Chaque 26 Juin, il est célébré à travers le monde, la journée internationale de soutien aux victimes de la torture. Quelle est la situation au Togo ? La rédaction d’Africa Rendez-vous s’est approchée de l’Association chrétienne citoyenneté droits et devoirs (CCDD) que dirige Pierre-Claver Dékpo. L’ancien président de l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture au Togo (ACAT-Togo) y revient de façon bien succincte. Lecture….

Sous quel signe est placée l’édition 2014 ?
Il faut faire remarquer que dimanche 22 juin dernier lors de son angélus, le Pape François a fait une déclaration. Il disait « torturer les personnes est un péché mortel, un pêché très grave » et c’est sur ces propos que nous Organisations chrétiennes de défense des droits humains voudrons placer la commémoration de cette journée du soutien aux victimes de la torture. Et nous nous alignons sur les propos du Pape pour la célébration de cette journée.

Comment comptez-vous célébrer cette journée au CCDD ?
Pour la célébration en tant que défenseur des droits de l’homme, il s’agira pour nous d’attirer l’attention des autorités sur les quelques cas de tortures qui existent encore et nous plaçons cette journée au CCDD sous le signe de la prière. Nous allons prier pour les victimes de la torture sous toutes ses formes et sans oublier les tortionnaires parce que en même temps que la torture déshumanise la victime, elle déshumanise aussi le tortionnaire, il est important de ne pas oublier cet aspect.

Quelle est aujourd’hui la situation de la torture au Togo ?
La situation de la torture au Togo est à prendre sur deux plans, externe et interne. D’abord il faut souligner que notre constitution reconnait que la personne humaine est inviolable et dans son article 13 l’état a l’obligation de garantir l’intégrité physique et morale, la vie et la sécurité de la personne vivant sur le territoire togolais. Et sur ce principe, l’Etat a mis en place des mécanismes comme la CNDH, le ministère des droits de l’homme et le ministère de la justice pour veiller à ce que la personne humaine ne soit pas torturée.
De même, sur le plan international nous pouvons citer la déclaration universelle des droits de l’homme à laquelle le Togo a adhéré,  la charte africaine des droits de l’homme et des peuples ratifiée par le Togo en 1982 et le pacte international relatif aux droits civil et politique ratifié en Mai 1984.

Je crois que tout cela et surtout la convention contre la torture de 1984 ratifiée par le Togo en 1987 nous donne la force de croire que nous pourrons lutter contre la torture au Togo.

Souvenez-vous en novembre 2012 le Togo a présenté son rapport sur la mise en œuvre de la convention contre la torture devant le comité contre la torture. Et de ce rapport il est ressorti des recommandations. Donc je ne crois pas que la situation a évolué et je peux dire que le Togo a fait des pas mais des défis restent à relever. Depuis que les organismes ont commencé par interpeler le Togo sur la torture notamment l’EPU, le comité contre la torture et même la CJVR, parler de la torture ne fait plus débat au sein de l’opinion après les cas de tortures évoqués dans le dossier de l’affaire d’atteinte contre la sûreté de l’État, à l’époque les yeux du monde étaient braqués sur le Togo. Aujourd’hui, nous souhaitons que la situation évolue pour qu’on ne parle plus de torture au Togo.

Les Nations Unies appellent les États à ratifier la convention contre la torture, quel est la situation en ce qui concerne le Togo ?
La ratification par les États de la convention contre la torture exigée par les Nations Unies a été un atout majeur pour l’évolution de la situation de la torture au Togo. Vous savez en matière de ratification des textes et conventions, le Togo est bon enfant. Maintenant il s’agit pour le Togo d’intégrer ces ratifications dans les textes nationaux, surtout dans le code pénal et le code de procédure pénal. Depuis 2012 le gouvernement a intégré la criminalisation de la torture dans le nouveau projet de code pénal.

Ce projet a été transmis à l’Assemblée Nationale pour vote et jusqu’à ce jour on attend la fumée blanche.

Je profite de l’occasion que vous m’offrez pour interpeler les députés à tout faire pour voter finalement cette loi qui permettra au nouveau code pénal d’incriminer la torture car ce texte nous protège tous.

Interview réalisée par Patrick Degbevi

Voltic Togo