Alors que le second mandat du Président de la République de Côte d’Ivoire touche à sa fin et que de nouvelles élections devraient se tenir en octobre 2020, l’heure est au bilan pour Alassane Ouattara. Deux enjeux importants, la santé et l’éducation devraient être particulièrement scrutés par les électeurs. En effet, très sinistrés en Côte d’Ivoire avant l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, ces deux domaines ont fait l’objet d’efforts appuyés du gouvernement. Ceux-ci s’inscrivent, au niveau international, dans la volonté du pays de suivre les Objectifs du Développement Durable (ODD) de l’ONU qui visent notamment à garantir une éducation de qualité pour tous et à améliorer la bonne santé globale des populations. Bilan, chiffres à l’appui, de plus de huit années de mandat.

Santé : des fléaux sanitaires en baisse constante

Sinistrées, les infrastructures de santé ont fait l’objet d’un travail accru de réhabilitation de la part des pouvoirs publics ivoiriens. Le travail des pouvoirs publics s’est en effet fondé sur la rénovation des infrastructures existantes et l’ouverture de nouvelles structures de santé. Entre 2012 et 2019, 22 centres hospitaliers régionaux, 78 hôpitaux généraux et 233 établissements sanitaires de premier contact ont ainsi été rénovés. En parallèle, plusieurs services ont été rouverts au sein du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Treichville. 26 hôpitaux généraux et 910 établissements sanitaires de premier contact ont été construits. En effet, le gouvernement ivoirien aspirait à renforcer l’accessibilité des Ivoiriens aux infrastructures physiques. Aujourd’hui, 69 % des populations vivent à moins de 5 km d’un centre de santé et le taux de couverture pour la disponibilité des médicaments s’élève à 89 % grâce au réseau des pharmacies de santé publique. Un travail a aussi été réalisé sur le recrutement de personnels hospitaliers avec l’embauche de plus de 21 700 nouveaux soignants, selon les chiffres indiqués par le gouvernement.

Les efforts entrepris ont permis de contribuer à faire reculer plusieurs fléaux, qui gangrénaient le pays. Comme beaucoup de pays africains, la Côte d’Ivoire a dû faire face à plusieurs désastres sanitaires. Depuis 2011, les chiffres semblent cependant en passe de s’améliorer et témoignent d’une dynamique positive pour le gouvernement en place. La mortalité des enfants de moins de cinq ans est passée de 125 pour 1 000 en 2013 à 88 pour 1 000 en 2015. Une tendance qui se confirme aussi au niveau de la mortalité maternelle passée de 543 pour 100 000 femmes en 2013 à 324 pour 100 000 en 2015. La baisse de la prévalence du VIH est, sans doute, l’une des plus encourageantes. Elle a ainsi baissé de 3,4 % en 2013 à 1,8 % en 2015. De même que la tuberculose, passée de 1,7 % à 0,6 % sur la même période. Des réussites d’autant plus précieuses qu’elles s’inscrivent dans les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), fixés par les États-Membres de l’ONU en septembre 2000.

Éducation : le défi d’un système paritaire et universel

L’éducation demeure un enjeu central, qui continue de ralentir la croissance de nombreux pays africains. D’autant que les récentes études prouvent un lien de corrélation entre investissement dans l’éducation et hausse du PIB. La Côte d’Ivoire devait faire face à deux enjeux particulièrement essentiels : l’universalisation de l’accès à l’école et le développement de l’enseignement secondaire, technique et professionnel, tout en garantissant, un système inclusif, notamment pour les territoires reculés. Là encore, un effort notable a été engagé sur le recrutement des professeurs et les infrastructures, avec presque 44 000 enseignants du primaire et préscolaire recrutés sur la période 2011 – 2018 et plus de 8 500 enseignants du secondaire.

Les progrès se sont aussi surtout portés sur l’universalisation de la scolarisation, qui atteint aujourd’hui 91,30 %, tandis que les taux de réussite au BEPC et au baccalauréat atteignent aujourd’hui les 57 % et 41 %, contre seulement 17 % et 25 % en 2011. L’égalité filles – garçons a aussi très largement progressé au niveau de la scolarisation. En 2011, 49 % des filles en âge d’accéder au primaire n’étaient pas scolarisées en Côte d’Ivoire. Elles ne sont plus que 10 % aujourd’hui, selon les chiffres fournis par l’UNESCO.

Santé et éducation : que disent les candidats déclarés ?

Dans ces deux domaines, les autres candidats déclarés restent assez discrets. Guillaume Soro, a cependant affirmé en novembre dernier qu’un «  pays ne peut se développer durablement s’il a sur le bord de la route des personnes qui n’ont pas eu accès légal, la possibilité ou l’opportunité à l’éducation ». Pour autant, aucune proposition concrète n’a été encore avancée par l’ancien Premier ministre, souvent très critiqué pour son absence supposée de programme.

Même son de cloche du côté de Henri Konan Bédié. Mais, sous sa Présidence, entre 1993 et 1999, seules 500 salles de classe auraient été ouvertes, comme l’ont rappelé des jeunes militants du RHPD lors d’un rassemblement devant sa résidence de Cocody Les Ambassades, en juin dernier. Dans le domaine de la santé, Henri Konan Bédié a dénoncé en novembre dernier « la résurgence des maladies jadis maîtrisées comme la fièvre jaune et la dengue qui font des ravages en plein 21e siècle dans (le) pays. ». Henri Konan Bédié fait en effet référence à une épidémie de fièvre jaune qui a touché 89 personnes en juillet dernier et entraîné la mort d’une personne. L’épidémie de dengue, elle, était apparue début juin, et avait touché 130 individus pour deux personnes décédées. Le 14 novembre dernier, le directeur national d’hygiène publique (INHP), le professeur Béné bi Vroh, confirmait que ces deux vagues épidémiques avaient été éradiquées. Depuis l’épisode de 2005, les cas de fièvres jaunes sont cependant restés cloisonnés dans le pays.

Quant à Amadou Gon Coulibaly, parfois présenté comme héritier naturel de Alassane Ouattara, il devrait s’appuyer sur le bilan de ce dernier s’il venait à se présenter. La candidature du Président en exercice, autorisée par la réforme constitutionnelle de 2016 à concourir à un troisième mandat, reste possible.

La Rédaction

Voltic Togo