Le continent fait beaucoup de bruit. De plusieurs capitales, un sujet important semble avoir pris le pas sur bon nombres de données. Il s’agit de la question des reformes politiques. De Lomé à Abidjan en passant par Ouaga, Cotonou ou Libreville, les acteurs politiques semblent avoir été atteints par le même virus. Si au-delà de ces capitales précitées, la question des reformes politiques est ouvertement posée, elle n’est pas posée dans les mêmes termes.

A Lomé, les reformes politiques sont contenues dans un document signé il y a 10 ans par les acteurs politiques à l’issue d’un dialogue consécutif à une crise politique. Depuis août 2006, cet accord est progressivement mis en œuvre et attend d’être définitivement d’être clôturé. 2 importants points restent pour l’heure, la pomme de discorde entre pouvoir et opposition. Ces points portent sur le mandat présidentiels et le mode de scrutin.

Ailleurs en Afrique francophone, ce sont en priorité ces 2 points qui font les débats. Au Gabon, le mandat présidentiel reste de 7 ans et le mode de scrutin est à un seul tour. Au Bénin, le nouveau président a agité l’idée du mandat unique. En Côte d’Ivoire, l’essentiel porte sur les conditions d’éligibilité et la création d’une vice-présidence.

Un quart de siècle après l’ouverture des chantiers de la démocratie en Afrique, il y a lieu de reconnaitre, que l’Afrique francophone semble avoir marqué les pas. En posant ouvertement la question de la nécessité de reformer les institutions et le cadre réglementaire d’exercice du pouvoir dans cet espace, les pouvoirs et leurs oppositions ont sans doute compris le retard pris par leurs États en termes de compétitivité sur le plan économique, diplomatique ou social. Passée cette unanimité, les acteurs politiques africains n’ont pas la même lecture et le même calendrier pour la mise en œuvre de ces reformes. Ils sont surtout divisés à propos des profits attendus.

Au Gabon, Ali Bongo fraichement réélu et contesté restera au pouvoir les 7 prochaines années. Au Togo, Faure Gnassingbé bénéficie de l’ouverture que lui procure la constitution actuelle. En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara dit vouloir défendre la pérennité et la paix dans son pays. Enjeu majeur dans tous les processus politiques en Occident comme dans les pays en voie de démocratisation, le mandat présidentiel cristallise bien entendu toutes les attentions et attise toutes les tensions.

Plus que dans les grandes démocraties, le mandat présidentiel a suffisamment offert au continent noir son lot de crises, de guerres et autres conflits larvés avec parfois des bilans assez catastrophiques en termes de morts et autres destructions. Le temps serait-il venu pour marquer la rupture ? Le continent doit s’encourager sur le chemin de la refondation qu’il a commencé par emprunter. Les populations et autres observateurs de la scène politique africaine attendent sans doute de toutes les initiatives en cours des institutions fortes comme le recommandait il y a quelques années, le 1er Président noir des États-Unis.

A Accra Barack Obama avait été explicite « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes. » Les hommes forts aux commandes des reformes vont sans doute entrer dans l’histoire en renforçant durablement et sincèrement les institutions du continent.

Voltic Togo