A Adakpamé, un quartier situé dans la commune du Golfe 1, plus précisément dans la partie Est de Lomé, la capitale du Togo, les leaders communautaires tirent la sonnette d’alarme face à la multiplication des manifestations non encadrées. A la veille de nouveaux appels à marcher sur toute l’étendue du territoire national, les 26, 27 et 28 juin 2025, des habitants d’Adakpamé affirment clairement leur refus d’accueillir des manifestations violentes sur leur territoire. Réunis en concertation le mardi 17 juin 2025, sur une place publique du quartier, les Chefs Traditionnels du Grand Adakpamé ont publié une déclaration solennelle en réaction aux appels à manifester.
« Adakpamé n’est pas un champ de bataille », martèle Togbui Lanklivi 1er, chef coutumier du quartier Adakpamé Kpota Colas. Selon lui, les récentes manifestations qui ont secoué la zone n’étaient pas le fait de résidents, mais plutôt d’éléments venus d’ailleurs. « Ce jour-là, aucune des personnes interpellées n’était réellement du quartier, d’après nos enquêtes », a-t-il confirmé.
Depuis deux mois, les chefs de famille et les notables locaux disent avoir anticipé les tensions en menant des actions de sensibilisation auprès des jeunes. Leur message est clair : « Plus de manifestations à Adakpamé. Nous avons trop subi. Désormais, nous nous organisons pour préserver la paix. »

Les chefs traditionnels montent au créneau
Dans leur déclaration, ils réaffirment leur attachement à la paix, à la cohésion sociale et au respect des institutions de la République, expriment leur soutien à toute manifestation pacifique et dûment autorisée par les autorités compétentes et s’opposent fermement à toute manifestation non autorisée sur leur territoire, et mettent en garde contre toute tentative d’exploitation du sol du Grand Adakpamé comme théâtre d’actions de troubles à l’ordre public.
Ils rappellent qu’il est inacceptable que des actes non conformes à la loi soient imputés aux fils et filles autochtones, alors même que les auteurs sont souvent extérieurs au quartier.
Des mesures dissuasives annoncées
Les Chefs sont allés plus loin dans leur détermination à protéger leur territoire. Ils préviennent que toute personne résidant dans le Grand Adakpamé qui s’entêterait à participer à une manifestation non autorisée est priée de le faire sur son territoire ou dans son village d’origine. Dans le cas contraire, des mesures communautaires pourraient être prises à son encontre, allant jusqu’à l’exclusion du quartier.

A en croire Togbui Lanklivi 1er, des jeunes ont même été formés à filmer et photographier les participants aux éventuelles manifestations interdites. Les autorités locales traditionnelles annoncent qu’après ces événements, une tournée de porte-à-porte sera organisée pour identifier les fauteurs de troubles, en vue d’appliquer des sanctions sociales, voire de radier certains individus du quartier.
Une approche que les chefs justifient par la nécessité de préserver l’image et la tranquillité du Grand Adakpamé, régulièrement assimilé, à tort selon eux, à un foyer de désordre.
La vigilance des propriétaires également sollicitée
Dans cette logique de préservation de l’ordre public, certains habitants appellent aussi à la vigilance à l’échelle des foyers. Hubert Kodjo Tchiko, résident d’Adakpamé, en appelle directement à la responsabilité des propriétaires de maisons. « Celui qui loue une chambre ne devient pas pour autant maître des lieux. Si un locataire s’engage dans des actes dangereux, c’est le propriétaire qui porte les conséquences », a-t-il laissé entendre.
Tchiko affirme avoir pris des dispositions strictes. « Lorsque des troubles éclatent dans le quartier, j’interdis à mes locataires et aux enfants de sortir. Si quelqu’un revient en courant après avoir participé à une manifestation, je lui ferme la porte », conseille-t-il.
Les leaders concluent qu’ils ne sont contre personne, qu’ils veulent juste la paix dans leur quartier. Les chefs traditionnels affirment rester ouverts au dialogue, tout en se réservant le droit de recourir à des moyens légaux et communautaires face à toute tentative de déstabilisation.