Deux journalistes togolais se sont distingués à la 8ᵉ édition du West Africa Media Excellence Conference and Awards (WAMECA 2025), tenue à Accra au Ghana, le samedi 11 octobre 2025. Il s’agit de Kanssouguibe Robert Douti, basé à Dapaong, et de Fousseni Saibou, journaliste basé à Lomé.

Leur distinction vient réaffirmer le dynamisme de la presse togolaise sur la scène ouest-africaine.

Les 26 finalistes

Au total, plus de 700 candidatures ont été soumises cette année à WAMECA, organisé par la Media Foundation for West Africa (MFWA). Parmi les 26 finalistes retenus, trois représentaient le Togo, dont deux sont repartis avec les trophées dans leurs catégories respectives.

Le prix du Meilleur journaliste de l’année 2025 a, quant à lui, été remporté par le Nigérian Kúnlé Adébàjò.

Meilleur journaliste de l’année 2025, Kúnlé Adébàjò

Mariage forcé au nord du Togo : une histoire de silence brisé

Lauréat dans la catégorie “Droits humains”, Kanssouguibe Robert Douti a été primé pour son article intitulé « Mariage forcé dans le Kpendjal : un fléau qui résiste au temps ».

Son enquête raconte l’histoire de trois jeunes filles, dont une élève de CM2, mariées de force dans une zone enclavée du nord du Togo. « C’est un sujet vieux, mais la manière de le traiter le rend d’actualité », confie le journaliste en ajoutant que dans ces localités, les mariages forcés se déroulent dans le silence, sans que les ONG, les défenseurs des droits humains ou même les autorités locales n’interviennent.

Lauréat de la catégorie “Droits humains”, Kanssouguibe Robert Douti en recevant son chèque

En réalisant son reportage, M. Douti a découvert l’ampleur du phénomène. « Le jour où je suis allé rencontrer un chef traditionnel, il était justement en train de résoudre un cas de mariage forcé », raconte-t-il, avant de souligner le défi que représente désormais cette distinction : « Remporter le WAMECA, c’est une fierté, mais aussi une grande responsabilité. Il faut désormais viser plus loin et travailler encore davantage », a-t-il laissé entendre.

 

Migration clandestine : “Sokodé, miroir d’une crise silencieuse”

De son côté, Fousseni Saibou a remporté le prix du meilleur reportage d’investigation avec « Sokodé, un miroir de la crise migratoire en Afrique ».

Son travail met en lumière les drames vécus par de nombreux jeunes togolais, surtout de la ville de Sokodé, qui tentent de rejoindre l’Europe ou le Gabon par des voies périlleuses.

« Je suis originaire de cette région, je connais la douleur des familles qui perdent leurs enfants dans la mer. En 2023, neuf jeunes ont péri en tentant de rejoindre le Gabon par bateau », explique-t-il.

Fousseni Saibou, lauréat du prix du meilleur reportage d’investigation

Le journaliste a recueilli les témoignages de survivants, de parents de victimes et d’habitants de ces localités, souvent oubliées par les médias. « On parle beaucoup de migration ailleurs, mais rarement de celle qui se joue chez nous, au centre du Togo. C’est une réalité douloureuse que j’ai voulu raconter », confie-t-il, avant d’ajouter que  c’est une fierté d’avoir été primé pour son tout premier article de presse écrite. « Cela me motive à aller encore plus loin », s’est-il réjouit.

Depuis sa création, le WAMECA met en lumière le travail de journalistes ouest-africains engagés pour la transparence, la gouvernance, les droits humains et la justice sociale.

En 2025, la reconnaissance de Robert Douti et Fousseni Saibou témoigne de la capacité des journalistes togolais à porter la voix des communautés oubliées, à dénoncer les injustices et à raconter l’Afrique autrement.

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