L’Afrique est le continent des sorciers. Cette idée est largement répandue au quatre coins du continent. Depuis les indépendances, et bien avant, toutes les situations survenues dans de nombreuses communautés africaines sont expliquées à partir des prismes de la sorcellerie. Le hasard ou la logique ont souvent relevé du domaine de l’impossible. Depuis quelques années, les « sorciers du continent noir » ne sont plus seuls. Ils sont talonnés par des sorciers blancs recrutés pour guérir des pratiques sportives malades. Généralement ces sorciers ne sont pas des mangeurs d’âmes, ni des jeteurs de mauvais sorts. Ils ont pour noms Henri Kaspersack, Alain Giresse, Philippe Troussier, Henri Miche ….et Claude Leroy. Ce dernier vient de signer un contrat d’entraîneur ou de sélectionneur au profit de l’équipe nationale de football du Togo.

«Les Eperviers », surnom de la sélection nationale togolaise seront la 6ème équipe nationale que va diriger le technicien français. Qu’est devenue la sorcellerie noire ? Les « sorciers noirs » sont-ils démodés? Ne peuvent-ils pas donner du pouvoir aux « Lions », aux « Ecureuils » aux « Aigles » ou aux « Eperviers », à mieux sortir victorieux entre eux comme jadis dans les forêts et savanes africaines ? Ont-ils les ambitions et surtout les moyens de leurs ambitions ?

Claude Leroy arrive au Togo pour une bagatelle somme de 25 millions de Fcfa. C’est la norme ou le standard à l’échelle du continent. Il a pour mission de qualifier juste le Togo pour la CAN 2019. Au Togo comme ailleurs en Afrique, ce nouveau bail concédé à un expatrié européen soulève des débats. Il apparaît chaque jour, que le continent est resté collé aux injonctions de l’Europe ou des Etats Unis. Incapable de produire de bons techniciens de laboratoires des sciences et de médecine, dépendants des nouvelles inventions technologiques, l’Afrique s’est tout de même vantée d’être la terre de la culture et des arts.

Les grands rendez-vous artistiques comme le Fespaco, le Fespam ou le Masa respectivement à Ouaga, à Brazzaville ou à Abidjan, ne participent-ils pas à ce rayonnement de l’art africain ? Il s’agit en réalité, de l’aboutissement de grandes réflexions pour une plus grande affirmation des valeurs africaines. C’est à cette réflexion qu’appellent les nouveaux signaux envoyés depuis Lomé. Le football n’est-il pas justement cet autre art comme la danse ou la chanson? De la capitale togolaise aux agglomérations urbaines ou rurales du continent, les footballeurs ou les sportifs en général entrent en scène dans les rues sans assistance organisée ou si ce n’est celle de quelques bonnes volontés. Le football est devenu une entreprise. Sinon les européens ne laisseraient pas pour rien au monde les clubs de leurs plus grandes villes aux mains des Emirs arabes et autres oligarques russes ou Tchétchènes. Il s’agit d’inclure le développement de ce secteur dans un ensemble de grands projets structurés comme ceux soutenant l’éducation, la santé ou la culture. Les « sorciers blancs » restent des magiciens. Mais depuis quand, la sorcellerie a conduit au développement ? Après les passages de ces sorciers, le football africain ne revêt-il pas de nouveau ses traditionnels sales habits ? A l’orée de l’Euro de football et des Jeux Olympiques, l’Afrique doit à nouveau ouvrir grandement les yeux pour applaudir mais surtout pour apprendre.

Voltic Togo