La démocratie triomphe à nouveau de la dictature. Ce sont les Britanniques qui se sont faits l’écho de la victoire de la forme de gouvernance politique la plus adulée et la plus partagée aujourd’hui par de nombreux peuples au monde. A la faveur d’un référendum consacré à la sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne, les résultats ont été clairs et limpides. 51,9% des « sujets » de sa Majesté la Reine Elisabeth II ont choisi une nouvelle voie pour le devenir de leur territoire.
En choisissant de consulter son peuple, le 1er Ministre David Cameron avait pris un risque mais au final un risque légitime sur une question cruciale que celle de l’avenir de son peuple. En fait, le référendum ou la consultation du peuple souverain reste une des plus grandes armes dans les démocraties avancées au monde. Le peuple n’est-il pas le véritable détenteur de la souveraineté ? Désormais, plus rien ne sera comme avant dans les rapports entre la Grande Bretagne et l’Union Européenne. D’ailleurs, la Grande Bretagne avant ce référendum bénéficiait déjà d’un statut particulier au sein de l’Union. Ces avantages étaient insuffisants aux yeux de ce peuple souverain.
Initiateur de la consultation, David Cameron a annoncé son prochain départ de la tête du gouvernement. Il s’agit là aussi d’une marque de fabrique dans les systèmes démocratiques. Quand on perd une élection, on s’en va. Quelle belle leçon pour le monde en voie de démocratisation. En Afrique, les mêmes questions se posent pourtant même si c’est souvent en des termes plus particuliers.
La Cedeao ou la Cemac ne sont-elles pas des modèles d’intégrations calqués globalement sur le schéma européen ? Et pourtant. Interrogez l’histoire de la construction de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest. On vous rappellera la vision du feu Général Gnassingbé du Togo et de l’ancien Président du Nigeria Yakoubou Gowon. Quelle a été la place des peuples ouest africains dans la construction de cette entité souvent citée comme un modèle de réussite sur le continent africain ?
En bientôt 40 ans d’expérience communautaire, les bilans de l’institution sont-ils à la mesure des attentes des populations ? De Lomé à Lagos en passant par Dakar, Abidjan ou Niamey, les préoccupations des populations ne sont-elles pas restées globalement les mêmes? Il n’existe qu’une nette cassure entre les dirigeants politiques et les sociétés civiles. Aux frontières des différents pays, ce sont les douaniers ou les policiers qui se chargent bien de résumer cette tendance. « On ne mange pas la Cedeao », est un refrain connu d’Aflao à Sèmé.
En vérité, l’intégration politique et économique tant vantée par les leaders politiques Africains est restée une intégration de façade. Et en l’état actuel des gouvernances politiques sur le continent, encore en butte à des résistances aux changements vers la démocratie, il est certain que les peuples noirs regarderont encore longtemps en véritables spectateurs la marche du monde telle que définie par les peuples dans certaines parties du monde. Depuis quelques années, des réclamations ont largement fusé de nombreuses capitales africaines demandant le passage des communautés politiques et de Chefs d’États en celles de peuples seuls détenteurs de la souveraineté et de la légitimité. Malheureusement, aux différents sommets et sessions de la Cedeao ou de la Cemac, pour ne citer que ces deux exemples, l’adoption de recommandations et résolutions est demeurée le meilleur exercice loin des préoccupations réelles des populations.