Dovi Tomety, Coordonnateur AFAD

L’Alliance fraternelle Aide pour le développement (AFAD) s’emploie à aider les femmes pour bénéficier d’un accouchement humanisé et qui respecte leurs droits en tant que femmes. Le 19 avril 2022, à Kpélé Adeta situé à environ 150 km de la capitale, Afad a regroupé des sages-femmes pour les initier à l’utilisation des matériels d’accouchement humanisé avec de différentes positions. La formation se déroule jusqu’au 22 avril 2022.

L’approche de l’accouchement humanisé permet aux prestataires de soins de maternité d’être à l’écoute de la réaction de la femme et de l’accompagner afin d’accoucher avec la moindre douleur et sans aucune forme de violence.

 « Avec cette approche, la femme est libre de s’accrocher à quelque chose, s’assoir sur une chaise, rester endossée, s’accroupir ou encore de rester à quatre pattes pour enfanter, si c’est ça qui la soulage. Elle peut adopter n’importe quelle position et le prestataire est là pour l’accompagner pour éviter les moments de risque et prendre de bonnes décisions », a confié le coordonnateur de Afad, Dovi Tomety.

L’approche de l’accouchement humanisé vise à réduire jusqu’à plus 50% la douleur de la femme, réduire l’utilisation des médicaments au cours de l’accouchement, ainsi que la durée du travail. Une fois que le temps de travail est réduit, c’est le temps de la douleur qui est aussi réduit.

« La sage-femme doit maitriser le bassin obstétrical parce-qu’il y a différentes mesures. Devant une femme enceinte elle doit pouvoir poser le pronostic de l’accouchement c’est-à-dire dire si la femme peut accoucher par voie basse ou par voie haute ce qui est la césarienne. Si c’est par voie basse, cela suppose que son bassin est normal et on peut appliquer les différentes positions d’accouchement », a rappelé Adjo Djifa KLU, sage-femme d’Etat et formatrice sur les conditions préalables.

Panser un mal profond

L’accouchement humanisé, si mis à l’échelle et vulgarisé sur toute l’étendue du territoire national, pourra permettre de panser un mal profond.

Au Togo selon les résultats des EDSTIII2, 2013-2014, les estimations de mortalité maternelle, néonatale et infantile demeurent très élevées au regard des cibles des OMD. Le taux de mortalité maternelle est estimé à 401 décès pour 100 mille naissances vivantes et les ¾ des décès maternels sont dus aux causes obstétricales directes telles que les hémorragies (36,4%), l’éclampsie (23,5%), les complications d’avortement (16,9%), les infections du post-partum (14%) et la dystocie (22,3%).

Vue partielle des participants à la cérémonie d’ouverture de l’atelier dans le Kpélé

Le taux de mortalité infanto-juvénile est de 89 pour 1000 naissances vivantes contre une cible OMD fixée à 50‰ en 2015. Cette mortalité élevée, rappelle AFAD,  est en partie liée à des taux de couverture en soins préventifs et curatifs essentiels toujours trop bas malgré les progrès qui ont pu être observés en matière de couverture en soins essentiels de l’enfant.

Kpélé, le porte-flambeau de l’accouchement humanisé

Le district de Kpélé se veut le porte-flambeau de l’accouchement humanisé. Les actions menées par AFAD portent des fruits déjà encourageants. L’approche dont AFAD est le promoteur avec l’appui de son partenaire IAMMANEH Suisse et du gouvernement togolais, répond aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En Afrique, le Togo est positionné au 3ème rang après l’Egypte et le Sénégal.

Les activités sanitaires menées en 2021 dans le Kpélé, en dépit de la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 a permis réduire la létalité maternelle de causes obstétricales directes dans les formations sanitaires à 0%. 68% des femmes enceintes ont pu effectuer leur première visite de Consultation prénatale dans un milieu où des pesanteurs socioculturelles n’encouragent pas les CPN. Toutefois, au moins 33% des femmes enceintes ont effectué 4 visites de CPN et le taux d’accouchements assistés par un personnel qualifié a pu atteindre 53%.

Photo de famille des participants

Cette nouvelle formation pourra avoir encore beaucoup de retombées surtout que les sages-femmes sont une fois encore édifiées sur la physiologie et l’anatomie de la grossesse et sur les mécanismes de l’accouchement.

Voltic Togo