Bientôt un an que les ghanéens étaient aux urnes pour élire leur président après la disparition subite de John Evans Atta Mills. Un scrutin à l’issue duquel John Dramani Mahama, candidat du NDC (National Democratic Congress) est donné vainqueur au détriment de Nana Akufo Addo, candidat du NPP (New Patriotic Party), principal parti de l’opposition.

Ce dernier n’a cessé de contester les résultats pour fraudes saisissant la cour suprême ghanéenne pour annulation d’un certain nombre de voix pour l’actuel président. En clair l’invalidation des présidentielles de l’année dernière.

Une date qui fait peur…

Le 15 août, voilà une date qui signifie beaucoup, une grande joie pour les chrétiens catholiques : la montée de la mère de Jésus au ciel même si une réflexion sur cette vérité catholique peut faire l’objet d’une thèse de doctorat. Bon passons !
Au Ghana, plutôt que de donner du plaisir, cette date jette du froid glacial dans la population qui craint de graves tensions ce jour-là.
En effet, après les présidentielles des 7 et 8 décembre 2012 où John Dramani Mahama a été déclaré vainqueur par la Commission électorale dirigée par Dr. Kwadwo Afari-Gyan, le NPP par la voix de son candidat aux élections Nana Akufo Addo, conteste jusqu’aujourd’hui les résultats alléguant que le scrutin est entaché d’énormes irrégularités et que le parti au pouvoir, le NDC a été favorisé dans les résultats. Ainsi, en saisissant la haute cour ghanéenne, il demande l’annulation de plus de 150 milles voix qui donne l’actuel président vainqueur du scrutin.
Pendant plus d’un mois de débats houleux à la cour suprême (retransmis en direct par des chaînes- télés et radios privées et publiques) entre les différents protagonistes dans cette affaire électorale, le verdict des magistrats est donc attendu dans les prochains jours. Mais, si aucune date officielle n’a été annoncée pour le verdict, les bruits courent que ce sera le 15 août. Une date dont on ignore la source mais qui inquiète, non pas la date elle-même, mais ce qui pourrait se passer ce jour-là comme jour du verdict. Les neuf magistrats de la cour suprême se réunissent le 31 juillet 2013 pour étudier les derniers dossiers envoyés par les différents protagonistes pour soutenir leurs argumentations.
Il y a encore quelques jours, un pasteur, non des moindres, Otabil Mensah d’une église pentecôtiste, (ICGC) annonçait à ses fideles qu’il sent un malheur s’abattre sur le Ghana d’ici un mois avant d’exhorter les chrétiens à la prière pour conjurer le mauvais sort, le mal.
Et comme si chacun sentait un mal arriver, des spots télés et radios ont été réalisés pour inviter la population au calme, à la retenue, à la non violence et la paix après le verdict de la haute cour. Dans ces spots qui passent encore sur la télévision nationale, GTV et d’autres chaînes privées à l’instar de Metro Tv, on voit de grands noms de la nation ghanéenne dont l’ancien président John Agyekum Kuffor, l’imam national Cheick Aluuhu Osman Shaributu, des avocats, de grands hommes d’affaires, des religieux et même des enfants, prêter leurs voix pour convier la population à accepter quel que soit le verdict issu des pétitions.

A noter aussi qu’un autre ancien président Jerry John Rawlings a aussi fait une sortie médiatique avec des chefs traditionnels et religieux pour demander à la nation de préserver la paix après le verdict. John Mahama et Nana Addo ont eux déjà annoncé respecter le verdict.
Du coté de la sécurité, elle est un peu plus renforcée. Sur de grands axes routiers, (Kaneshie run about, Accra circle…), on note une présence accrue des forces de police dans leurs véhicules surtout au niveau des feux tricolores. Un détachement du personnel de police avec de nouveaux matériels impressionnants, (véhicules anti-émeute, de lances-eau) s’entrainent depuis quelques jours et les images sont diffusées dans les journaux télévisés où l’on voit le personnel de police disperser et matraquer des manifestants.
Somme toute, c’est tout un pays qui se prépare à toute éventualité après que le verdict de la haute cour ne soit tombé.
Le Ghana, une jeune démocratie donnée pour exemple dans la sous-région ouest-africaines mettra-t-il à l’eau des années de grands sacrifices pour basculer dans des violences postélectorales comme il est souvent constaté dans certains pays de la sous-région?

Voltic Togo