La reprise économique en Afrique subsaharienne s’annonce prudente mais pleine de promesses. Selon un communiqué de la Banque mondiale, publié le 7 octobre 2025, la croissance de la région devrait atteindre 3,8 % en 2025, contre 3,5 % en 2024, portée par un apaisement des pressions inflationnistes et une légère reprise des investissements. Mais derrière ces chiffres encourageants se cache une réalité plus profonde : sans un investissement accru dans le capital humain et la création d’emplois de qualité, la croissance restera inégalitaire et fragile.
Les progrès récents sur le front de l’inflation témoignent d’une meilleure stabilité macroéconomique, le nombre de pays touchés par une inflation à deux chiffres est passé de 23 en 2022 à 10 en 2025. Cependant, la région continue de faire face à une crise de la dette et à un recul des financements extérieurs, deux facteurs qui freinent la transformation structurelle de ses économies. Le service de la dette extérieure, désormais à 2 % du PIB, pèse lourdement sur les marges budgétaires, tandis que près de la moitié des pays subsahariens sont aujourd’hui en situation de surendettement ou proches de l’être.
Mais c’est surtout le déficit d’emplois productifs qui menace la durabilité de la reprise. D’ici 2050, la population en âge de travailler va augmenter de plus de 600 millions de personnes. Or, à peine un quart des nouveaux entrants sur le marché du travail accèdent à un emploi salarié. Pour Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, le défi est donc d’accompagner la croissance démographique par une industrialisation créatrice d’emplois et de valeur ajoutée.
La 32ᵉ édition du rapport Africa’s Pulse met l’accent sur les réformes structurelles nécessaires : réduction du coût de l’activité économique, amélioration des infrastructures énergétiques et numériques, renforcement des compétences locales, mais aussi meilleure gouvernance pour attirer les investisseurs. Ces leviers sont essentiels pour que les entreprises, notamment les PME, deviennent les véritables moteurs d’une croissance inclusive.
Des secteurs comme l’agro-industrie, le tourisme, la santé ou le logement représentent des opportunités concrètes. Le tourisme, par exemple, génère un effet multiplicateur sur l’emploi : chaque poste créé entraîne en moyenne 1,5 emploi additionnel dans les activités connexes.
En définitive, pour la Banque mondiale, la croissance du PIB ne pourra porter ses fruits que si elle s’accompagne d’une croissance des compétences et des opportunités. C’est dans la formation, l’innovation et la création d’emplois décents que se joue l’avenir économique du continent, bien plus que dans la seule hausse des indicateurs macroéconomiques.












