La variole simienne, ou mpox, qui refait surface en République démocratique du Congo (RDC) et dans plusieurs pays africains, a été déclarée urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette déclaration qui a été faite à travers un communiqué par Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, est motivée par la propagation rapide de nouveaux clades du virus en Afrique, soulève des inquiétudes quant à la possibilité d’une nouvelle vague mondiale de cette maladie.

L’épidémie actuelle en Afrique pourrait-elle se propager à d’autres régions du monde ? Quels sont les risques et quelles mesures peuvent être prises pour éviter une crise sanitaire mondiale ?

Propagation transfrontalière

La propagation transfrontalière de la mpox en Afrique est déjà une réalité. D’après Dr Tedros, le nouveau clade 1b, détecté initialement en RDC, s’est rapidement répandu dans plusieurs pays voisins, notamment le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda, des pays qui n’avaient jamais signalé de cas de variole simienne auparavant. « Cette expansion rapide et inquiétante de la maladie au sein du continent africain montre que le virus peut franchir les frontières nationales sans difficulté, surtout dans des zones où la mobilité transfrontalière est fréquente », souligne-t-il.

« Les experts estiment que le nombre de cas réels est probablement sous-estimé, en raison de la difficulté d’accès aux tests de diagnostic dans certaines régions. Cette situation accroît le risque de propagation internationale, surtout si des cas non détectés voyagent vers d’autres continents » a indiqué le DG de l’OMS dans le communiqué.

Leçons tirées de l’épidémie de 2022

A l’en croire, l’épidémie mondiale de variole simienne en 2022, qui a surpris de nombreux pays par sa rapidité de propagation hors d’Afrique, constitue un avertissement. « À l’époque, la variole simienne s’était propagée rapidement en Europe, en Amérique et dans d’autres régions du monde, principalement par des contacts sexuels dans des groupes à risque. Les systèmes de santé, peu préparés à cette éventualité, avaient dû réagir dans l’urgence » a-t-il rappelé.

Dr Tedros poursuit qu’aujourd’hui, le nouveau clade 1b présente des caractéristiques similaires en termes de transmission. « Si les leçons de 2022 ne sont pas appliquées rigoureusement, une nouvelle propagation mondiale pourrait se produire. Les pays doivent donc renforcer dès maintenant leurs systèmes de surveillance épidémiologique, particulièrement dans les aéroports et les ports internationaux, pour identifier et isoler rapidement tout cas suspect », alerte le DG de l’OMS.

Les défis de la vaccination et des mesures de prévention

Pour lui, la vaccination reste l’un des outils les plus efficaces pour prévenir la propagation de la mpox. Cependant, il indique l’accès inégal aux vaccins entre les pays riches et les pays à revenu faible ou intermédiaire qui constitue un obstacle majeur. « Les pays d’Afrique touchés par la recrudescence de la mpox ont un besoin urgent de vaccins, mais ces derniers restent limités et souvent hors de portée financière pour de nombreuses nations », a affirmé Dr Tredos.

« De plus, la propagation rapide de la maladie par des réseaux sexuels dans certains cas complique les efforts de prévention», a-t-il déploré. Il précise que les campagnes de sensibilisation et d’éducation sur les modes de transmission doivent être intensifiées non seulement en Afrique, mais aussi dans les autres régions du monde où le risque d’importation du virus existe.

L’importance d’une coopération internationale renforcée

Pour prévenir une nouvelle crise sanitaire mondiale, une coopération internationale renforcée est cruciale, selon le Dr Tredos. « L’OMS a déjà mis en place un mécanisme d’urgence pour faciliter l’accès aux vaccins et aux traitements, mais ces efforts doivent être soutenus par les gouvernements, les organisations internationales et le secteur privé ».

« La coordination entre les pays pour échanger des informations sur les cas, partager des ressources et mettre en place des protocoles communs de prévention et de traitement est essentielle. Seule une réponse mondiale concertée pourra contenir efficacement la propagation de la variole simienne », a-t-il ajouté.

Un total de 38 465 cas de cette maladie ont été recensés dans 16 pays africains depuis janvier 2022, pour 1456 décès, avec notamment une augmentation de 160 % des cas en 2024 en comparaison avec l’année précédente, selon des données publiées par l’agence de santé Africa CDC.

Voltic Togo