La Conférence africaine sur la dette, qui s’est tenue à Lomé du 12 au 14 mai 2025, s’est achevée sur une note historique et des engagements clairs. Chefs d’Etat, ministres, économistes et représentants d’institutions régionales et internationales ont convergé vers un même constat. Il s’agit de la nécessité urgente de refonder l’architecture financière internationale pour offrir à l’Afrique un cadre plus équitable et plus soutenable.

Lors de la clôture, le ministre togolais de l’économie et des finances, Georges Barcola, a résumé les grandes conclusions des travaux. La conférence a identifié deux types de contraintes majeures. La première est interne, selon lui,  chaque pays africain doit assainir son cadre macroéconomique, renforcer ses institutions et consolider ses finances publiques. « La seconde est externe : elle concerne le système financier mondial qui impose à l’Afrique des conditions d’endettement souvent prohibitives », a noté M. Barcola.

Pour répondre à cette double contrainte, la conférence a recommandé un plaidoyer auprès des partenaires internationaux notamment le G20, FMI et la Banque mondiale, en vue d’une réforme de l’architecture financière mondiale. L’objectif est de faciliter l’accès à une dette “saine”, à des conditions plus concessionnelles.

 

L’Afrique, un moteur de la croissance mondiale ignoré

Patrick Ndzana Olomo, directeur par intérim à la Commission de l’Union africaine, a rappelé la place stratégique du continent dans l’économie mondiale. « L’Afrique est le deuxième continent le plus productif au monde en termes de croissance du PIB, juste après l’Asie. Elle regorge de ressources humaines et naturelles, mais reste piégée dans une dynamique de dépendance financière », a-t-il souligné.

Il a dénoncé la faiblesse des investissements dans les secteurs productifs et stratégiques du continent et souligné que l’Afrique perd chaque année 90 milliards de dollars en flux financiers illicites. Un changement de paradigme s’impose, a-t-il martelé, pour faire de l’Afrique une puissance économique dans le cadre de l’Agenda 2063.

Appel à l’action : réforme, coopération, responsabilisation

La conférence a aussi mis en avant la nécessité d’institutions africaines fortes, de réformes structurelles profondes et de meilleures capacités à mobiliser les ressources internes. Elle appelle à une coopération internationale responsable, loin de toute logique de charité.

« Ce que nous demandons n’est pas de la charité, mais un partenariat équitable pour faire face à des défis qui touchent l’humanité entière, comme le changement climatique », a laissé entendre Patrick Ndzana Olomo.

 

A l’en croire, seulement 3 % des fonds mondiaux pour le climat bénéficient à l’Afrique, alors que les pertes de croissance dues aux impacts climatiques atteignent jusqu’à 5 % par an.

Pour Georges Barcola, la Conférence de Lomé n’est pas une fin, mais un point de départ. Les participants ont mandaté le président du Conseil, Faure Gnassingbé, pour porter les conclusions de la conférence au sommet des chefs d’Etat africains et sur la scène internationale.

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