La 5ème édition de la réunion régionale annuelle de la communauté de pratique pour l’intégration de la planification familiale du post-partum (PFPP) dans la santé maternelle, néonatale et infantile, ainsi que la nutrition (SMNI-N), s’est ouverte le mardi 22 octobre 2024 à Lomé. L’objectif principal de cette réunion, selon les organisateurs, est de faire le point sur les progrès accomplis par les pays et les partenaires régionaux dans l’intégration des services de PFPP et de SMNI-N.
Cette rencontre, qui va se dérouler jusqu’au 24 octobre, porte sur le thème « Intensifier la mise à échelle de l’intégration de la PFPP à la SMNI-N et la synergie d’action entre partenaires pour l’atteinte des Objectifs de 2030 dans les pays francophones de la région africaine ». Elle vise également à renforcer la coopération entre les partenaires pour accélérer l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) dans la région.
Durant ces trois jours, les participants vont échanger sur les leçons tirées des initiatives passées, évaluer les progrès réalisés dans leurs pays respectifs, et identifier les priorités pour intensifier l’intégration des services de PFPP et de SMNI-N au niveau national et régional.
Yves Mèdessi Armand Mongbo, président de la Communauté de Pratique (CdP) sur la planification familiale intégrée à la santé de la mère, de l’enfant et à la nutrition, a rappelé que l’objectif est d’améliorer l’intégration des services de santé pour offrir des soins complets au couple mère-enfant.
Selon Dr Mongbo, les progrès actuels dans la région sont insuffisants pour atteindre ces objectifs. « C’est pourquoi l’intégration des services de santé, reconnue comme une intervention à fort impact, a été adoptée comme modèle pour accélérer ces progrès. Les pays participants ont convenu de mettre en œuvre cette approche à travers des plans de passage à grande échelle, soutenus par l’accompagnement de partenaires internationaux », a-t-il affirmé.
Kokou Wotobe, secrétaire général du ministère de la santé au Togo a souligné l’urgence d’améliorer la santé maternelle et infantile en Afrique francophone, où les taux de mortalité maternelle, néonatale et les besoins non satisfaits en planification familiale sont alarmants. « En 2021, on dénombre 347 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes en Afrique de l’Ouest, avec 31 décès néonatals pour 1 000 naissances. Au Togo, ces taux sont respectivement de 401 pour 100 000 et 27 pour 1 000 », a déploré M. Wotobe tout en précisant que les défis incluent également un taux de malnutrition élevé et un accès limité à la planification familiale.
Marguerite Ndour, directrice de l’initiative régionale INSPiRE qui dirige aussi le bureau IntraHealth international au Burkina Faso, a souligné que cette initiative, soutenue par plusieurs partenaires internationaux, dont l’OMS, l’UNICEF, l’USAID, et d’autres, vise à améliorer les indicateurs de santé maternelle et infantile en intégrant les services de soins.
« Pour relever ces défis, l’OMS recommande des soins holistiques intégrés, centrés sur la personne. L’intégration des services de santé essentiels pour la mère et l’enfant a déjà montré des résultats significatifs et doit être généralisée dans toute l’Afrique francophone », a-t-il affirmé. Pour lui, le Togo est en bonne voie pour mettre à l’échelle cette stratégie et appelle les autres pays ainsi que les partenaires financiers à en faire une priorité.
Dr Wotobe a aussi mis en avant les réalisations de la communauté de pratique (CdP), notamment la création d’un fonds catalytique pour soutenir les pays dans leurs efforts, et a appelé à une mobilisation accrue des parties prenantes pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030.
Abram Amétépé Agossou, le directeur de la santé de la mère et de l’enfant au ministère de la Santé du Togo, a présenté les progrès du pays dans l’intégration des services de santé depuis 2018. « Le processus avait été interrompu par la pandémie de COVID-19, mais il a repris en 2021 avec une phase pilote dans le district de Kloto en 2022. En 2023, un plan d’extension à grande échelle a été élaboré, avec des actions déjà menées dans plusieurs districts », a fait savoir Dr Agossou.
Un besoin davantage de partenaires
Il a souligné l’importance de cette intégration pour rendre les ressources plus efficaces. « Par exemple, une femme qui consulte pour un suivi prénatal reçoit également des conseils sur la nutrition, l’espacement des grossesses, et l’alimentation de son enfant. Ce type d’interaction permet de couvrir plusieurs aspects de la santé maternelle et infantile, y compris pendant l’accouchement et lors des consultations postnatales et de vaccination », a laissé entendre Dr Agossou.
Cependant, il a exprimé un besoin urgent de mobiliser davantage de partenaires et de ressources pour permettre une extension nationale de cette approche intégrée.
« L’objectif de l’intégration des services de santé au Togo, est de centraliser les soins de santé pour les femmes et les enfants, afin qu’ils puissent recevoir plusieurs services lors d’une seule visite », a renchérit Marguerite Ndour.
« Par exemple, une femme venant pour la vaccination de son enfant pourrait également bénéficier de conseils en nutrition, de soins de planification familiale, et du dépistage du cancer du col de l’utérus, ce qui permet de réduire les déplacements, particulièrement dans les zones reculées », a-t-elle expliqué.
Dr Ndour a insisté sur le besoin de mobilisation des partenaires et des gouvernements pour accélérer cette intégration des services de santé, qui est essentielle pour réduire la mortalité maternelle et infantile.
Il est à noter que cette réunion a réuni les participants des différents secteurs et organisations de santé de 16 pays dont le Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, RDC, RCA, Sénégal, Tchad et le pays hôte qui est le Togo.