Graphiste et capitaine d’entreprise, il fait partie de ces rares jeunes africains qui déjà à moins de 25 ans, ont leur propre entreprise. Il s’appelle Efy Mike Saboutey. D’origine togolaise, il est le directeur de la « start-up » Gombo Studio, une agence de communication à Lomé. Le Slam est sa passion. C’est dans le jardin d’un centre culturel de la capitale togolaise, qu’il a donné rendez-vous au reporter d’Africa-Rendez-Vous. Nous vous invitons à découvrir l’entretien avec ce jeune, qui ambitionne aller à la conquête du monde avec des clics de souris. Et, « efycacement »… Lecture…

Efy, c’est un pseudonyme ou votre nom à l’état civil ?

C’est vraiment mon nom à l’état civil. Et mieux, c’est Efy Mike Kokou Saboutey. Efy, c’est le rassemblement des initiaux de mes parents. Et Efy signifie aussi « succès » dans une langue ghanéenne, parce que mon père est originaire du Ghana, et ma mère est née à Porto Novo. Moi-même je suis né au Togo.

Quel a été le parcours avant Gombo Studio ?

Avant Gombo Studio, le parcours a été long parce que je marchais grave dans les rues de Lomé (sourire). J’ai eu mon baccalauréat en 2007. Après le bac, je voulais travailler dans la publicité, parce que c’était mon rêve d’enfance. Depuis tout petit, je voulais apparaître dans un publi-reportage ou dans un spot publicitaire. Et à chaque fois, j’allais au casting Efy1mais je n’étais jamais retenu. Alors je me suis dit cette publicité, je vais la faire moi-même. (sourire)

Tout petit, j’avais une passion pour les magazines, les livres et les bandes dessinées.

J’étais membre d’un club de bandes dessinées, où j’étais coloriste et encreur. J’ai fait mes études supérieures à l’ISICA, une école de communication à l’Université de Lomé, durant 3 ans. Il y avait un volet consacré à la publicité et à l’art graphique.

Entre temps, je boulottais de petits gombo. Avec ces gains, je pouvais me déplacer, manger et je participais même à la scolarité. Ce n’était pas évident, vue la situation financière de la famille à cette époque-là. Pendant mes études à l’ISICA, j’ai eu la meilleure note en graphisme, ce qui m’a permis de décrocher un stage, offert par l’école, à la banque mondiale. C’est ainsi que j’ai fait un an et demi de stage dans cette institution. Ce stage m’a permis de me faire un peu d’épargne.

J’ai décroché un second stage à Visual Communication, une agence de communication. C’est après cette seconde expérience professionnelle, que je me suis mis en freelance pour créer Gombo Studio.

Depuis 2011, Gombo Studio fait son chemin. J’ai aujourd’hui avec moi, une équipe de graphistes avec laquelle je travaille.

Pourquoi Gombo pour ton studio ?

Au fait avant de quitter Visual Comunication, j’étais le graphiste qui avait plus de « gombo » hors boîte. Dans notre jargon de graphistes, gombo ne veut pas dire nécessairement argent mais job. Donc, j’étais le graphiste qui avait plus de boulots hors de l’agence. Bon ça ne plaisait pas à tout le monde. La blague est partie de là. Je me suis vite fait un petit logo, mais c’était juste pour rire. Quand je devais quitter l’agence, c’était ce logo qui était resté en fonds d’écran. Et quand je quittais, il fallait que je signe sous un autre nom que ‘Efy Mike Saboutey’. Alors j’ai pris Gombo puisque c’est le nom qui m’était resté en tête. Et depuis, Gombo Studio est. (sourire)

Et aujourd’hui, j’en suis fier. Quand vous êtes jeune et que vous évoluez vers le haut., vous allez voir de nombreux jeunes sur le chemin.

Je suis également fier de tous les jeunes entrepreneurs de ce pays, qui se battent, becs et ongles, corps et âmes pour s’accomplir.

Aujourd’hui, je suis fier de voir de nombreux jeunes de mon âge, qui s’en sortent pas mal.

On pourrait dire au commencement était la crème du slam. Le slam est-il juste une passion pour Efy ?

Au bureau
Au bureau

Bien sûr. À la base pour moi, le slam est une passion. Le slam, c’est le fait de déclamer des poèmes en public. Ce n’est pas une vie d’artiste.

Moi j’aime écrire, j’aime la poésie.

Vous allez remarquer que ceux qui ont réussi dans le monde des affaires, ce sont des gens qui adorent la musique. Je parle par exemple de Steve Job. Ce sont des gens qui sont accrocs à la musique. Je veux parler d’Obama aussi. Ce sont les as de la musique. Si vous prenez certains dirigeants que j’admire dans le gouvernement togolais, ce sont des personnes qui savent jouer à un instrument de musique ou qui chantent bien. Vous savez, on n’est pas qu’artiste ou leader, on est multifonctionnel. Pour moi le slam reste une passion.

Est-il difficile d’être slameur et directeur d’entreprise ?

Je n’ai jamais eu de problèmes par rapport à ça. Si je dois faire une prestation slam, j’essaie de prendre mon temps pour écrire mes textes. Ce n’est pas une raison pour laquelle je dois arrêter en plein boulot, ce que je fais pour me mettre à écrire. Tout est une question d’organisation. Il y a un temps pour écrire, il y a un temps pour cliquer sur la souris et faire une belle affiche.

Avec l’expérience de votre « start-up », avez-vous un message à la jeunesse africaine en général, et togolaise en particulier ?

Soyons fous ! Soyons fous comme le dit Steve. Quand vous arrivez à un niveau de votre vie et vous voulez vraiment vous lancer dans une activité, que vous avez toujours rêvé de faire, il y a toujours un premier blocage.

Efy 2Mais quand vous insistez en affrontant les intempéries, les « on dit », l’opinion publique. Vous allez pouvoir y arriver. Et plus vous avez des échecs, plus vous avez des chances de réussir. Vue tout ce que moi j’ai traversé, dépassé, surpassé. Je suis fier de faire partie des jeunes de moins de 25 ans, qui ont déjà leur propre entreprise, qui ont une certaine stabilité financière, même si je ne suis pas millionnaire (sourire). On dit souvent que l’État nous enfonce, alors que nous-mêmes, nous devons prendre des initiatives.

Nous devons nous asseoir pour nous lever. Quand nous serons debout, les dirigeants sauront qu’il y a quelque chose qui se passe. C’est nous l’élite.

Celui qui me lit actuellement est sûrement un jeune de moins 40 ans, parce qu’il est connecté. Du seul fait qu’il ait cliqué sur ce lien, il est déjà sur les mêmes longueurs d’ondes que moi. C’est quelqu’un qui va réussir lui-même, s’il se documente. Vous avez lu cette interview jusqu’à ce niveau où je suis en train de parler, ça veut dire que vous avez la volonté d’y arriver, de réussir. Donc ne lâchons pas.

Interview réalisée par Mawulikplimi Affognon

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