La 7e édition du festival Iyé ma rue ma musique, qui a débuté en février 2024, a marqué un tournant cette année avec la création d’un cadre d’échanges avec les acteurs des industries culturelles et créatives (ICC). La rencontre a eu lieu le vendredi 6 septembre 2024 à Lomé, autour de deux thèmes : « les politiques culturelles au Togo » et « la gestion des droits d’auteur ».
Cette initiative selon la présidente de l’association Iyawo et l’organisatrice du festival, Elisabeth Apampa, vise à réfléchir collectivement sur l’avenir du secteur culturel togolais, à travers la mobilisation des artistes et des décideurs, et à proposer des solutions concrètes pour son évolution.
Un besoin urgent de réformer la politique culturelle togolaise.
Lors de la conférence, les discussions ont révélé que la politique culturelle du Togo, adoptée en 2013, est aujourd’hui obsolète. Avec l’avènement des nouvelles technologies, du digital et des évolutions mondiales en matière de création artistique, les acteurs culturels sont unanimes, il est impératif de revoir les cadres existants pour mieux répondre aux besoins actuels.
Elisabeth Apampa a insisté sur l’importance pour les artistes de se réapproprier ces questions, notamment autour de la copie privée, un sujet soutenu par la Fédération togolaise de musique. « Une personne seule ne pourra jamais aboutir à des changements significatifs si tous les artistes n’unissent pas leurs efforts », a-t-elle souligné en ajoutant que cette mobilisation collective est importante pour faire pression sur les autorités et obtenir des réformes nécessaires.
Un autre point central de la conférence a été la gestion des droits d’auteur au Togo. « Bien que les artistes puissent, en théorie, vivre de leurs œuvres, la réalité est bien différente. La mauvaise organisation de la collecte et de la distribution des redevances pose un problème majeur », a observé Mme Apampa.
Le bureau togolais des droits d’auteur (BUTODRA) représenté lors du panel par son gestionnaire des affaires juridiques, a expliqué son rôle et les efforts en cours pour améliorer la rémunération des artistes. Cependant, beaucoup reste à faire, notamment au niveau de la collecte des paiements auprès des bars, restaurants et organisateurs d’événements.
« Les artistes souhaitent comprendre comment ces fonds sont collectés et distribués pour s’identifier à ce système » a expliqué Elisabeth Apampa.
Le festival Iyé ma rue ma musique, loin de se limiter à des concerts, se veut un laboratoire de réflexion pour les professionnels du secteur culturel. En plus des panels, édition a été marquée par des formations, des compétitions visant à révéler de nouveaux talents, et des tournées à travers le territoire, en dehors du Grand Lomé. « L’isolement dans la capitale ne nous semble plus pertinent. Le Togo regorge de talents sur l’ensemble de son territoire », a affirmé Elisabeth Apampa.
A l’en croire, le festival a également organisé des concerts avec des artistes mêlant sonorités traditionnelles et modernes, offrant ainsi une vitrine à la richesse culturelle du pays. « Une caravane, des expositions et des rencontres professionnelles ont permis de rassembler diverses générations d’artistes, renforçant le dialogue entre jeunes créateurs et figures expérimentées du secteur », a-t-elle ajouté.
Vers une structuration professionnelle du secteur culturel
Nicolas Etienne Sohou N’gani, expert consultant international en culture et développement, a souligné l’importance de la structuration professionnelle du secteur culturel togolais. Pour lui, il est essentiel que les acteurs du secteur se forment et acquièrent les compétences nécessaires pour en faire un véritable moteur de développement. « Beaucoup se retrouvent dans le secteur par passion, mais il est désormais indispensable de passer à un fonctionnement professionnel, soutenu par un cadre législatif révisé », a-t-il indiqué.
Il a appelé les autorités togolaises à moderniser les lois culturelles, notamment celles liées à la copie privée, afin de les adapter aux réalités actuelles. « Ces réformes législatives doivent permettre d’offrir des conditions favorables à une meilleure organisation des industries culturelles et créatives », a-t-il conclu.