A Abidjan, en Côte d’Ivoire, en marge de l’Africa CEO Forum, une coalition d’acteurs de santé publique et de développement a lancé le chapitre francophone de la campagne “Changez l’histoire”. Ceci, pour exhorter le secteur privé à jouer un rôle moteur dans l’élimination du paludisme en Afrique.
Tandis que l’Afrique continue de payer le plus lourd tribut au paludisme, une initiative stratégique portée par Speak Up Africa, l’Alliance des leaders africains contre le paludisme (ALMA), Malaria No More UK et le Partenariat RBM a été dévoilée le 13 mai 2025, visant à transformer la lutte contre cette maladie en enjeu de leadership économique et social.
La campagne « Changez l’histoire, sauvez des vies », désormais étendue à la francophonie, place les femmes et les filles au cœur de la riposte, tout en appelant le secteur privé africain à se mobiliser comme partenaire-clé dans l’élimination du paludisme d’ici 2030.
Investir pour impacter : un impératif économique et humanitaire
« C’est le moment de co-investir pour l’impact », a souligné Michael Adekunle Charles, directeur du partenariat RBM pour mettre fin au paludisme. Dans un contexte de ralentissement des financements internationaux et à l’approche de la 8ème reconstitution du Fonds mondial, l’appel lancé à Abidjan est aussi stratégique qu’urgent.
Le rapport publié à cette occasion appelle les entreprises à, soutenir directement les campagnes nationales de lutte contre le paludisme, contribuer à la reconstitution du Fonds mondial, rejoindre les conseils nationaux de lutte contre le paludisme, et investir dans le Fonds Voix EssentiELLEs, une initiative innovante dédiée aux femmes et aux communautés locales.
Le paludisme, une barrière à la prospérité africaine
Au-delà de la dimension sanitaire, c’est bien la perte économique due au paludisme qui alerte les dirigeants. Une étude de 2024 estime qu’une réduction de 90 % du paludisme d’ici 2030 pourrait ajouter 126,9 milliards de dollars au PIB du continent.
Pour le ministre ivoirien de la Santé, Pierre N’gou Dimba, la logique est implacable. « Le secteur privé a un intérêt direct dans l’élimination du paludisme. Des communautés saines mènent à des économies prospères », a-t-il martelé.
Genre et leadership : un levier sous-exploité
Autre angle majeur de la campagne est la place des femmes dans la gouvernance et le financement de la lutte contre le paludisme. Yacine Djibo, directrice exécutive de Speak Up Africa, souligne que les femmes et les filles paient le plus lourd tribut, mais restent sous-représentées dans la prise de décisions. « Investir dans elles, c’est investir dans l’efficacité », a-t-elle ajouté.
Le Fonds Voix EssentiELLEs, lancé lors de l’événement, vise à mobiliser 4 millions de dollars d’ici 2030, pour soutenir des actions menées par des femmes, à l’échelle communautaire et nationale.
Pour illustrer le rôle que peut jouer le secteur privé, l’événement a mis en avant le partenariat entre Canal+ Côte d’Ivoire et Speak Up Africa. Depuis cinq ans, ce partenariat a permis de mobiliser plus de 1,5 million de dollars en temps d’antenne pour sensibiliser aux enjeux du paludisme. « Nous sommes déterminés à changer la donne pour mettre fin au paludisme en Afrique », a déclaré Adama Koné, Directeur Général de Canal+ Côte d’Ivoire.
Le message de cette campagne “Changez l’histoire”, est que l’Afrique ne peut pas éliminer le paludisme sans une alliance audacieuse entre gouvernements, communautés, femmes leaders et entreprises.