Sans être sado-masochistes, beaucoup de personnes apprécient un peu de douleur pendant les rapports sexuels. Mais pourquoi ?

Appuyer sur un bleu, se tripoter les petites peaux des doigts… La douleur n’est pas toujours synonyme de quelque chose de désagréable. Dans la vie de tous les jours, on expérimente des sensations douloureuses mais que l’on répète pourtant quotidiennement. Si on recommence, en sachant pertinemment que l’on va avoir mal, c’est qu’on y éprouve forcément un peu de plaisir, non?

Dans le sexe, c’est un peu la même chose. Si tout le monde ne peut pas se déclarer sado-masochiste, beaucoup peuvent témoigner d’une certaine excitation liée à une certaine souffrance. Même si les mots sont des antonymes dans le dictionnaire français, la frontière peut parfois être poreuse. Les extrêmes se rencontrent, il en va de même avec ces sensations.

Ainsi, sans s’identifier forcément à Christian Grey, beaucoup d’entre nous reconnaîtront un certain plaisir né dans la douleur.

Une agressivité saine
Ce n’est en fait qu’une illusion. Le plaisir ne vient pas de la douleur, il s’agit en fait de l’excitation. C’est ce qu’explique la sexologue Manon Bestaux à Girls. D’abord, ce n’est pas vraiment de la douleur, mais plus ce que l’on appelle de la « saine agressivité », explique-t-elle. Cette dernière peut alors exciter une personne pour plusieurs raisons, à condition qu’elle connaisse son corps.

Pour prendre du plaisir avec quelqu’un d’autre, il faut savoir prendre du plaisir seule. Car « l’émotion est personnelle. Le plaisir est personnel. La douleur est personnelle », martèle la sexologue. Comme l’expliquait son confrère Arnaud Sevene à Girls, le phénomène de l’anorgasmie touche une large partie de femme, et beaucoup parce qu’elles ne connaissent simplement pas leur corps. « Il faut être autonome dans son plaisir et sa douleur », insiste Manon Bestaux.

Mais « on n’éprouve pas de plaisir à avoir mal. L’excitation c’est différent, c’est plus intellectuel », et là, le cerveau à un rôle à jouer. C’est à ce moment que l’on peut confondre les deux. Il faut distinguer « ce qui nous excite et ce qui nous fait plaisir ». Il ne faut jamais, en tout cas, prendre cette douleur pour faire plaisir à l’autre et la subir, « il faut que ce soit un jeu », il faut aimer ça et le savoir.

Douleur et plaisir peuvent être liés autrement. Manon Bestaux explique également que l’on se rend compte que lorsqu’un être humain a mal quelque part, stimuler son organe sexuel peut diminuer voire annuler sa douleur. Inversement, la douleur peut ralentir l’excitation, et par exemple, chez l’homme, retarder l’éjaculation.

Voltic Togo