Sylvio_Combey

Le Togo accueille un Forum régional de grande envergure sur l’éducation des filles et l’autonomisation économique des femmes, réunissant des organisations de la société civile (OSC) de 22 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Organisé par le Groupe de la Banque mondiale en collaboration avec la Fondation Brazzaville, cet événement, qui se déroule les 25 et 26 février à Lomé, met en lumière la contribution de la société civile à l’épanouissement des filles et des femmes dans la sous-région.

L’éducation des filles et l’autonomisation des femmes figurent parmi les priorités des pays africains. En Afrique de l’Ouest et du Centre, près de 40 % des jeunes femmes de 15 à 24 ans ne sont ni scolarisées ni qualifiées pour des emplois décents. Parallèlement, 45 % des adolescentes âgées de 12 à 18 ans, soit environ 16 millions de filles, sont déscolarisées, certaines étant contraintes à des mariages précoces.

Un levier puissant pour le développement

Lors de l’ouverture du Forum, la Première ministre du Togo, Victoire Sidémého Tomégah-Dogbé, a souligné l’importance de l’éducation et de l’autonomisation des femmes. Pour elle, lorsqu’une fille reçoit une éducation, elle devient une source de transformation pour elle-même, sa famille et la communauté. « L’éducation permet à une multitude de jeunes filles de réaliser leurs rêves et de contribuer véritablement au développement de leur pays. De même, l’autonomisation des femmes est essentielle à la construction de sociétés plus justes, résilientes et prospères », a souligné Mme Tomégah-Dogbé.

Victoire Tomegah-Dogbé

L’éducation et l’autonomisation des femmes ne sont pas seulement des impératifs de justice sociale, mais aussi des catalyseurs puissants pour un développement durable. Le Forum de Lomé offre une plateforme stratégique permettant aux OSC de partager leurs expériences et de discuter de la manière dont elles contribuent à améliorer l’accès à l’éducation et à promouvoir l’autonomisation économique des femmes. Il permettra également d’explorer des pistes pour une meilleure collaboration avec la Banque mondiale afin de relever les défis qui entravent l’accès à l’éducation pour les filles et à l’autonomisation des femmes.

La Banque mondiale engage des actions concrètes

Le Groupe de la Banque mondiale a récemment adopté une nouvelle stratégie pour la période 2024-2030, qui place l’égalité des genres au cœur de ses priorités. Ousmane Diagana, vice-président régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de la Banque mondiale, a affirmé que l’égalité des genres est un levier essentiel pour le développement économique. « En éliminant les barrières liées au genre, nous favorisons la productivité économique, réduisons la pauvreté et renforçons la cohésion sociale », a-t-il déclaré. Mais il a souligné que les progrès restent trop lents, exigeant des actions urgentes et renforcées pour accélérer l’égalité des genres.

Ousmane Diagana, vice-président régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de la Banque mondiale

La Banque mondiale soutient l’autonomisation des femmes à travers trois objectifs majeurs : mettre fin aux violences basées sur le genre, augmenter les possibilités économiques pour les femmes et encourager le leadership féminin. Ces objectifs s’inscrivent dans une approche globale qui repose sur l’innovation, le financement et l’action collective.

L’éducation comme facteur d’émancipation

Au cœur des échanges du Forum, l’éducation des filles a été identifiée comme un levier central pour atteindre l’autonomisation économique des femmes. Fatou Sow Sarr, commissaire au développement humain et aux affaires sociales de la CEDEAO, a insisté sur la nécessité de former des femmes leaders. « Tant que les femmes ne seront pas suffisamment éduquées, l’éducation des filles ne produira pas les résultats escomptés. Éduquer les femmes permet de renforcer leurs compétences sociales et leur capacité à prendre des décisions importantes dans la société », a-t-elle affirmé.

 Fatou Sow Sarr

Le rôle des femmes en tant que mères et actrices de la communauté est crucial. Fatou Sow Sarr a souligné que les femmes sont souvent les premières à prendre le relais dans des situations de crise économique ou politique, mais qu’elles doivent être formées et soutenues pour être encore plus performantes. Elle a insisté sur l’intégration de l’entrepreneuriat et du leadership dans les programmes éducatifs, en mettant particulièrement l’accent sur les écoles pour les filles. Le harcèlement sexuel et la violence dans les écoles restent des défis majeurs à surmonter pour garantir un environnement d’apprentissage sécurisé pour toutes les filles.

Un appel à l’action collective

Le Forum de Lomé représente une occasion pour les acteurs de la société civile et les partenaires de la Banque mondiale de renforcer leur collaboration pour l’éducation des filles et l’autonomisation économique des femmes. Le but est de créer des solutions pratiques, fondées sur des stratégies nationales, qui permettront de transformer les sociétés et de garantir un avenir plus inclusif et équitable pour les jeunes filles et les femmes de la région.

Le développement de l’Afrique dépend en grande partie de la capacité des filles à accéder à une éducation de qualité, et des femmes à s’affirmer en tant que leaders économiques et sociaux.

En somme, l’éducation des filles et l’autonomisation des femmes représentent deux éléments clés pour un développement durable et équitable. Le Forum de Lomé est une étape importante dans la mise en œuvre de ces engagements, avec un focus sur l’action collective pour surmonter les obstacles et garantir un avenir meilleur pour tous.

Voltic Togo