Le Togo a officiellement tourné la page de la présidence exécutive le samedi 3 mai 2025. Faure Gnassingbé, ancien Président de la République, a prêté serment en tant que Président du Conseil devant la Cour constitutionnelle, consolidant son contrôle sur le pouvoir exécutif dans le cadre du nouveau régime parlementaire de la Ve République.
Quelques heures auparavant, l’Assemblée nationale, dominée par l’Union pour la République (UNIR), le parti présidentiel, l’avait désignée à ce poste stratégique, conformément à l’article 47 de la nouvelle Constitution. Cette dernière, adoptée le 6 mai 2024, a transféré l’essentiel des pouvoirs exécutifs au Président du Conseil des ministres, désormais désigné de droit parmi les rangs du parti majoritaire.
La cérémonie se déroule dans une atmosphère solennelle mais sans surprise. Y ont pris part les présidents d’institutions, membres du gouvernement, officiers supérieurs, élus locaux et représentants diplomatiques. Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, a prononcé un serment de fidélité à la nouvelle Constitution, de promotion de la paix, de l’unité nationale et du respect des droits humains, avant d’être investi pour 6 ans, par le président de la Cour constitutionnelle, Djobo-Babakane Coulibaley.
Un changement de titre, pas de pouvoir
Malgré la fin officielle de la présidence exécutive, Faure Gnassingbé conserve l’essentiel des leviers du pouvoir. En tant que Président du Conseil, il demeure chef du gouvernement, commandant suprême des forces armées, responsable des affaires intérieures et extérieures, et possède des pouvoirs étendus en matière de nominations, de réglementation et de grâce. L’article 50 de la nouvelle loi fondamentale lui confère également la présidence du Conseil des ministres et la définition de la politique étrangère.
Cette continuité institutionnelle illustre une transition politique sans véritable alternance au sommet de l’Etat. Le poste de Président de la République existe toujours, mais son rôle est désormais symbolique et dénué de toute prérogative décisionnelle.
Une désignation attendue, une domination parlementaire
La désignation de Faure Gnassingbé à la tête du nouvel exécutif n’a surprise personne. Son parti, l’UNIR, a remporté 108 des 113 sièges de l’Assemblée nationale lors des élections législatives d’avril 2024. Une victoire qui lui assurerait automatiquement l’accession au poste de Président du Conseil, selon les dispositions de la nouvelle Constitution.
Cette révision constitutionnelle, présentée comme une modernisation démocratique, s’inscrit dans une dynamique régionale où plusieurs Etats africains redéfinissent leurs structures de gouvernance. Pour le Togo, elle vise à projeter une image de stabilité institutionnelle et d’évolution politique. Toutefois, les observateurs notent que ce remaniement constitutionnel, loin de redistribuer le pouvoir, renforce de facto le maintien de Faure Gnassingbé sur les institutions du pays.