A la veille de la célébration de l’indépendance, le Togo a une fois de plus misé sur la culture comme ciment de l’unité nationale. La 8ᵉ édition du Festival national des danses traditionnelles (FESNAD), tenue le samedi 26 avril 2025 à Lomé, s’est imposée comme bien plus qu’un simple événement folklorique, un outil politique subtil, mêlant patrimoine, cohésion sociale et soft power.
Derrière les pas de danse, les chants et les costumes, se déploie une stratégie d’inclusion. Des troupes issues de toutes les régions du pays, du Nord au Sud, ont partagé la scène, incarnant une identité plurielle, riche et assumée.

La tradition au service du projet républicain
Dans un monde globalisé où les repères culturels s’effacent, le FESNAD vient rappeler que la tradition peut être un moteur de résilience. En valorisant les danses et les rites ancestraux, le festival devient un espace où se forge un imaginaire collectif, indispensable à la nation.
La présence remarquée de Yawa Kouigan, ministre de la Communication, des médias et de la culture, n’était pas anodine. Son discours a souligné une volonté de faire de la culture togolaise un vecteur d’influence, au même titre que l’économie ou la diplomatie.
« Ce que nous avons vu ce soir doit faire partie de notre signature à l’international », a-t-elle déclaré, pointant la richesse des rythmes, des tenues, des chants comme autant d’atouts pour positionner le Togo dans le concert des nations.

Un festival équitable et porteur de reconnaissance
Le FESNAD se distingue aussi par son modèle de reconnaissance collective. Ici, pas de compétition entre troupes, chaque groupe reçoit la même dotation qui est de 1 million 500 mille francs CFA, dont 1 million offerts par le chef de l’Etat, un trophée et une attestation.
Des figures marquantes de la scène culturelle et politique ont également été honorées à savoir Guy Madzé Lorenzo, Komivi Egbetonyo, et Abira Bonfoh. Leur distinction illustre l’importance croissante des porteurs de culture dans l’édifice national.
Au-delà des frontières, le FESNAD pourrait devenir un vecteur d’influence régionale, un outil de diplomatie culturelle dans un espace ouest-africain en quête de stabilité et d’identité. La mise en scène des danses traditionnelles devient ainsi une réponse aux défis contemporains notamment, fracture sociale, perte des repères et la polarisation politique.

Le FESNAD est le reflet d’une vision politique où l’art, loin d’être accessoire, devient un instrument de gouvernance, de rayonnement et de rassemblement.