Le troisième pont d’Abidjan ne sera livré qu’en décembre 2014 selon les dernières précisions de Bouygues.  Mais l’ouvrage  qui porte le nom du président Henri Konan Bédié  a déjà englouti plusieurs milliards de FCFA.  En novembre 2010, au moment où la Côte d’Ivoire allait s’engager dans une crise électorale coûteuse en argent et en vies humaines, des mouvements de fonds  se sont opérés entre les comptes de la BNI et ceux du Trésor logés à la BCEAO. faxe1

Ainsi,  le 4 novembre 2010,  la BNI reçoit de la Direction du Trésor l’ordre écrit  de virer 18 milliards de FCFA représentant une partie du produit de l’emprunt obligataire (TPCI- 7% 2010-2017 ) de l’Etat, au profit du compte de l’agence centrale du Trésor ouvert dans les comptes de la BCEAO (voir ci-contre photocopie du fax provenant du Trésor).faxe2

 En fait, ce même 4 novembre, Charles Koffi Diby, alors ministre de l’Economie et des Finances, venait d’entériner l’arrêté numéro 831 portant autorisation de décaissement des fonds destinés à la construction du troisième pont d’Abidjan.  Les 18 milliards décaissés à la BNI  en deux temps (voir fax) sur ordre du ministre devaient palier le retard mis en place par la mobilisation des fonds destinés au troisième pont.  L’arrêté stipulait dans son article 2 que l’Etat procédera au remboursement du montant dans «un délai maximum de trois mois », sans aucun intérêt ni commissions.

 Or, à ce jour, rien ne permet de dire que ce montant a été remboursé.  Interrogés par nos soins, des cadres du ministère qui ont pris le relais de l’équipe Diby n’ont pas souhaité faire de commentaires.  Idem pour le ministre en question, inaccessible malgré plusieurs relances.

 Sur les traces des  18 milliards de FCFA

Devrait-on se tourner vers le Trésor ou la BNI, deux institutions dont la responsabilité avait été dégagée par l’arrêté ?   Ledit arrêté porte une signature : Charles Koffi Diby, celui que la presse a surnommé «l’insubmersible »,  un des rares hauts cadres à avoir servi Laurent Gbagbo avant de virer vers Alassane Ouattara.  L’absence d’informations sur l’usage de ces 18 milliards fait beaucoup jaser dans les milieux informés à Abidjan.

 D’autant que le premier coup de pioche au projet n’interviendra que le 7 septembre 2011, dix mois après le mouvement des 18 milliards de FCFA. Quant au bouclage du financement, il  n’aura lieu que courant 2012 à Paris dans les locaux du cabinet d’avocats White & Case  en présence d’un certain Charles Koffi Diby qui apparaissait dans une de ces dernières missions en tant que ministre de l’Economie et des Finances aux côtés de son homologue des infrastructures, Patrick Achi, réduit pour la circonstance au rôle de figurant.   A aucun moment, lors de cette réunion, il n’a été question de ces  fameux 18 milliards de FCFA.  Ni les bailleurs de fonds conduits par la  Banque africaine de développement (qui  a mobilisé  58 millions d’euros sur un total de 272 millions d’euros aux côtés de partenaires institutionnels, aimerait bien savoir où ils sont passé), encore moins le Parlement ivoirien (au rôle amputé puisque le président Ouattara gouverne désormais par decret) n’ont exigé un audit de ce pont dont le montage financier a battu tous les records de lenteurs. Pour rappel, ce projet était inscrit dans les travaux herculéens d’un certain Henri Konan Bedié en 1997.

Source: FinancialAfrik

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