Agbéyomé Kodjo, l’ancien patron du régime RPT, converti et membre du Collectif Sauvons le Togo (CST) parle des législatives 2013 mais aussi de l’affaire des incendies des marchés du Togo dans laquelle son nom est cité comme présumé auteur. Pour le président du parti OBUTS (Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire), la libération du vice-président Gérard Adja reste une condition. Il s’est confié à la rédaction d’Africardv.com

Africardv.com : Votre parti OBUTS participe aux élections législatives, vous le confirmez ?

Je ne peux pas donner une réponse radicale. En voyant tout ce que le pouvoir a déployé depuis janvier pour pousser l’opposition au boycott, au Collectif sauvons le Togo (CST), nous sommes unanimes à ne pas aller au boycott mais à lutter pieds à pieds pour obtenir les meilleures conditions de transparence et d’équité. Une certaine presse a commencé par faire la propagande sur la non participation de OBUTS aux élections, nous avons réagit pour faire connaitre à la population et à ceux qui aiment le Togo que le Secrétariat national aux élections est en train d’examiner les dossiers de candidature des militants d’OBUTS qui veulent participer à ce scrutin.

Nous sommes mus par le souci d’aller en groupe et au Collectif Sauvons le Togo nous sommes parvenus à ce consensus et nous sommes en train de réfléchir sur la manière de déployer des candidats qui ont les meilleures chances de gagner dans les différentes circonscriptions électorales. Mais, s’inscrire dans cette dynamique ne veut pas dire de facto que le CST participera aux élections. Il y a des conditions. Le constat est que le pouvoir ne respecte pas les engagements qu’il prend et ça va poser énormément de problèmes. Ce pays a énormément souffert et nous voulons que les fondamentaux pour garantir la transparence et le respect des droits humains soient faits.

Mais de façon concrète, le parti a-t-il déjà déposé les dossiers pour une participation réelle ?

Tout dépend des évènements. D’ailleurs le délai qu’ils ont donné nous semble un peu court. Ceux qui sont en face et de nous pour les discussions, n’ont pas connu l’univers carcéral. Nous leur avons fait comprendre que quand on sort de l’univers carcéral, il faut plusieurs semaines pour retrouver ses repères. Nous disons qu’il faut au moins deux mois de report pour permettre à ceux qui sortent de se retrouver et nous permettre de nous organiser. Ils n’ont accordé que trois (3) jours et nous y voyons une fuite en avant. Tout ce qu’ily a à faire ensemble avant d’aller aux élections (j’ai déjà conduis une élection), il faut au minimum trois (3) mois et cette élection, je la vois au dernier trimestre de l’année 2013.

Avec Mgr Barrigah, qu’avez-vous dit ?

Nous avons dit à Mgr Barrigah que nous ne pourrons pas participer aux élections alors que nos militants qui sont aussi candidats se retrouvent en prison dans cette histoire d’incendies. Nous avons demandé qu’il faut procéder à leur libération dans un souci d’apaisement.

Dans l’affaire des incendies, l’administration lâche du lest avec des inculpés relâchés et les restrictions levées. Vous devriez en être satisfaits…

Ce n’est pas ce que nous avons dit qui a été fait. D’après ce que mon avocat m’a communiqué, je peux quitter Lomé pour des campagnes à l’intérieur du pays, sans me référer aux instances judiciaires. Mais si je veux sortir du territoire, il me faut une autorisation. Je dis bien, à qui veut m’entendre, que je ne suis pas concerné par cette affaire. Finalement, c’est du foutage de gueule. Qu’ils ne pensent pas quand on parle d’élections touts se joue sur le territoire national, j’ai des contacts à prendre à l’extérieur du pays. Les militants d’UNIR demandent-ils eux, une autorisation avant d’opérer leurs mouvements ? Si nous voulons aller aux élections, nous devrons être traités de la même manière. Il faut qu’on soit sérieux. La justice est le dernier rempart en assurant l’égalité de tous. Mais le constat est tout autre ; ceux qui appliquent les décisions savent que ce ne sont pas des décisions de justice mais de militants.

Pour ce qui me concerne, je les défie tous, à commencer par le Chef de l’Etat qui a donné l’ordre pour qu’on enlève mon immunité parlementaire. Pour levée l’immunité, il faut avoir des éléments de preuve matériels contre lui. Regardez l’incohérence dans la procédure. On parle de Loum, comme auteur présumé, je le connais pas, je ne lui ai jamais parlé, je ne l’ai jamais connu. Gérard Adja a été arrêté le 13 janvier et moi, le 16 janvier. C’est l’accusé qu’on attrape d’abord et c’est sur cette base qu’on met la main sur les autres. Loum, le présumé auteur complice, a été arrêté le 18. Quand vous racontez cela à un élève de l’école primaire, il comprendre qu’il y a quelque chose qui cloche dans la procédure.

Des inculpés sont libérés, le vice-président d’OBUTS Gérard Adja, ne l’est pas. Vous en posez une condition ?

Gérard Adja est un candidat bien placé sur la liste d’OBUTS et j’aurai la mort dans l’âme à participer à ces élections, sans sa libération. Je reste convaincu qu’il est innocent dans cette histoire d’incendies. Ce serait fermer les yeux sur une imposture.

Comment se porte OBUTS ?

Relativement bien et se porterait mieux si la prestation, l’intelligence et le dynamisme de Gérard Adja ne nous avait pas manqué.

Agbéyomé Kodjo a-t-il un rêve pour le Togo ?

Mon rêve pour le Togo est que la gouvernance change radicalement parce que cette gouvernance produit des effets dévastateurs sur les populations et brouille également l’image extérieure du Togo. J’écoute les médias internationaux et quand vous entendez les témoignages d’un personnage comme Loik Le Floch Prigent, un grand commis de l’État français, aucun Togolais ne peut être fier de la gouvernance du pays et de ceux qui dirigent.

Voltic Togo