Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson,

Le Groupe de réflexion et d’actions, Femmes démocratie et développement (GF2D) appelle à une gestion saine de la crise post électorale au Togo. Une gestion qui selon les membres du GF2D, doit respecter les droits et libertés des individus.

In extenso, le communiqué du GF2D

Mme Brigitte Kafui ADJAMAGBO–JOHNSON, militante des droits humains, Secrétaire Générale la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA) et activiste pionnière des droits des femmes dans notre pays s’est vu notifiée par le Procureur de la République des injonctions de nature à l’empêcher autant que ses collègues de lutte pour la démocratie dans notre pays, à exercer les droits les plus élémentaires de tout être humain à savoir la liberté d’aller et venir et la liberté d’exprimer ses opinions.

En effet, dans le cadre de l’élection Présidentielle du 22 février 2020 qui a connu la participation de 07 candidats dont Monsieur Agbéyomé KODJO, député à l’Assemblée Nationale, Mme Kafui ADJAMAGBO –JOHNSON, a été désignée la porte-parole du candidat du regroupement de partis politiques dénommé « Dynamique KPODZRO » .

Le scrutin s’est déroulé dans un climat plus ou moins apaisé. Toutefois, les résultats de ce
scrutin donnant Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, vainqueur au premier tour avec
70,78% des suffrages et Monsieur Agbéyomé Kodjo, 2ème avec 19,46%, furent contestés par la dynamique KPODZRO et d’autres partis politiques donnant naissance à une crise politique dans le pays. Pour dénouer cette crise post-électorale, des voix telles que celles des Etats Unis, se sont levées pour encourager la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) à travailler de manière constructive avec toutes les parties prenantes et à publier les résultats des élections bureau de vote par bureau de vote afin d’accroitre la confiance de tous aux résultats finaux. Cette proposition fut rejetée par les autorités togolaises et la Cour Constitutionnelle valida les résultats de la CENI malgré les contestations.

Dans ce contexte de crise, et sous prétexte que le candidat malheureux Agbéyomé KODJO, Député de la Nation a continué de crier à la fraude, l’Assemblée Nationale a procédé à la levée de son immunité parlementaire sur requête du Procureur de la République.

Le mardi 22 Avril, Monsieur Agbéyomé KODJO fut arrêté avec des membres de la Dynamique à son domicile dans une ambiance de violences et violation des droits humains et placé en garde en vue au Service Central des Renseignements et d’Investigation Criminelles (SCRIC).

Le 23 Avril 2020, Brigitte Kafui ADJAMAGBO –JOHNSON, fut invitée au Service Central des Renseignements et d’Investigation Criminelles (SCRIC) en sa qualité de membre de la  Dynamique pour les besoins de l’enquête relative à l’affaire de Monsieur Agbéyomé KODJO accusé de troubles aggravés à l’ordre public, atteinte à la sureté de l’Etat et usage illégal des symboles et emblèmes du TOGO. Madame ADJAMAGBO-JOHNSON a été invitée par ce Service à titre de personne susceptible d’aider à faire évoluer l’enquête en cours, ou en tant que présumée complice ou témoin. Elle honora l’invitation et fut conviée le lendemain, 24 Avril à la signature du Procès-Verbal de son entrevue.

En fin de journée, à 18h, elle, ainsi que Monsieur Agbéyomé KODJO et Monsieur Fulbert ATTISSO furent transférés au Tribunal sous forte escorte policière pour être présentés au Procureur de la République. Le transfert de Mme ADJAMAGBO-JOHNSON et des autres responsables de la dynamique au Tribunal, il convient de le mentionner, fut fait dans une auto mitrailleuse accompagnée de deux pick-up de l’Unité Spéciale d’Intervention de la Gendarmerie (USIG). Toutes les artères conduisant au Tribunal furent bouclées. Ces évènements interviennent alors qu’un couvre-feu est décrété dans le pays compte tenu de l’urgence sanitaire liée au COVID 19. Les concernés ont comparu dans la nuit devant le
Procureur de la République et le juge d’instruction pour s’entendre signifier les charges contre eux et notifier la décision du juge d’Instruction.

Tard dans la même nuit, les responsables de la Dynamique furent placés sous contrôle judiciaire dans les conditions suivantes :
1. Obligation de déférer aux différentes convocations du doyen des juges d’instruction
2. Interdiction de quitter le territoire national sans l’autorisation expresse du Tribunal
3.Interdiction de faire toute déclaration tendant à la remise en cause des résultats du
scrutin présidentiel du 22 Février 2020
4.Interdiction de tout propos, déclaration ou attitude tendant à remettre en cause et à
saper l’ordre constitutionnel et institutionnel existant.
D’autres personnes de l’entourage du candidat, sont, quant à elles, envoyées en prison.
Le Groupe de réflexion et d’action, Femme, Démocratie et Développement (GF2D) déplore la gestion qui se fait de ce dossier électoral, et le traitement réservé aux personnalités
impliquées, notamment Monseigneur Fanoko KPODZRO et Mme ADJAMAGBO –JOHNSON qui n’avait pas opposé de résistance et avait répondu favorablement à l’invitation de la SCRIC. Il s’agit d’une crise post électorale laquelle il faudra rechercher des solutions politiques.

Le GF2D demande aux autorités politiques togolaises, de mettre tout en œuvre pour trouver une solution durable à la crise socio politique qui fragilise l’Etat depuis plusieurs décennies ; Il demande au Chef de l’Etat de veiller et de s’assurer que les droits humains et les libertés individuelles, garantis par nos textes fondamentaux et les conventions auxquelles le Togo est partie, soient respectés et que tous les citoyens puissent en jouir. Il rappelle qu’il appartient à l’Etat de promouvoir le débat contradictoire et de favoriser l’expression des opinions des uns et des autres. La cohésion sociale, la stabilité et le développement de notre pays en dépendent ;

Le GF2D reste disponible et disposé à accompagner l’Etat dans la recherche de solutions aux crises récurrentes qui affectent le développement harmonieux de notre pays;
IL APPELLE à la mutualisation des efforts et à une synergie d’actions des organisations togolaises de défense des Droits humains ;
Nous LANÇONS un appel aux Organisations de la Société Civile Africaines, engagées pour
la promotion de la paix et des droits humains de soutenir, les Organisations togolaises, par des médiations et actions de plaidoyer pour une sortie de crise pacifique au TOGO.
Fait à Lomé, le 24 Avril 2020
Pour le GF2D,

La Secrétaire Général

Voltic Togo