Les bars ne cessent de pulluler à Bamako. On les retrouve à tous les coins de rue. Ils ne sont pas conséquence ; nuisances sonores et racolage de filles de joie s’entremêlent. Les populations crient leur ras-le bol.

Un bar à Bamako au Mali  est synonyme d’établissement commercial abritant non seulement une buvette, une cantine mais aussi des chambres de passe réservées aux filles de joie. A ces débits de boissons, s’ajoutent depuis quelques années des bars chinois. Le phénomène s’explique par leur rendement et l’importance de la clientèle.

Aujourd’hui, plus d’une personne se plaint de l’emplacement dans l’anarchie totale des bars au sein des quartiers de la capitale. Leur proximité avec les habitations est source de divergences. Nombreuses sont les familles qui se plaignent de la nuisance provoquée par la proximité de ces lieux de plaisir.

Modibo Diarra est un chef de famille habitant à Korofina nord. Sa maison jouxte le bar AD. Il déplore la proximité de sa maison avec un endroit où stupéfiants, sexe et alcool vont ménage. Avec le décès du premier tenancier, l’homme dit avoir cru avoir la paix mais sera très vite déchanté par la nouvelle gérance. Selon ses explications, le bar est aujourd’hui devenu un véritable refuge de prostituées ouest africaines. « … Pire, la nouvelle maîtresse des lieux loue le bar à des Nigérianes, des Togolaises et même des Européennes », a pesté le sieur Diarra qui doit aussi supporter les nuisances sonores et les interminables bagarres entre les filles de joie et les clients mauvais payeurs.

Comme Modibo Diarra d’autres chefs de familles vivent le même calvaire. C’est le cas de Sidi Kéita son voisin. Outre la présence permanente des filles de joie, Keita dit avoir remarqué la fréquentation du bar par des gens qui se réclament hommes d’affaires, des alcooliques, des voleurs et même des brigands de grands chemins.

A Médine un autre homme vit le même « enfer » de proximité avec un débit de boisson. Salif Dembélé habite non loin d’un bar de son quartier. Il témoigne  avoir vu une jeune dame échapper aux mains des braqueurs qui voulaient lui retirer tout ce qu’elle possédait un peu avant 23 heures. Des cas de ce genre sont légion.

Soma Sidibé gérant du bar Tabala depuis 1989 estime qu’un bar n’est pas destiné à la consommation d’alcool. « Ce n’est pas non plus un lieu de prostitution comme peuvent le penser beaucoup de personnes mais plutôt un lieu de distractions, de rencontres d’affaires, d’animations de mariages et d’anniversaires », confie-t-il pour se dédouaner. Ce gérant qui se veut bienveillant organise ses soirées avec modération sans causer une nuisance quelconque aux riverains. Les sonorités musicales sont suffisamment modérées pour ne pas provoquer de nuisances sonores. Dans le quartier le sexagénaire est réputé ne pas tolérer le racolage des filles de joie dans les environs de son bar.

Au quartier Hippodrome Bintou Kouyaté, mère de cinq (5) vit dans un ménage avec son mari, qui fait face à un bar. Pour elle, un bar n’a pas sa place à côté des concessions d’habitation. Cette proximité peut avoir une mauvaise incidence sur l’éducation des enfants. « Ici à partir de 21H30, aucune famille ne prend plus le risque d’envoyer en commission les enfants ; les personnes mal intentionnées les confondent aux filles de joie », confie-t-elle et de soutenir que « les racolages qui sont le quotidien de ces belles de nuits sont des mauvais comportements qui doivent être éloignés de la vue des enfants ».

Chaque quartier du centre comme de la périphérie s’est doté d’une file de bars, de ces maisons closes et de ces nids de prostitution. Les populations incapables d’arrêter la multiplication et la proximité de ces maisons de joie ne désarment pas cependant. En raison de toutes ces nuisances causées par ces lieux de jouissance, des chefs de famille ne cessent de se rendre à la police pour se plaindre. D’autres vont plus loin jusqu’à réclamer la fermeture de ces établissements, notamment les plus proches des écoles et des lieux de culte. Ils ont avancé comme argument un comportement qui rivalise avec les règles de bienséance de la société.

A Bamako, les bars proches des établissements scolaires constituent en effet un danger permanent pour les élèves car certaines « visiteuses » se bagarrent avec leurs clients pour le non règlement de la facture d’une partie de jambe en l’air, aboutissant à des rixes. Dans de pareils endroits le sommeil profond la nuit est bien rare pour les riverains. Les musiciens rivalisent d’ardeur jouant des musiques assourdissantes la nuit profonde pour disent-ils attirer de la clientèle.

Aujourd’hui, les Bamakois appellent à l’action de l’office malien du tourisme et de l’hôtellerie (OMATHO) qui a accordé l’autorisation d’installation à la majorité de ces innombrables bars.

Voltic Togo