Dans une interview exclusive accordée à la rédaction d’Africardv, le premier vice-président de l’ANC (opposition) se prononce sur la décision du Collectif Sauvons le Togo et de la Coalition Arc-en-ciel de ne pas envoyer de candidatures à la CENI mais aussi sur d’autres sujets de l’actualité. Pour lui, les deux entités de l’opposition sont décidés à faire comprendre aux autres que nous ne sommes plus l’opposition la plus bête au monde mais une opposition très intelligente. Lecture…
Aux dernières nouvelles, le CST et la Coalition Arc-en-ciel décident de ne pas envoyer de candidatures à la CENI…
Personnellement je n’avais pas de doute parce que ces deux regroupements se sont engagés totalement dans la lutte pour l’enracinement de la démocratie, de l’Etat de droit au Togo de même que la création des conditions de l’alternance apaisée. Il n’y avait pas de différence énorme entre nous sauf quelques petites difficultés qu’il nous fallait surmonter mais il était bien clair pour nous au CST que pour la Coalition que seul un dialogue pouvait permettre d’organiser des élections apaisées équitables et transparentes.
Qu’est ce qui vous emmène à manger aujourd’hui à la même écuelle ?
Il y a deux raisons fondamentales mais je commence par la première et la plus importante qui est d’ailleurs politique et humaine ; il s’agit du manque de dialogue politique. Depuis le 20 Août 2006, date de signature de l’Accord politique global (APG), il a été entendu que les parties prenantes devraient faire la mise en œuvre des points en suspens. Cela concerne les réformes institutionnelles et constitutionnelles. A cela s’ajoutaient donc les recommandations des missions d’observation de l’UE qui porte surtout sur l’amélioration du cadre électoral. Il fallait mettre en place une Commission électorale nationale indépendante (CENI) beaucoup plus juste et paritaire ; d’un découpage électoral qui doit faire disparaitre toutes les disparités qui ont existé jusqu’à présent. Je n’en veux pour preuve que les élections de 2007. 1million 257mille voies pour les forces démocratiques avec 31 députés alors qu’au même moment 900mille voies pour le RPT/UNIR pour 50 députés.
Un autre exemple à l’appui aujourd’hui, Lomé et la préfecture du Golfe font plus d’1million 580mille habitants mais il n’est accordé que 10 députés. La préfecture des Lacs et du Bas Mono sont mis ensemble. Ces deux préfectures font près de 260mille994habitants et il est accordé 3 sièges. Or, la règle est que chaque préfecture doit avoir au moins 2 sièges. On met deux préfectures ensemble pour 3 sièges alors qu’au même moment, les préfectures telles que Kpendjal, Dankpen et bien d’autres encore qui font 119 voire 130 mille habitants ont également trois sièges.
Dans ces conditions, comment peut-on aller à des élections justes et transparentes ? La CENI compte 17 membres. 14 sont issus des rangs de l’UFC (Union des forces pour le changement) et le RPT (Rassemblement du Peuple togolais)/UNIR (Union pour la République).
A tout cela s’ajoute la procédure qui a été déroulée. En principe, il faut un fichier électoral pour qu’il puisse exister le corps électoral. Mais à l’heure actuelle, le fichier électoral n’existe pas parce qu’on n’a pas encore enlevé les doublons, les mineurs et les étrangers qui ont été inscrits. Dans le cas où le fichier électoral n’existe pas, le corps électoral ne peut en aucun cas être convoqué. Et d’ailleurs, le corps électoral est convoqué par décret présidentiel Mais, c’est tout le contraire que nous propose la CENI. Cela n’est pas correct sur le plan juridique. Il nous faut un dialogue pour éviter un bain de sang et régler les problèmes de la CENI, du découpage électoral, des prérogatives du Premier ministre, de la HAAC (Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication) et pour finir là-dessus, permettre aux médias de publier les résultats provisoires au fur et à mesure qu’ils sont affichés. C’est ce qui ce fait d’ailleurs partout, sauf le Togo.
Vous voulez dire que la CENI ne maitrise pas la procédure ?
Elle est non seulement incompétente mais ignorante de toutes les règles de procédure qui doivent amener à al convocation du corps électoral.
Et pourtant, il y a de ces membres de la CENI qui y ont siégé en 2010 et même en 2007 ?
Il ne suffit pas d’être un intellectuel et avoir des diplômes mais avoir l’honnêteté intellectuelle pour ressemble à un intellectuel.
Doit-on comprendre qu’il n’y a plus de problèmes entre le CST et la Coalition Arc-en-ciel ?
Nous sommes des êtres humains et les problèmes ne vont jamais manquer. Mais nous sommes aussi de grands garçons et grandes filles et nous saurons les résoudre. C’est ce qui se fait actuellement avec un dépassement de soi. La question d’alliance électorale est aussi transcendée. Il faut juste préciser que nous au CST nous disions oui à l’alliance électorale mais insistions sur le fait qu’il fallait d’abord se battre pour avoir de bonnes conditions d’organisation d’élections. Aujourd’hui c’est fait, nous discutons de ces conditions mais aussi de l’alliance électorale avec la question de liste commue. On doit faire comprendre aux autres que nous ne sommes plus l’opposition la plus bête au monde mais une opposition très intelligente avec des stratégies qui vont étonner ?
Ne pas soumettre sa candidature, n’est-ce pas une marche graduelle vers le boycott ?
Nous ne boycottons pas les élections. Des chefs de parti sont empêchés de sortir de Lomé, comment vont-ils faire campagne ? Nous disons simplement qu’on aille autour de la table pour une discussion entre fils et filles d’un même pays. Nous irons aux élections et il y aura un dialogue dans ce pays, c’est le pari que je peux faire avec vous. Ce que nous demande c’est aussi ce que demande la communauté internationale exprimée à travers un communiqué conjoint de l’Union européenne et la CEDEAO exhortant le Togo à organiser un dialogue avant les élections.
J’exhorte une fois encore le gouvernement à accepter qu’on se mette ensemble autour d’une table car nous avons peur pour nos populations. Le Togo est l’un des pays où la période post électorale est toujours brutale et parfois couverte de sang Nous ne voudrions plus cela pour notre pays. J’exhorte le gouvernement à comprendre les Togolais et que la communauté internationale fasse le maximum de pression possible sur le gouvernement pour qu’il comprenne que le dialogue n’est pas dirigé contre lui mais un bienfait pour le peuple togolais.