Lors du meeting de la société civile organisé à Lomé le dimanche 30 juin 2024, David Dosseh, médecin, et coordonnateur du front citoyen Togo Debout, est revenu sur le reportage de France 24 sur la grève des assistants médicaux au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sylvanus Olympio et qui n’aurait pas été apprécié par la direction du CHU. Pour ce médecin et défenseur des droits humains, la chaine a plutôt été tendre vis-à-vis du pouvoir togolais pour s’être abstenue de révéler pleinement l’ampleur des conditions déplorables dans lesquelles se trouvent les femmes togolaises lorsqu’elles accouchent.
Pour Professeur Dosseh, ce reportage qui a provoqué une onde de choc parmi les citoyens togolais et la communauté internationale, ne reflète qu’une partie de la réalité.
« Avant même de parler en tant que médecin, je parle en tant que citoyen togolais. J’avoue que quand je vois des images pareilles, je rentre et j’ai honte pour mon pays, j’ai honte d’être citoyen togolais,» déclare Prof Dosseh. « Ce qu’on a vu à la télévision peut peut-être se voir dans les pays en guerre, mais pas dans un pays qui n’a pas connu de guerre. C’est inadmissible, c’est scandaleux », poursuit prof Dosseh.
« On voit des femmes qui accouchent par terre, sur un matelas, et parfois même sur un simple drap quand il n’y a pas de matelas. Il y a des tables d’accouchement neuves, mais il y en a aussi de vieilles qui sont en mauvais état et moisies, » rapportait en juillet 2023, Amnesty International.
« Quand vous vous mettez en contact avec les collègues qui sont dans ce service, ils vous disent clairement que ça fait des mois que la situation est ainsi », a-t-il déploré.
Le premier responsable du Front citoyen Togo Debout appelle à une prise de conscience et à une action urgente pour améliorer les conditions de vie et de santé des femmes au Togo.
Le 27 juin 2024, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) a adressé une mise en demeure à France 24 pour avoir tourné son reportage « sans autorisation de la direction du centre hospitalier » et de n’avoir « entrepris aucune démarche pour recueillir la version de la direction du CHU.SO afin de confronter les faits rapportés dans le reportage ».
« Quand la HAAC fait comme s’il y a eu faute professionnelle, nous on sourit tristement parce qu’on est des Togolais et on a mal quand on voit ce genre de choses », a-t-il ajouté.