Dr. Isidore Ngueuleu, Conseiller aux droits de l’homme pour la région Afrique, OMCT

L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) tout en s’appuyant sur son réseau Sos Torture a produit un document qui lève le voile une fois encore sur les conditions carcérales pendant cette crise sanitaire liée à la covid-19.  Sur la situation au Togo, Dr. Isidore Ngueuleu, Conseiller aux droits de l’homme pour la région Afrique, OMCT ; a confié à Africa rendez-vous que la pandémie de la Covid-19 a simplement mis en exergue une situation déjà explosive.

« C’est une crise révélatrice qui a permis d’accorder une attention particulière à une situation préoccupante qui se caractérise au moins en trois points : la surpopulation carcérale, le dispositif sanitaire insuffisant et inadéquat et la faiblesse des ressources allouées aux maisons d’arrêts », a confié à Africa Rendez-vous, Dr Ngueuleu.

A en croire le défenseur des droits de l’homme, la réalisation du document, dont la rédaction d’Africa rendez-vous a obtenu copie, est motivé entre autres, par la question de la surpopulation carcérale dans les prisons africaines qui, précise-t-il, étaient incompatibles avec le respect des mesures barrières notamment la distanciation sociale.

« Il est évident que le nombre de personnes dans les cellules ne permet pas de respecter les distances de 2 mètres recommandées par l’OMS. Il était donc urgent que ces prisons soient rapidement désengorgées pour réduire les risques de propagation de l’épidémie ».

Réagissant sur le manque de personnel soignant dans les prisons en Afrique, Dr Ngueuleu a rappelé qu’à la prison civile de Lomé, seule une infirmière est disponible pour prendre en charge toute seule dans une infirmerie mal équipée, des milliers de prisonniers. « Cette situation est sans aucun doute préoccupante au regard de la rapidité de la propagation de la maladie ».

Dr Ngueuleu a insisté sur la nécessité de désengorger les prisons en Afrique en ce temps de Covid-19. « Il est possible d’organiser des audiences foraines au sein même des prisons pour régler un nombre élevé de dossiers oubliés dans le labyrinthe judiciaire. Dans plusieurs cas de délits mineurs, les poursuites peuvent être purement et simplement abandonnées ».

Dr. Isidore Ngueuleu, Conseiller aux droits de l’homme pour la région Afrique, OMCT

« De manière générale cette crise sanitaire devrait être considérée comme un déclencheur pour rendre possible des recommandations qui sont faites depuis plusieurs décennies aux dirigeants africains. Dans plusieurs cas des personnes en détention pour leurs opinions politiques, des défenseurs de droits de l’homme, des journalistes ont été libérées. Ce qui signifie que la détention doit être le dernier recours, il faut encourager la comparution libre et les peines alternatives pour désengorger les prisons », a-t-il martelé.

L’OMCT et les membres de son Réseau contre la torture disent espérer que la période post covid-19 permette de créer une vraie révolution dans le domaine du respect de la dignité humaine dans les lieux de privation de liberté.

« Nous réitérons notre invitation aux autorités togolaises à procéder à la fermeture de la prison civile de Lomé et de proposer un modèle différent de détention dans le milieu carcéral togolais ».

Voltic Togo