Certaines femmes ont des relations sexuelles sans plaisir et ne connaissent pas l’orgasme. Et ce, alors que désir est là, l’envie de son partenaire aussi, les picotements dans le bas du ventre bien présents et pourtant … Ce trouble du désir féminin se soigne, en travaillant sur l’inhibition et avec l’apprentissage du corps et du plaisir par les femmes elles-mêmes. Explications de Pierre Desvaux, andrologue et sexologue.

Comme pour tout ce qui concerne la sexualité, l’absence de plaisir chez la femme est le plus souvent d’origine psychologique. Aussi est-il nécessaire de rappeler que la clé d’une sexualité épanouie et heureuse se trouve en soi.

Apprendre à lâcher-prise, la clé d’une sexualité heureuse
Atteindre l’orgasme ou plus simplement prendre du plaisir lors des relations sexuelles n’est possible que lorsqu’on accepte de lâcher-prise. Or, de nombreuses femmes sont souvent dans le contrôle, bien plus que les hommes. Loin de n’être qu’une observation empirique, il s’agit d’un fait observable dans le cerveau. En effet, des observations faites lors d’IRM fonctionnelles ont révélées que la zone du cortex orbito-frontal qui gère « le quant à soi », (une zone doit se « débrancher » pour atteindre un orgasme) se déconnecte très vite chez l’homme grâce à l’action de la testostérone. Or, les niveaux de testostérone étant moins élevés chez la femme, logiquement, cette « déconnexion » prend plus de temps…

Se laisser aller, être excitée par son corps, se libérer de ses complexes sont autant de conseils essentiels pour (re)trouver le plaisir. « Bien souvent, la peur des femmes est de ne pas plaire. Cette angoisse favorise les complexes et l’inhibition pendant les rapports », rappelle Pierre Desvaux.

Néanmoins, il est important de ne pas brûler les étapes et de ne pas se laisser décourager si on a des rapports sans orgasme, qui n’est pas une fin en soi.

« Il ne faut pas se fixer l’objectif d’obtenir un orgasme toute de suite, le plaisir dans la relation sexuelle existe sans l’orgasme. Cette apprentissage se fera au fil de l’eau et des rapports », rappelle Pierre Desvaux. Les femmes et les hommes apprennent tous les jours sur leur plaisir et sur la manière de l’obtenir ou de l’offrir. Il n’existe aucune règle ni mode d’emploi. Cette quête est personnelle.

Quand l’absence d’orgasme provient d’un problème de communication
Néanmoins, il semble important de déterminer l’origine de cette absence de plaisir. Et pour cela, la première étape est de savoir si l’orgasme est atteint seule… ou pas.

Si oui, ce trouble de plaisir est probablement dû à un problème « opératoire » du couple. Dans ce cas, il est essentiel de dédramatiser et communiquer pour arriver à un plaisir commun.La femme peut guider son partenaire, prendre la maitrise de la situation ; quant au partenaire, il peut modifier sa manière de faire l’amour.

« Pendant la position de l’Amazone (NDLR : lorsque la femme est assise au-dessus de l’homme), c’est la femme qui « contrôle ». Elle fera plutôt des mouvements de bascule du bassin de l’avant vers l’arrière, le mode opératoire intuitif des femmes pour atteindre l’orgasme », explique Pierre Desvaux. Les hommes peuvent reproduire ce mouvement (ce conseil est également donné aux éjaculateurs précoces pour retarder leur éjaculation) pour faciliter le plaisir chez la femme. Or les hommes ont tendance à reproduire les images de films pornographiques (faites pour être vues, non pas pour donner du plaisir aux femmes) et ont des mouvements de va-et-vient. Une stimulation physique beaucoup moins efficace pour atteindre l’orgasme féminin.

Et parce que l’orgasme est aussi (et surtout) lié à la stimulation du clitoris, La femme peut aussi dévoiler à son partenaire les secrets du cunnilingus et tous les orgasmes que le corps féminin peut offrir .

Apprendre à connaître son corps
Par contre, si la femme ne réussit pas à trouver du plaisir lors de la masturbation, elle doit apprendre à le trouver. « Dans ce cas, les femmes sont seules face à la découverte du plaisir. Elles doivent alors apprendre à mieux se connaître et cela, personne ne peut le faire à leur place », explique Pierre Desvaux.

Le principe de la prise en charge est de trouver le plaisir toute seule et d’apprendre à lâcher prise. Car souvent l’absence de plaisir est due à une méconnaissance du corps, à un déni du plaisir, à un rejet de la sexualité et des mécanismes pour accéder à l’orgasme et bien entendu à l’inhibition. Le plus souvent, les femmes concernées ont été peu curieuses de leur corps, pour des raisons éducationnelles, psychologiques ou pratiques (manque d’intimité) et ont par la suite développé ce trouble de la sexualité. Un certain nombre de jeunes filles ont grandi avec l’image que la sexualité, c’est mal. « S’il est difficile aux parents d’éduquer sexuellement leurs enfants, il est important de ne pas diaboliser le sexe », rappelle Pierre Desvaux.

Les travaux pratiques pour découvrir l’orgasme doivent se faire dans des conditions optimales. Pendant un bain chaud, profitez de ce moment privilégié pour vous initier à la masturbation et découvrir les sensations qui mèneront au plaisir et à l’orgasme. Il n’est pas absolument pas recommandé d’utiliser des sextoys , car il sera très difficile de reproduire les mêmes sensations avec son partenaire…

Mais parce qu’il n’est pas toujours facile de surmonter ces blocages – qu’ils soient d’origine éducatif, psychologique, culturel, religieux… -, il peut être judicieux de consulter un professionnel, un sexologue, spécialiste des troubles de la sexualité ou un thérapeute de couple.

Source: Topsante

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