Après 56 ans de régime militaire, la Birmanie tourne une page, celle de pays au ban de la communauté internationale. Ce 30 mars 2016, le pays est entré dans les annales de l’histoire politique du monde. En effet, cité comme une des plus grandes dictatures du monde, la Birmanie constituait avec la Corée du Nord pour les observateurs les pires références de ces dernières décennies. Ce pays de 53 millions d’habitants était tenu depuis plus d’un demi-siècle d’une main de fer par des généraux de l’armée. La gestion des affaires publiques était entourée de voiles opaques et la liberté d’expression était juste confisquée. La contestation était bannie.

Le symbole de la résistance Aung Sun Suu Kyi avait été obligé à passer quelques années en résidence surveillée. Classé parmi les pays les plus pauvres au monde, le Myammar, l’autre appellation de la Birmanie faisait l’objet de diverses sanctions de la communauté international. En réalité, c’était un Etat paria. Et quand une majorité de pays africains s’était lancée dans les années 90 dans l’exercice de la rupture avec les partis uniques et les pouvoirs militaires, les regards n’ont cessé de se tourner vers la Birmanie. C’était la référence autocratique.

C’est ce pays-là qui vient d’opérer l’indispensable reforme politique et institutionnelle. Elle laisse sans doute orphelins de nombreux Etats africains restés encore fermés à la démocratie, à la transparence et au respect des droits de l’homme. En décidant d’opter pour un mode de gouvernance largement partagée au monde à savoir celui qui met l’homme au centre des principales préoccupations, la Birmanie indique sans le vouloir que la principale voie qui mène vers la dignité et peut-être le développement reste celle de la démocratie et de l’alternance. En Afrique, c’est un défi même si une majorité d’Etats a fait l’effort d’inclure dans les constitutions les notions de transparence, le droit de vote ou encore la liberté d’expression, l’application de ces principes demeurent problématique.

La planète est en train de bouger. Les scènes politiques sont en proie à des bouleversements importants. Les marginaux ont compris leur situation. Certains Africains doivent-ils rester bloquer dans des comparaisons tristes et de peu de valeur ? La Birmanie est tombée, il reste cependant la Corée du Nord. Quelle référence ! Quelle comparaison ! Ce jour, il apparait encore plus clairement que tout est dans la conviction et la volonté. Sinon comment expliquer le long combat politique d’Aung Sun Suu Kyi, désormais à la tête de 4 ministères, constamment menacée il y a peu par un régime peu enclin aux questions des droits de l’homme ? Prix Nobel de la Paix, elle a constamment cru en son combat. Cette icône est un modèle.

Ce modèle a compris que le combat politique n’est pas un long fleuve tranquille. Entre les dangers inhérents à la traversée et tous les inconforts qu’elle procure, il faut garder la foi. Dans les livres sacrés, la foi n’est elle pas définie comme étant une ferme assurance des choses qu’on espère et une démonstration de celle qu’on ne voit pas ? Aung Sun Suu Kyi et la Birmanie ont gardé la foi, mieux ils viennent d’ouvrir une fenêtre à la descente.

Voltic Togo