Plus que quelques jours et Lomé va abriter le très attendu sommet de la CEDEAO. La Coalition des 14 partis de l’opposition multiplie des actions comme des meetings politiques pour s’expliquer et se faire entendre. Le Parti des Togolais de Nathaniel Olympio, membre de la C14 y va avec une lettre ouverte à l’endroit de la jeunesse de l’espace communautaire.
« Je vous appelle à œuvrer auprès de vos plus hautes autorités, afin que leur décision du 31 Juillet 2018 pose les jalons d’une CEDEAO des peuples« , a écrit Nathaniel Olympio dans une lettre ouverte parvenue à la rédaction d’Africa rendez-vous.
Le président par intérim du Parti des Togolais a rappelé le début de la contestation populaire qui est montée crescendo depuis Août 2017 et qui par après a permis à une partie de l’opposition de se regrouper au sein de la C14.Aussi, fait-il observer que les manifestations de l’opposition ont fini par être réprimées dans le sang.
Nathaniel Olympio citant en exemple le Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, dit se réjouir que tous les pays de la Communauté l’aient ratifié ouvrant la voie à une alternance pacifique par les urnes au sommet de l’Etat.
Je dirais que je critique cette vision du président du Parti des Togolais. Car, en toute certitude, la contestation d’Août 2017 ne suffit pas si l’on veut rendre compte de cette même contestation. La contestation intervenue ce mois d’Août 2017 n’est que le prolongement d’une série de contestations depuis de décennies. Le peuple Togolais conteste ce régime terroriste depuis son avènement c’est à dire, depuis Janvier 1963 le mois de l’assassinat du Président Sylvanus Olympio.
Lorsque le président du Parti des Togolais invoque la coalition des 14, suite aux manifestations d’Août 2017, il rappelle implicitement deux précédentes coalitions qui avaient été conçues en réaction à la répression offerte par la terreur, c’est à dire ce régime diabolique. C’étaient le COD I et le COD II et c’était au début des années 90 et les partis politiques tels la CDPA de Mme Adjamagbo ou le CAR d’Agboyibo étaient déjà présents au sein de ces coalitions de l’opposition la différence est que à la place de Mme Adjamagbo en ce qui concerne la CDPA, c’était le professeur Léopold Gnininvi, qui va plus tard trahir le peuple Togolais en acceptant le poste de Ministre des Affaires Etrangères à lui offert par ce régime terroriste. L’ANC de Jean Pierre Fabre était en quelques manières présent, car issue de l’UFC, l’UFC était participant de ces coalitions. Ainsi, la coalition des 14 déterminée par les événements d’Août 2017, n’est pas une nouveauté au Togo, parce que le drame qui la détermine n’est pas nouveau, c’est un régime tyrannique, dictatorial et terroriste vieux de plus de cinquante ans.
Ce régime, et c’est ce qu’il faut dire, a toujours assassiné, et les cas des morts de la lagune de Bè, du Fréau Jardin, de la Primature sous Koffigoh, ceux de 2005, etc, etc en sont révélateurs. Les colonels Tépé et Améyi avaient battu à mort au camp RIT et leurs corps jetés sur le terrain du camp. Le fils Tépé alors étudiant militaire à Tchitchao a été dans la foulée assassiné. Tavio Amorin, membre de la coalition de l’opposition à l’époque a été assassiné, Marc Attidépé, assassiné, etc, etc. Ce régime est une forme de terrorisme. C’est cela qu’il faut inculquer en rappelant les faits au lieu de poser le mois d’Août 2017 comme cela qui explique la réalité du Togo.
Ce que la CEDEAO doit expliquer c’est dans quelles mesures il devient admissible d’avoir en son sein un régime qui, par la violence, les assassinats, les fraudes, etc a su se maintenir depuis 1967, lorsque dans le même temps elle peut envoyer à la Haye un Président qui, dix ans après n’a pas souhaiter entendre raison, n’a pas voulu être humble, n’avait pas le sens des mesures, pour comprendre que dix ans de pouvoir c’est déjà quelque chose et son entêtement va occasionner un conflit sanglant où trois milles personnes nous disent -ils avaient été collectivement assassiné, le parle ici du cas de la Cote d’Ivoire?
Ce que la CEDEAO doit expliquer c’est en quoi, la réalité du Togo, c’est à dire, un pouvoir qui a su se maintenir depuis plus de cinquante ans, inspire la conduite dans d’autres pays?
De toute évidence, la particularité négative du Togo met à mal la cohérence interne de la CEDEAO et c’est au nom même de cette cohérence que la CEDEAO a le devoir d’imprimer la raison, le sens des mesures et la retenue de soi. Faure Gnassingbé doit partir, il ne peut pas se représenter et le peuple Togolais doit pardonner les crimes de ce régime.