Avec la frénésie des fêtes de fin d’année, la guerre des passagers entre taximen prend une tout autre ampleur. Cette période, perçue par beaucoup comme une opportunité d’augmenter leurs revenus, se traduit par des comportements souvent risqués sur les routes. Les arrêts brusques, la concurrence avec les tricycles, et la pression pour satisfaire les besoins financiers des fêtes transforment la circulation en un véritable champ de bataille.

En temps normal, les taximen se livrent une rude concurrence pour attirer les passagers. Cependant, en période de fêtes, cette dynamique s’intensifie. Les chauffeurs de taxi, conscients que les déplacements augmentent à cette période, se sentent sous pression pour maximiser leurs gains. Comme l’explique Kossi, un chauffeur expérimenté : « En fin d’année, tout le monde veut acheter quelque chose pour sa famille. On ne peut pas rester les bras croisés. C’est notre moment de travail. »

Cette situation entraîne des comportements parfois dangereux. Pour ne pas perdre une course, certains chauffeurs s’arrêtent brusquement sans se soucier des autres véhicules ou des piétons. D’autres prennent des risques inconsidérés, changeant de voie de manière imprévisible pour intercepter un client.

Les tricycles, nouveaux acteurs d’une concurrence féroce

La montée en puissance des tricycles vient ajouter un nouvel élément à cette guerre des passagers. Ces véhicules, bien adaptés pour transporter des marchandises ou plusieurs passagers à moindre coût, séduisent une clientèle en quête d’économies.

Les chauffeurs de taxi traditionnels s’en plaignent. Pour Armand, un chauffeur basé à Lomé, les tricycles nous volent nos clients. « Ils sont plus rapides à se faufiler dans les ruelles et les marchés, surtout quand il y a des embouteillages », a-t-il indiqué. Cette concurrence exacerbe les tensions et pousse certains chauffeurs à adopter des pratiques encore plus agressives pour ne pas perdre leurs revenus.

Des comportements risqués qui posent problème

Au-delà de la concurrence, les comportements des taximen en cette période soulèvent des inquiétudes. Les arrêts brusques, les virages inattendus, et parfois le non-respect des feux de circulation, augmentent le risque d’accidents. Ces pratiques ne sont pas nouvelles, mais elles deviennent plus fréquentes en décembre.

Fatoumata, une vendeuse de fruits au marché d’Adawlato, témoigne qu’en fin d’année, c’est comme si les conducteurs de taxi oublient toutes les règles. « Ils klaxonnent, s’arrêtent au milieu de la route, et parfois nous, piétons, devons nous méfier pour éviter d’être renversés », a-t-elle affirmé en criant.

Une pression économique sous-jacente

Pour comprendre ces comportements, il faut revenir à la pression économique qui pèse sur les taximen. Fin d’année rime avec dépenses pour la plupart des familles. Les chauffeurs de taxi, souvent chefs de ménage, ressentent cette pression, cadeaux pour les enfants, nouveaux vêtements, provisions pour les fêtes, et parfois même le paiement des dettes accumulées pendant l’année.

 « Ce n’est pas facile. On travaille pour gagner plus, mais en même temps, les coûts augmentent. Le carburant coûte cher, les réparations des taxis aussi. Alors, en décembre, on essaie de faire ce qu’on peut pour survivre », a expliqué Yao, un chauffeur de taxi basé à Agoè.

Vers une régulation et une sensibilisation ?

Face à ces comportements risqués et à la concurrence croissante, des mesures pourraient être envisagées. Les autorités locales pourraient intensifier les contrôles routiers pour garantir le respect des règles de conduite, particulièrement en cette période. Par ailleurs, une sensibilisation des chauffeurs à la sécurité routière pourrait aider à réduire les pratiques dangereuses.

Enfin, encourager une meilleure organisation du transport urbain, incluant taxis, tricycles et motos, pourrait apaiser la tension. Les fêtes devraient être un moment de joie et de partage, et non une période marquée par des accidents et des disputes sur les routes.

En attendant, les usagers de la route, qu’ils soient piétons, passagers ou conducteurs, devront faire preuve de prudence et de vigilance pour naviguer dans cette période où la course aux passagers fait rage.

Voltic Togo