Les anciens présidents sénégalais Abdoulaye Wade et son homologue français Nicolas Sarkozy à Dakar en 2007

A l’heure des grandes reformes dans le monde, la caricature parfaite du dirigeant politique africain reste la longévité au pouvoir, la soif immodérée des privilèges et la surdité aux libertés.

Bien entendu, le monde pense généralement à Robert Mugabé du Zimbabwé, Yayah Djameh de la Gambie ou encore à Paul Biya du Cameroun. Le dirigeant politique africain serait sourd à l’alternance à l’exception de quelques Chefs d’États. Et en Afrique, les observateurs n’ont jamais hésité à comparer la situation à une forme de fatalité.

Depuis 1990, les efforts pour normaliser la fonction présidentielle a connu des résultats en dents de scie. L’Occident est resté du coup, le meilleur exemple pour les populations qui ont assisté ces dernières décennies au passage de plusieurs Présidents à la tête de leur pays. La situation est identique de Paris à Washington. Mais depuis quelques jours c’est devenu officiel, l’ancien Président français est de nouveau candidat à l’Elysée.

Nicolas Sarkozy a annoncé sa candidature aux primaires de la Droite française. Faut-il en rire ou en pleurer ? C’est la question qu’on peut se poser connaissant la récente histoire politique de la France. Un ancien chef d’État ne revient plus même s’il a des envies naturelles. Nicolas Sarkozy revient-il pour rester ? Quelles sont ses chances de succès de porter les couleurs de l’opposition française à la présidentielle de 2017? Les Français redonneront-ils leur mandat à celui qu’il avait chassé en 2012 ? Auraient-ils eux mêmes changé de perception d’un Président bling-bling dont la réputation avait été entachée à la sortie par de nombreuses affaires ? Aurait-il vraiment changé comme il l’avait récemment décliné? Le scénario en cours en France peut-il connaitre ne serait-ce qu’un début d’exécution aux États-Unis ou ailleurs dans les grandes démocraties anglo-saxonnes ? Autant de questions qu’on peut aussi poser depuis cette officialisation de la candidature du désormais ancien Président des Républicains.

Vu d’Afrique, les dernières pages de l’histoire que les Français sont en train d’écrire ressemblent bien aux tours de passe-passe que de nombreux Chefs d’États Africains et hommes politiques ont tiré ces dernières années de leurs gibecières pour s’offrir les jouissances du pouvoir politique. En Occident, les Chefs d’États africains sont vus comme des assoiffés de pouvoir. Ils sont traités comme des dictateurs ayant le goût de la revanche. Mais visiblement tout à l’air ou tout ressemble à cette revanche. L’ancien Président français aurait-il du sang de certains leaders politiques africains dans ses veines ?

A l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Nicolas Sarkozy alors en visite officielle au Sénégal déclarait que l’homme africain n’était pas suffisamment rentré dans l’histoire. Il va sans dire que pour rentrer suffisamment dans l’histoire, il faudrait être inventif et surtout, être ambitieux. Il faudrait tenter de bousculer les traditions et les principes. Si la démocratie permet d’aller et de revenir, de perdre et de vouloir gagner à nouveau, le singulier destin de l’ancien Président français va sans doute conforter en Afrique, ceux qui pensent que tout est permis en politique. Les traditions et les principes n’engagent-ils pas à ce point que ceux qui y croient ?

Voltic Togo