Laborieusement, avec plus de deux semaines de retard, les résultats des élections législatives en Guinée ont été publiés vendredi dans la nuit. Les chiffres du premier scrutin libre jamais organisé dans ce pays placent le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le parti du président Alpha Condé, en tête avec 53 sièges sur 114. Sans surprise, cette victoire a été immédiatement contestée par l’opposition, qui dénonce des «fraudes massives» et réclame l’annulation pure et simple du vote.

Dans le climat de Conakry, très tendu depuis la présidentielle de 2010 sur fond de rivalités politiques et ethniques, cette annonce laissait craindre des débordements. Réunis samedi, les responsables de l’opposition, sans jouer l’apaisement, ont cependant évité de jeter de l’huile sur le feu. Tout en continuant à crier à la triche, ils ont décidé de porter leur recours devant la Cour suprême sans, pour l’instant, en appeler à la rue. Les manifestations qui ont émaillé la campagne, violemment réprimées par une police débordée et mal formée, ont fait une cinquantaine de morts. Alors que les partisans de l’opposition ont été chauffés à blanc par des jours d’attente, de nouveaux rassemblements auraient pu conduire à d’autres tueries.

Cellou Dalein Diallo, dont le parti est officiellement arrivé second avec 37 élus sur 114 sièges, n’ignore pas non plus que l’opposition a de vrais arguments à faire valoir.
Déjà, le 9 octobre, dans un langage inhabituel, le représentant de l’ONU, Saïd Djinnit, avait fait état de «manquements» et «irrégularités» dans huit circonscriptions sur 38, pouvant «remettre en cause la sincérité de certains résultats».

Africardv avec Le Figaro  / Crédit Photo: Afp

Voltic Togo