Le Chef de l’État togolais Faure Gnassingbé

Le journaliste Sylvestre Béni, appelle Faure Gnassingbé à se soucier de la cohésion sociale en proscrivant des actes qui peuvent provoquer de l’indignation, susciter des contestations et menacer la paix au Togo. Le journaliste estime que la nomination du Colonel Yotroféi Massina à la tête de la gendarmerie nationale, est acte belliqueux et saisi le président de la république à travers une lettre ouverte dont voici la teneur.

Accra, 20 octobre 2014

LETTRE OUVERTE A MONSIEUR FAURE E. GNASSINGBE, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE TOGOLAISE

Monsieur le Président de la République,

Dans notre récente lettre, nous insistions sur l’état de fragilité de la Nation Togolaise, et que toutes démarches visant à attiser la haine, provoquer l’indignation, soulever des protestations, des marches et des répressions, doivent être proscrites afin de sauvegarder la paix et la cohésion sociale.

Monsieur le Président,
« Il suffit d’une étincelle pour embraser le Togo », déclarait Mgr. Barrigah-Benissan. Et à quelques mois des présidentielles de 2015, en tant que Président de la République, garant de l’unité nationale selon les dispositions de l’article 58 de la Constitution Togolaise, vous devez prendre garde de ne pas poser des actes qui choquent, émeuvent profondément l’esprit et défient le peuple dans sa colère. Si vous en doutez, nous venons vous saisir de l’affaire qui défraie la chronique : la nomination le 09 octobre 2014 du Colonel Alex Yotrofaï Massina au poste de Directeur général de la gendarmerie nationale.

Monsieur le Président,
Souffrez que nous qualifions cette nomination d’attitude belliqueuse pour la simple raison que vous, vous le savez que quiconque, M. Massina qui traîne des casseroles ne peut occuper cette fonction si importante dans la République en un moment où la confiance entre le peuple et l’armée d’une part, et de l’autre entre le peuple et principalement cet agent des forces de défense, est rompue. Dans ce mois de civisme, nos actes doivent plutôt concourir à la paix et non être des prémices ou des balises à un embrasement. M. Massina puisque c’est de lui qu’il s’agit, est cité comme meneur de jeu dans le rapport de Koffi Kounté sur les traitements cruels, inhumains et dégradants infligés aux malheureux co-accusés de Kpatcha Gnassingbé. Donc cet agent est d’office disqualifié pour un poste aussi stratégique. Car, dans ses recommandations, la CNDH a clairement demandé au Gouvernement de « prendre des sanctions exemplaires à l’encontre de toutes les personnes ayant participé directement ou indirectement à la commission des actes incriminés ». Monsieur le Président, vous avez manqué de punir M. Massina, par contre, vous l’avez décoré et maintenant, il est promu. Est-ce à dire que la Présidence Togolaise promeut les militaires qui piétinent les dispositions de l’article 21 de la Constitution : « La personne humaine est sacrée et inviolable. Nul ne peut être soumis à la torture ou à d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants » ?
Il vous en souvient que dans la chronique d’Amnesty international, juin 2012, M. Koffi Kounté, racontait que vous, le Président, preniez fait et cause pour les faussaires, ceux qui ont tripatouillé le rapport d’une institution constitutionnelle comme la CNDH: « Je te demande d’adopter le rapport tel que modifié par le conseiller Debbasch », avait-il dit dans les colonnes de ladite chronique en vous citant. Cette nomination, est-elle donc une confirmation des allégations du sieur Kounté qui tentait à vous rendre complice de tout ce qui entoure le dossier ANR puisque les personnes incriminées sont plutôt chouchoutées ?

Monsieur le Président,
Dans sa lettre à Arnauld, le philosophe allemand, Leibniz tentait ce rapprochement : « La justice est la charité conforme à la sagesse ». Nous osons croire que l’intérêt supérieur de la Nation primera sur votre décision et de reconsidérer votre position.
Que l’Éternel, bénisse le Togo !

Béni Sylvestre
Journaliste-Ecrivain
benilesaint@yahoo.fr
Voltic Togo