S’il y a au Togo, un évènement culturel qui promeut la gent féminine, on ne manquera pas de citer le Festival « TINAA FALLIYE ». Cette rencontre annuelle se veut un véritable d’éclosion de talents mais aussi de partage d’expériences de la femme, mieux encore, de la jeune fille. A quelques mois de l‘évènement, la rédaction d’Africa Rdv est allée à la rencontre de la promotrice Gora Doréti Kakaye qui se montre déjà bien infatigable.

Africa Rdv : « TINAA FALLIYE », tout d’abord, on veut bien en savoir plus.

Le festival TINAA FALLIYE regroupe des femmes de tout âge et d’origines diverses durant une période bien définie pour discuter des différents freins à leur épanouissement. Elles profitent également de cette plateforme pour transmettre leur savoir et partager leurs expériences avec les plus jeunes ; le tout dans une atmosphère conviviale, de respect mutuel.

D’où vient le nom Tinaa Falliye?

TINAA FALLIYE prend ses origines dans la langue Bassar, localité située à environ 412 km au nord-ouest du Togo. Originellement, on retrouve le nom « T’NAA », appellation en Bassar de toute personne de signe féminin qu’elle soit nouveau-née, adolescente, femme ou personne du 3e âge ; ce nom met en avant non seulement la féminité mais aussi la symbolique de la fécondité.

Ensuite on en vient à « FALLIYE », pluriel de « IFALL » dénomination de l’association porteuse du projet. Je vous invite à remonter un peu dans le temps, je dirai la période avant le début de l’accès des femmes à ses droits civiques ; on constate que ces femmes vivaient dans des foyers polygames et n’avaient pas le droit à la parole autant en privé avec leur époux qu’en public. Et donc, elles ont imaginé un moment propice dans la journée où elles pourraient se retrouver et s’exprimer librement. Le seul moment de la journée adaptée était la fin de journée, après les activités champêtres. Elles se regroupaient dans un coin de la grande cour, leurs enfants à leur côté, le mari à l’autre bout de la cour ; et toute rivalité mise de côté, elles entonnaient et créaient instantanément des chants emplis de messages destinés soit à l’époux, soit à la rivale, soit à l’enfant. Le tout dans la bonne humeur.

Cette façon de faire, en pays Bassar, du nom de IFALL, cadre parfaitement avec l’esprit du projet et c’est tout naturellement que nous n’avons pas hésité à l’emprunter. L’unité des femmes,  la force que cela représente, la richesse que représentent nos diversités culturelles, l’expression à travers les arts principalement la musique, la transmission du savoir, sont autant de valeurs que véhicule TINAA FALLIYE. Et si vous demandez la définition de TINAA FALLIYE, je vous réponds « les réjouissances/ célébrations de la femme ».

En clair, un festival qui porte la femme sur le piédestal…

De nos jours, il est courant d’entendre parler de « promotion de la femme », d’ « équité genre » et d’autres termes plus ou moins semblables. Les femmes se sont longuement battues pour avoir aujourd’hui cette place et cette valeur qui sont les leurs. C’est dire que malgré cela, nous constatons que dans nombre de domaines d’activité, elles sont encore sous-évaluées et ne disposent pas de podiums pour parler et se faire entendre. Nous avons donc, au sein de l’association culturelle IFALL, pensé à apporter notre soutien à toutes ces femmes et jeunes filles avides de s’exprimer autrement, à travers les arts.

Une, deux, et vous voilà à la troisième édition,  quelles leçons tirez-vous des précédentes?

Vouloir organiser une troisième édition signifie tout simplement que les attentes des femmes sont nombreuses et que le festival TINAA FALLIYE a de beaux jours devant lui.

Timidement nous avons démarré en 2011, 2012, petite pause en 2013, mais depuis lors, je puis vous assurer que dans toutes les localités du Togo, à l’étranger où le festival pose ses valises, l’accueil est plus que chaleureux. Notre sensibilisation, notre approche et la démarche d’étude des problèmes liés à la gente féminine fascinent autant les jeunes filles que les femmes. Les attentes des femmes sont nombreuses et diverses ; ce serait prétentieux d’affirmer ici avoir la solution miracle. Nous nous efforçons à chaque édition d’apporter autant que nous pouvons des propositions et approches de solutions en vue de l’amélioration des conditions de vie.

Une particularité pour  cette édition? 

Cette année, le festival aura une programmation autour du thème de « la participation de la femme à la vie politique ». Du 14 au 20 avril, les villes de Lomé et Kara accueilleront le concours de chant, des rencontres débats, des communications et bien évidemment la grande soirée de clôture, musique au féminin, qui verra des prestations d’artistes féminines de la chanson du Togo et d’ailleurs.

On suppose encore dans les préparatifs, on ne peut que vous souhaiter beaucoup de courage.

Merci ! Nous sommes encore dans la période de présentation de vœux et c’est pour moi l’occasion de présenter les miens de succès, prospérité et santé à toute l’équipe de « Africa Rdv » et de vous dire les remerciements du Festival pour le grand intérêt que vous lui portez.

J’inviterai ensuite nos mères, nos grandes sœurs, nos petites sœurs à se joindre à nous en participant activement aux différentes activités. Ceci est notre combat et personne d’autre ne viendra le mener à notre place.

Et pour finir, je remercierai tous nos partenaires, sponsors et les bonnes volontés qui ont toujours été à nos côtés ; qu’ils ne se lassent point. Je n’oublie pas d’inviter aussi tous ceux et toutes celles qui prendront connaissance de ce projet à se rapprocher de nous et apporter leur contribution à l’éclosion des talents.

Interview réalisée par Sylvio Combey
Voltic Togo