Un nouveau rapport du fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), publié à l’occasion de son 78ᵉ anniversaire, met en lumière des progrès significatifs en matière d’enregistrement des naissances à l’échelle mondiale. Selon ce rapport, si 77 % des enfants dans le monde sont désormais enregistrés, près de 150 millions d’enfants restent invisibles pour les systèmes étatiques.
L’Afrique subsaharienne, malgré des initiatives prometteuses, accuse un retard préoccupant avec un taux moyen de 51 %, et concentre plus de la moitié des enfants non enregistrés dans le monde.
Des progrès mondiaux, mais des disparités régionales
Depuis 2019, plus de 500 millions d’enfants de moins de 5 ans ont été enregistrés à la naissance, signe d’une nette amélioration dans l’attribution d’une identité juridique. Cependant, des disparités marquées persistent : Amérique latine et Caraïbes : 95 % des naissances enregistrées. Asie de l’Est et du Sud-Est : 94 %. Asie centrale et du Sud : 78 %. Afrique subsaharienne : Seulement 51 %, avec une forte variabilité entre les régions (88 % en Afrique australe contre 41 % en Afrique de l’Est et centrale).
« Cette lenteur des progrès, combinée à une croissance rapide de la population infantile en Afrique subsaharienne, pourrait exposer plus de 100 millions d’enfants au risque de ne pas être enregistrés d’ici 2030 », indique le rapport.
Togo : Un exemple à suivre
Le Togo figure parmi les pays de l’Afrique de l’Ouest ayant accompli des avancées significatives. L’adoption en 2022 d’un décret sur la gratuité de l’enregistrement des naissances et l’interopérabilité renforcée entre centres de santé et d’état civil ont permis d’améliorer l’enregistrement dans les délais légaux. Cette dynamique positionne le pays comme un modèle dans une région où le taux moyen atteint désormais 63 %, après une augmentation notable en 15 ans.
Pour l’UNICEF, Malgré les efforts, plusieurs défis freinent l’accès à une identité juridique pour tous, notamment, manque d’engagement politique dans certains pays, formalités administratives complexes et longues distances pour accéder aux services d’état civil, méconnaissance des démarches à accomplir par les familles, coûts prohibitifs, directs ou indirects, liés aux démarches administratives, ainsi que les discriminations fondées sur le genre, l’origine ethnique ou la religion.
Les recommandations de l’UNICEF
Pour garantir que chaque enfant soit reconnu et protégé, l’UNICEF préconise cinq mesures à savoir, enregistrer chaque enfant à la naissance pour jeter les bases d’une identité juridique, simplifier et digitaliser les formalités administratives, s’appuyer sur les programmes de santé, de protection sociale et d’éducation pour renforcer l’enregistrement, mettre en œuvre des réformes juridiques pour rendre les systèmes plus inclusifs, et sensibiliser et autonomiser les communautés pour qu’elles revendiquent leur droit à des services d’état civil accessibles.
« Chaque enfant a le droit d’être enregistré et de recevoir un acte de naissance qui lui permette d’être reconnu, protégé et soutenu », insiste Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF. Les réussites observées dans des pays comme le Togo ou le Botswana offrent des modèles inspirants pour les gouvernements du monde entier. L’objectif reste clair, d’après l’UNICEF, garantir que chaque enfant, sans exception, puisse être visible aux yeux de la loi et jouir de ses droits fondamentaux.