis j’ai installé mon atelier depuis décembre 2004 avec l’argent que je gagnais et j’ai fais le maximum de clients. Au Sénégal, mon salon c’est  « ALL PHONIE »  c’est à dire « TOUT D’ALPHONSE ».

Vous êtes à Lomé, c’est les vacances ?

Je ne voulais pas venir parce que ça allait me faire des dépenses mais j’ai constaté que les Togolais se sont mobilisés et ça m’a vraiment touché. Ça m’a donné  des larmes aux yeux avec tous ces mots d’encouragement, je ne me sentais pas au la hauteur des noms qu’on me donne et avec la déception des compatriotes à la fin parce qu’ils me voulaient 1er.

Mon promoteur m’a conseillé de venir pour donner mon savoir-faire dans une  formation qui sera organisée bientôt à Lomé pour les coiffeurs et coiffeuses qui veulent vraiment apprendre d’avantage dans le métier parce que c’est un domaine qui cache toujours des secrets même à moi qui suis perçu comme star aujourd’hui.

Des projets sur Lomé ?

Nombreux sont ceux qui qui me demandent pourquoi ne pas ouvrir un salon a Lomé. Je reste partagé sur cette question. J’aimerai bien mais là-bas je me suis bien installé et j’ai beaucoup de clients. Or, je ne sais pas ce que ça va devenir si je reviens, j’ai un peu peur. C’est juste ça parce qu’il y a des styles et plein de choses  que je fais et qui ne se font pas à Lomé, si moi j’amène ça je ne sais pas si la togolaise connaitra la valeur de ce que je veux faire. C’est ça le problème ça fait longtemps je ne connais plus le terrain sinon  je veux coiffer mes compatriotes.

Je veux mettre en projet une compétition de coiffure pour comparer mes frères et sœurs pour de grands concours et je programme aussi une école de coiffure.

Mais, je ne vous cache pas que je veux apprendre davantage parce qu’il y a plein de chose à apprendre encore dans la coiffure ; des matériaux à utiliser qui ne s’utilisent pas ici (Afrique ndlr). Je dois donc aller en Europe ou aux États unis pour en faire profiter à l’Afrique et surtout au Togo et au Sénégal.

En coiffure quelle sont vos spécialités ?

A Koiffure KITOKO par exemple, on s’est moqué de ceux qui étaient spécialistes dans un domaine et ignoraient les autres trucs, donc je fais un peu de tout. Je fais surtout la coiffure, j’adore manipuler les cheveux mais pas trop la tresse. J’ai dû terminer une tête entière pour une fois à cause de la compétition.

ET lors de la compétition, laquelle des créations, vous a donné plus de travail ?

J’ai plutôt beaucoup aimé ce que j’ai fait. Mais, c’est le côté artistique j’adore, je m’amuse beaucoup côté artistique. Même mon premier artistique, j’ai beaucoup aimé, le deuxième, j’ai adoré. Le troisième, ça a un peu basculé et c’est le quatrième-là que j’ai beaucoup aimé. Le jury m’avait dit que c’est trop chargé. Mais en mon for intérieur, j’entends une voix qui me dit toujours  « mon frère ce n’est pas du tout chargé ; c’est ce qu’ils ont demandé ». Là où j’ai posé l’ananas entier et j’ai complété avec des fruits au fond pour former au moins un jardin de fruits, c’est là j’ai beaucoup aimé parce que la façon dont je me suis inspiré pour faire ça, même si quelqu’un me dit que c’est chargé je dis tant mieux pour lui mais moi j’aime ça parce que pour pouvoir porter une tenue, avant que quelqu’un vous félicite, il faut que vous-même vous aimez cette tenue donc j’ai aimé d’abord avant que quelqu’un me félicite.

Il y a des préjugés que les hommes qui excellent dans la coiffure sont des homosexuels…

Bon ! Les gens le disent mais pour moi si quelqu’un est homosexuel, c’est son choix. Mais moi, je fais la coiffure, ça ne veut pas dire que je suis homosexuel. J’aime ce que je fais, je suis né avec, c’est dans mon sang. D’ailleurs, je suis marié.

Alphonse a des apprentis, des étudiants ?

Oui j’en ai. Les filles s’empressent de quitter mais j’en ai gardé qui sont mes ouvrières. J’ai encore pris deux autres qui sont là et qui m’aident bien. Il y a aussi ma  femme même que j’ai mise à l’école et après je l’ai reformé. Actuellement, c’est  elle qui gère le salon. Elle est togolaise et bien formidable. Je l’appelle la dame de fer.

Donc elle ira à la saison 3 ?

Elle m’a demandé certes. J’ai dit non et je sais pourquoi. Elle ira et va se fâcher. Je lui ai dit que je vais l’observe encore 2 ans et l’enverrai. C’est une question de chance, il faut présenter de belles coiffures parce que sur le territoire togolais on a vu plein de candidature mais c’est la meilleure coiffure qu’on prend.  Moi je connais toutes les sortes de coiffure donc je m’y connais.

Un mot à l’endroit des compatriotes ?

Je remercie ma grande sœur qui m’a mis sur cette voie mais qui  n’est plus de ce monde, que par mes remerciements elle trouve la paix là où elle est à coté de DIEU ; je remercie ma femme grâce à qui je suis ici, ma famille qui ne s’est pas trop opposée à mon choix, mes clientes qui ont fait de moi ce que je suis, OULI MATTA SAR une femme qui m’a hébergé et nourri à Dakar. Que DIEU la protège. Je remercie tous ceux que j’ai pu oublier parce que la liste est longue.

Voltic Togo