L’être humain n’a de cesse de faire la démonstration de son pouvoir et tenter ainsi de fuir l’angoisse de ses manques, de son impuissance et de sa mortalité. C’est principalement dans le lien à l’autre, et plus encore dans sa sexualité, qu’il évalue et confronte sa valeur.

Le désir de faire l’amour à trois prend sa source dans la période œdipienne, lors de notre première élaboration d’un scénario sexualisé, qui pose notamment la question de notre place face au couple parental.

Selon l’histoire de chacun, nous en retiendrons le besoin d’être activement la clé de voûte de ce triangle, simple voyeur ou objet dans les ébats. Et, selon nos scénarios primitifs, nous serons amenés à fantasmer la relation avec un couple mixte, à l’image de ce premier schéma. Nous rechercherons alors à faire jouir la personne du sexe opposé, devant celle du même sexe, sans perdre ni l’intérêt ni l’amour de cette dernière. Ou bien nous nous tournerons vers un tandem de sexe opposé, affirmant ainsi notre position d’être unique, la puissance de notre spécificité sexuelle. Fantasmé, vécu ou pas, ce désir appartient à chacun d’entre nous, hommes et femmes.

Pourquoi alors le penser comme typiquement masculin ? Parce que, historiquement, une fois encore, les femmes sont encombrées d’interdits. En effet, assez classiquement, pour un homme, satisfaire sexuellement deux femmes est la preuve de sa force et de sa puissance. Dans le fantasme masculin, le but de la sexualité est de faire jouir la femme, ou plus exactement de jouir de son pouvoir de la faire jouir.

De son côté, la femme s’est longtemps laissé bercer par l’idée que c’était l’homme qui la faisait jouir, telle la Belle au bois dormant atten dant que son prince la réveille. Bien sûr, elle sait au fond qu’elle fait également jouir son partenaire, qu’elle peut l’exciter, mais ce pouvoir a longtemps été si peu recommandable que, pour se l’autoriser, elle est allée jusqu’à se convaincre que c’était son devoir, et non son désir !

Mais pouvons-nous imaginer une seule seconde que les femmes ne seraient que soumises aux désirs des hommes ? L’idée selon laquelle l’amour à trois serait un fantasme purement masculin est le fruit d’une morale. Dès lors que le désir est accueilli tranquillement par la femme, son envie de jouir et de faire jouir de multiples partenaires est aussi présente chez elle que chez son compagnon. Elle aussi éprouve un formidable pouvoir de domination à ce qu’un homme fasse l’amour avec elle devant un autre…

Mais l’interdit la pousse à refouler ce désir, au point parfois de ne même pas imaginer qu’une telle situation puisse exister. Pourtant, si dans la vie de tous les jours la femme aime se retrouver seule au milieu d’un groupe d’hommes, n’est-ce pas une manière de jouir en toute légitimité de ce plaisir d’être l’unique, de se sentir pleinement un être sexué et reconnu comme tel, sans passer à l’acte ? »

Source: Rue86

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