De ces femmes togolaises qu’on peut oser glisser dans l’arène « Mama Africa » de Africa rendez-vous, figure en bonne place, Essivi Mimi Bossou épouse Soedjede. Togolaise de charisme, c’est une amazone qui se bat pour non seulement avoir sa place dans la société afin de contribuer au développement mais, drainer ses petits-frères et sœurs avec elle, afin que « demain leur appartienne ». Mimi, comme l’appellent les intimes, est une femme très active qui a de l’énergie à revendre.
Une femme multitâche
Directrice des Maisons TV5MONDE d’Adidogomé et de Sanguera au Togo, elle est également la fondatrice et directrice exécutive de l’Association Précieux Trésor de Vie (APTV). Une association qui œuvre depuis une quinzaine d’années pour l’épanouissement socio-culturel et éducatif des enfants et des jeunes. Elle s’est aussi assignée la mission d’accompagner les femmes, base de la cellule familiale, dans la défense de leurs droits et dans la lutte pour leur autonomisation.
Dame à plusieurs casquettes, Mimi Bossou est aussi consultante, conférencière et animatrice en autonomisation de la femme, égalité femme/homme et leadership féminin. Très engagée pour la cause des jeunes, elle a initié la Conférence des Jeunes Leaders (CONFEJEL), et des magazines Ados Mag’ et Bakan’ pour former et informer cette jeunesse.
Dotée d’un sens de l’organisation, Mimi a su décentraliser les tâches et opter pour un travail en équipe. Cela lui a permis d’ailleurs de se présenter aux élections locales du 30 juin 2019 portant la Liste des Indépendants « Les Engagés » ; car depuis les bancs d’école elle dit nourrir le désir de participer au développement de son pays.
J’ai cru en mes potentiels et j’ai continué
Jusqu’au bout de ses rêves
Épouse et mère de trois enfants, Mimi Bossou n’est pas de celles qui se donnent des limites. Elle a bousculé les codes. Sa foi en ses capacités et sa passion pour le travail en sont pour beaucoup. « Le fait que mon engagement soit plus fort que le désir de tirer un intérêt personnel a fait que j’ai franchi les obstacles avec sérénité et hauteur d’esprit. Le chemin n’a pas été facile… j’ai cru en mes potentiels et j’ai continué. Ma devise passe partout, c’est +‘’Jusqu’au bout de mes rêves’’+ » martèle-t-elle.
En 2011, elle a décidé de tout plaquer. Après avoir longtemps travaillé à des postes de responsabilités dans différentes structures, elle choisit de poursuivre de façon permanente son engagement pour l’éducation, le social et la culture. Comme quoi on peut quitter ce qu’on sait faire, pour ce qu’on aime faire. Elle n’a pas arrêté de renforcer ses capacités. Elle s’est donnée les moyens de participer à des programmes de formation ou d’imprégnation en France et aux États-Unis. « Je continue de me former dans différents domaines parce que j’aime la polyvalence » confie-t-elle.
Les difficultés et les échecs ont une place importante dans notre réussite
Engagée aux côtés de la jeunesse
« Former, informer, accompagner » sont les maîtres mots des actions de Mimi Bossou, qui s’est donnée pour mission d’œuvrer en faveur des jeunes. Elle a mis en place différentes structures qui favorisent l’épanouissement et le développement personnel des enfants et des jeunes. Pour elle, l’instruction à l’école ne suffit pas. Il faut instruire les jeunes sur des thématiques qu’ils n’apprennent pas à l’école. Elle dit à Africa rendez-vous que l’école ne nous apprendra jamais tout. « Nous devons compléter nos acquis académiques pour être à niveau ». A travers des activités socio-éducatives et culturelles elle informe les jeunes sur les marches à suivre pour réussir. S’entourer de jeunes et partager ses expériences avec eux l’aide à évoluer dans ses objectifs.

La vie de Mimi n’est pas que rose. Il lui arrive aussi de rencontrer des difficultés. La plus grande est financière pour la réalisation des projets. Pour son association, elle a dû se battre, s’investir et même se priver de certains plaisirs. Comme pour toute femme à la tête d’une structure, la gestion des hommes n’est pas chose aisée, surtout quand la vision n’est pas partagée. Même si elle est affectée par moment, elle reste focalisée sur ses objectifs, car pour elle, vivre cela est comme un sacerdoce. Ces difficultés l’ont forgé pour devenir la femme qu’elle est aujourd’hui. « Les difficultés et les échecs ont une place importante dans notre réussite. Les surmonter crée la différence alors je puise la force auprès de mon Dieu et je continue la course ».
L’audace qui paie
L’autre côté de Essivi Mimi est qu’elle est audacieuse et s’est mise dans la rude bataille lors des élections communales de Juin 2019. Alors bon nombre de femmes hésitaient encore, Mme Bossou Soedjede s’est engagée à engager une liste des indépendants « Les Engagés ».
« Je savais depuis l’adolescence que je m’engagerai politiquement mais je refuse la politique politicienne. Je suis de très près l’actualité politique de mon pays et d’ailleurs. J’en suis arrivée à comprendre que je peux faire la politique comme je l’entends c’est à dire la politique citoyenne. Je suis fortement engagée pour les droits de l’homme, spécialement les droits économiques, sociaux et culturels et j’aime particulièrement l’article 1 de la déclaration universelle des droits de l’homme. Je le défends», confie-t-elle.

Elle est arrivée à récolter des voix qui lui permettent d’être élue conseiller municipal. Mais, dans un cercle où la bataille rangée entre politiques a dicté sa loi, elle n’a pas pu bénéficier du soutien de ses désormais collègues qui prêchaient pour des chapelles politiques.
Mais comment compte-t-elle mener cette mission? « Avec la plus grande sérénité. J’aurais souhaité être dans l’instance dirigeante mais ça n’a pas été le cas au niveau de la commune. Cela n’empêche pas que j’apporte ma contribution au travail de développement qui s’y fera. C’était l’objectif en me présentant. Et puis les maires et les adjoints ne décideront rien dans leur coin. Ils exécuteront ce qui sera planifié ensemble avec les autres conseillers. J’ai mon rôle à jouer, soyez en rassurés ». « Notre intention n’est pas d’aller faire de la figuration et Dieu nous y aidera. C’est ma prière » a-t-elle ajouté avec un regard tourné vers le ciel
Somme toute, de cette vaillante « mère des jeunes » l’on ne peut que retenir une chose : « travailler et partager l’amour du travail autour de soi ». A la gent féminine, Mimi Bossou recommande de prendre exemple sur les femmes leaders et modèles de nos sociétés. Il faut prendre le temps de s’équiper pour réussir.
Son fort souhait? Voir les femmes prendre leur place aux côtés des hommes.