Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, président du Ghana, premier facilitateur dans la crise sociopolitique togolaise sera encore absent à Lomé pour la réunion du comité de suivi. Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) devra en assumer une fois encore la responsabilité.
Cette première réunion du comité de suivi de la facilitation devra se pencher, dans un grand hôtel de la place, sur un chronogramme de la mise en œuvre de la feuille de route. A part l’Ivoirien Kassi Brou, il est également attendu des représentants des deux facilitateurs. Cette rencontre fait suite à une première de prise de contact tenue à Lomé le 8 août 2018.
Nana Akufo-Addo désabusé?
Il serait un peu hâtif de répondre par l’affirmatif mais, tous les signes montrent que le numéro1 Ghanéen se montre de plus en plus déçu par l’évolution pour une sortie de crise rapide. Depuis le sommet extraordinaire de la CEDEAO de Juillet 2018 à Lomé, l’homme semble avoir perdu foi. Il préfère, selon des sources bien introduites, mieux se consacrer à sa politique intérieure même s’il subissait une pression à Accra pour une résolution rapide de la crise.
Et pourtant, la position du président Ghanéen est bien claire, « aucun régime ne doit brimer son peuple, pour son propre intérêt ». Et il le répète dans toutes les grandes conférences dès que l’occasion se présente soutenant même que « la liberté des Togolais n’est pas négociable« .
Le retour de Nana Addo, selon des informations parvenues à la rédaction d’Africa rendez-vous n’est pas pour demain. « Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission est là! les tâches lui ont été confiées, il va rendre compte« , préfère -t-on nous dire.
Un argument qui cache la forêt. Fin Septembre 2018, la diplomatie ghanéenne réduit le nombre de ses hommes impliqués dans la facilitation.
Du côté d’Accra, c’est le regret d’avoir tourné en rond pendant dix (10) mois à faire avancer un pays où les deux protagonistes, Union pour la République (UNIR, parti au pouvoir) et la Coalition des 14 partis politiques peinent à descendre de leur piédestal, lâcher du lest pour un dénouement appréciable.
Le pouvoir de Lomé, qui semble avoir repris du poil de la bête, fonce dans l’organisation du scrutin. La C14 reste observatrice et se plait juste à dénoncer, à attendre que la facilitation vienne leur donner raison sur leurs revendications de recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). « A cette allure, le chemin sera encore long« , nous confie-t-on dans le cercle de la médiation, avec un air de déception.
‘Nana Akufo-Addo désabusé?’
Si tel est le cas, cela peut s’expliquer par le fait qu’au départ, la facilitation n’a pris la mesure du problème. Elle s’est compliquée la tâche en avançant une date pour élections or le problème qui existait résidait dans un différend autour de la liste électorale, le découpage électoral, la composition de la CENI, etc.
Si la facilitation a pris la mesure du problème elle saurait que l’hôtel de la place qui accueille ces réunion porte un nom révélateur, 2 Février. Car, cette date n’est autre que la date du retour du dictateur Eyadéma Gnassingbé, le père du dictateur Faure Gnassingbé qui après un soit disant attentat contre son avion à Sarakawa dans le nord du Togo, revenait à Lomé et à l’époque, j’étais encore très jeune, mais je me souviens qu’on nous gavait de cette phrase; ‘Retour triomphale’.
Cet hôtel qui va être construit quelques années après prendra le nom de la date de ce retour, c’est à dire, le 2 Février. Un autre hôtel dans le même coin de Lomé, c’est à dire proche de la plage, va porter le nom du lieu de ‘l’attentat’, c’est l’hôtel Sarakawa. C’est dire combien ce régime a une conception patrimoniale du Togo.
Ce qui est clair, c’est que la situation du Togo constitue une exception négative qui met à mal la cohésion interne de la CEDEAO et au delà de l’Afrique dans son ensemble. Car, une dictature vieille de plus de cinquante ans, incarne les principes qui sont à la racines des drames du continent. C’est pour cela que la situation du Togo, le drame des Togolais n’est pas que l’affaire des Togolais.
Ce qui est certain, c’est que cette fois-ci, après l’épisode déplorable de Gilchrist Olympio où le régime a fait montre de sa nocivité en détruisant politiquement Gilchrist Olympio et son parti l’UFC, le peuple Togolais ne reculera plus.
Faure Gnassingbé a déjà accumulé presque quinze ans au pouvoir ; Quelle raison peut-elle soutenir une telle position?
La facilitation devrait mettre l’accent sur la nécessité du pardon et celle du départ de Faure Gnassingbé à la fin de ce ‘mandat’.
Ce régime, c’est du terrorisme.