Togo église catholique

Les lieux de culte fermés depuis Mars 2020, vont partiellement rouvrir leurs portes aux fidèles dès le vendredi 17 juillet 2020. La décision du gouvernement est perçue comme une bonne nouvelle mais ça déchire au sein de la population à cause de son caractère « partiel ».

La réouverture des lieux de culte, Jules Soumanou dit l’attendre depuis belle lurette pour rétablir dit-il le lien fort entre le créateur et lui. Prier à la maison dit-il, c’est bien mais le faire en communauté, à l’église, est encore une autre chose. Pour ce fidèle catholique, oui il fallait y penser depuis. « La réouverture des églises est une bonne chose. Il nous suffit de respecter les précautions nécessaires », a-t-il confié à Africa rendez-vous, aperçu sur la cour de l’église catholique Sainte Maria Goretti de Bè-Kpota.

Un peu comme Jules, Andréa Akakpo qui venait, visiblement, de se recueillir devant la grotte mariale de l’église Saint Antoine de Padoue d’Adakpamé, pense que cette décision est salutaire mais tardive. « Vous comprenez vous qu’on autorise les bars à ouvrir alors que les églises sont encore fermées« ? a-t-elle lancé sans revenir sur ses propos.

A Lomé comme dans les villes à l’intérieur du pays, les bars ont ouverts mais les clients sont tenus de porter des bavettes. Ces bavettes, à en croire les tenanciers des bars est l’une des conditions avant d’être autorisé à consommer sur place. C’est le cas de la plupart de ces bars à ciel ouvert sur la plage de Lomé. Les clients ont leur bavette mais, pas couvrant leurs muqueuses, rabattue au menton.

« Les cultes se déroulent dans des lieux confinés. Le risque de contamination est plus élevé« , a confié, Lieutenant Colonel, Beleï Bediani, directeur de cultes, en conférence de presse le 15 juillet 2020, à Lomé avec le Comité de coordination nationale de gestion de riposte Covid-19 (CGNR).

ça déchire !

Le Togo n’est pas encore à l’abri de la pandémie du covid-19. A la date du 14 juillet 2020, au moins 188 personne sont encore sous traitement au Centre hospitalier régional de Lomé commune, réquisitionné à cet effet.

Une situation qui amène beaucoup à s’interroger sur le bien fondé de l’ouverture des églises, lieux par excellence de louange et d’adoration.

Un communiqué du ministère togolais de l’administration territoriale, en date du 7 juillet 2020, a autorisé l’ouverture de 39 églises sur toute l’étendue du territoire national, à titre d’essai. Pour certains, le nombre restreint d’églises autorisées à rouvrir va contraindre des fidèles d’autres paroisses ou chapelles à se ruer vers une seule église, entraînant plutôt une grande concentration.

« Je suis à Adamavo. Je n’ai pas l’église dans ma zone qui va rouvrir. Imaginez si nous tous de Kagomé, Adamavo, Abokopé, Kpogan, Avépozo, Devikinmé, et autres localités environnantes devons aller à l’église à Baguida, comment sera la situation dans l’enceinte de Sainte Lucie de Baguida (…) », dit s’interroger Jean-Luc Gagnon, fonctionnaire d’Etat.

« On risque de se retrouver à la case de départ. C’est ce que nous craignions qui risque d’arriver » pense-t-il avertir.

Au Comité de coordination nationale de gestion de riposte Covid-19, la coordination entend sévir et même « re-fermer » les lieux de culte qui ne vont pas vraiment respecter les mesures de distanciation sociale. Le comité annonce envoyer sur les lieux de culte, des agents pour veiller à l’application stricte des mesures barrières.

L’incidence financière 

Si certains sont préoccupés par la santé, d’autre le sont beaucoup plus pour leurs poches.

« Les temps sont durs et nous n’avons pas tous, les moyens de nous déplacer pour aller suivre la messe à un endroit très éloigné de nous » se plaint déjà Bernadette  Tossou, revendeuse de bouillie à Agbodan dans la préfecture des Lacs.

« Avant, je prenais un moto taxi pour 100 francs et des fois 150 francs CFA pour aller à l’église. Au retour, je marche. Maintenant, je vais dépenser plus du triple pour l’aller-retour« , raconte cette dame, mère de 4 enfants.

Pour beaucoup d’observateurs, la Covid-19 est là et il faudra s’y adapter et vivre avec. « Au lieu de se plaindre, ou que ça déchire sur les mesures, plutôt respecter les mesure-barrières« , conseille Zeus Amewadan, médecin de son état.

Voltic Togo