1982, 1984, 1990, 2008. Ces quatre temps forts qui ont failli faire basculer le Renouveau l’ont renforcé plus que jamais. Mais dans sa course solitaire…contre la montre, le président bien installé sur son fauteuil présidentiel fait désormais cavalier seul, répartissant les cartes au gré de sa vision et de sa volonté, déifiée.

1982, 1984, 1990, 2008. Ces quatre temps forts qui ont failli faire basculer le Renouveau l’ont renforcé plus que jamais. Mais dans sa course solitaire…contre la montre, le président bien installé sur son fauteuil présidentiel fait désormais cavalier seul, répartissant les cartes au gré de sa vision et de sa volonté, déifiée.

Et si l’avènement du président Biya était la conjonction des oracles et d’une méprise monumentale du président Ahidjo qui, connaissant les hommes et ses hommes, aurait voulu rester maître absolu d’une transition préparée depuis 1975, date de la nomination de son successeur au poste de Premier ministre avec droit de succession ? Sept ans plus tard en novembre 1982, l’ancien président signait le premier pas politique de sa ‘créature’ en le nommant ’contre toute attente’ et en toute monarchie, au poste tant convoité de président de la République. Le plan de carrière de l’ancien commis de l’Etat devenu successeur constitutionnel venait de commencer…

31 ans plus tard, de périls en remous de surface, le deuxième locataire du palais de l’Unité est toujours en poste, bien calé sur le fauteuil présidentiel, battant le record de longévité politique à la magistrature suprême, sphinx et phœnix à la fois, qui renaît de ses cendres chaque fois qu’on le donne pour battu. maître du temps et des lieux, c’est lui qui fixe le tempo, construisant la démocratie camerounaise à son rythme, se jouant de ses proches et de ses opposants de l’intérieur comme de l’extérieur, dînant avec eux pour mieux les occire, de Bello Bouba à Fru Ndi, invitant qui il veut à sa table pour mieux le rejeter sur le trottoir comme un pestiféré, de Sadou Hayatou à Marafa Hamidou Yaya.

Qui est Paul Biya, où veut-il aller et avec qui ? Bien malin qui pourra dévoiler cet homme secret et de secrets, énigmatique et imprévisible, qui a usé et abusé tout le monde, ses aînés, ses contemporains, ses cadets et demain ses enfants. Trois générations sont venues échouer sur le rocher du Renouveau. Craint et redouté, il a réussi à niveler toutes les prétentions et toutes les ambitions. Autour de lui, pas une tête ne dépasse, c’est lui, dans une vision humaine, qui est l’alpha et l’oméga. Ne doute-t-il de rien ? Pas si sûr…

Le 6 avril 1984, le roseau a plié certes, mais n’a pas rompu. Le putsch manqué a donné du galon aux sécurocrates et dit-on, transformé l’homme en une bête politique de premier plan, disposant de la force et de l’argent, pour asservir qui que ce soit. Et c’est juste parce que le vent de l’Est l’a contraint à soulever la marmite pour libérer l’expression à travers le multipartisme et la presse, que le couvercle a failli sauter dans les années 90. Mais cette période de flottement aux cris de « Biya must go » n’a fait que renforcer le dispositif politico-oppressif, pour avec le temps, mettre tout le monde au pas. Le Biyaïsme y a trouvé sa pleine expression. La démocratie à la sauce du Renouveau s’est donc installée, chacun à sa manière l’accompagnant comme il pouvait, même inconsciemment.

Si la dure crise économique ne l’a pas démonté, on a tout de même vu le président Biya perdre de sa superbe lors des émeutes de la faim, lui si pondéré dans le langage. Il s’est en effet laissé aller à quelques invectives sur « des apprentis sorciers ». Le sphinx avait été pris au dépourvu, montrant que sa cuirasse n’est pas dépourvue de maillon faible. Mais le président a rapidement repris ses esprits, et bien installé aux commandes, il prolonge sa route, à son rythme, le petit carnet noir de l’opération Epervier à portée de main, gonflant sa démocratie de gadgets coûteux comme le Sénat, les yeux fixés sur la présidentielle de 2018 et l’autre sur une croissance économique aux répercussions confidentielles dans le panier de la ménagère. Un 6 novembre de plus… Mais le président joue désormais cavalier seul. Contre la montre…

Affricardv avec Le Messager

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