L’utilisation de la télé échographie, depuis le 5 septembre 2023, vient améliorer la santé maternelle et infantile au Togo et aide à améliorer le suivi prénatal et la gestion des urgences obstétricales.
Outre le CHP Tabligbo, neuf autres formations sanitaires telles le Centre hospitalier préfectoral de Tohoun, une ville du Togo située à quelques kilomètres de la frontière Togo-Bénin et le chef-lieu de la préfecture du Moyen Mono, Danyi qui est une préfecture du Togo, située dans la région des plateaux, Blitta, une ville située dans la région centrale du Togo. Bassar, une préfecture située dans le centre du Togo, Djarkpanga, le chef-lieu de la préfecture de Mô située à l’Ouest du Togo dans la région centrale, près de la frontière du Ghana, Pagouda, une ville de la région de la Kara, capitale de la préfecture de la Binah, en bénéficient. C’est aussi le cas de Gando, une petite ville Togolaise située au Nord du Togo à environ 537 km de Lomé, elle est le chef-lieu de la préfecture de l’Oti-sud, Mango, une ville du Togo, deuxième plus importante de la région des Savanes, elle est le chef-lieu de la préfecture de l’Oti, et le centre médicosocial (CMS) de Pya, un canton de la préfecture de la Kozah au centre-nord du Togo en ont également bénéficié. Il ne s’agit que de la phase pilote grâce à un accompagnement de la Fondation Pierre Fabre.
D’après Giscar SAMBOE, Coordinateur Togo de la Fondation Pierre Fabre, tout est parti du constat selon lequel le Togo dispose de peu de radiologues et gynécologues dans les hôpitaux publics. Pendant ce temps la majorité exercent à Lomé et dans les grandes villes du pays laissant un énorme besoin dans les milieux ruraux. « Doter les formations sanitaires de télé échographes vient combler une partie de ce besoin », a confié M. SAMBOE.
Selon ses explications, pour pouvoir mener à bien ce projet, des radiologues et gynécologues ont été formés et ensuite, les utilisateurs finaux que sont les sages-femmes, les médecins généralistes et infirmiers à la pratique efficace de l’échographie. Les techniques de transfert des images sur la « plateforme Bogou » ont été aussi enseignées pour faciliter l’interprétation des images à distance par un spécialiste.
Akoélé ATTISSO, 32 ans, revendeuse de tubercules à Tabligbo, ville située à environ 80 km au Nord-est de la capitale togolaise, est aujourd’hui très contente de porter enfin une grossesse qui arrive dans son sixième mois. Même s’il lui reste encore environ trois mois pour accoucher, dame ATTISSO vante les mérites de la télé échographie opérationnelle au Centre hospitalier préfectoral (CHP) grâce auquel ce bon chemin a été fait.
Par deux fois de suite, Madame ATTISSO n’a pas pu arriver à terme de sa grossesse. Elle a fait des fausses couches. La première raconte-t-elle, est survenue après trois mois de grossesse. « C’était un dimanche soir en 2020, quand j’ai commencé par voir couler du sang sur moi. J’ai pris peur. C’était la première fois dans ma vie de vivre une situation pareille », se rappelle-t-elle encore. « Mon mari m’a amené dans un centre de santé qui était à moins de 5 km de notre maison. Là, la sage-femme qui M’a consulté a prescrit une échographie mais nous a dit qu’il n’était pas prudent de prendre un zemidjan (taxi moto ndlr) ». « Les rendez-vous pour l’échographie ont lieu en ville chaque jeudi. A cause de tout ce temps perdu, j’ai finalement perdu mon bébé », raconte-t-elle, avec émotion.
La deuxième fois, précise-t-elle, en 2022, alors qu’elle ressentait des douleurs atroces au bas-ventre, son mari était aux champs et le temps pour sa belle-sœur de l’assister pour louer un taxi et l’emmener au CHP, c’était encore trop tard.
Ces deux épisodes douloureux de la vie de cette femme, sont déjà dans le passé. Elle prévoit déjà faire une petite fête avec la belle-famille si sa nouvelle grossesse arrive bien à terme.
« Mon premier accouchement, il y a sept ans, s’est fait par césarienne parce que selon ce qui m’a été dit, l’enfant n’était pas bien positionné », raconte Edith AKALA 26 ans, qui attend un deuxième enfant. Les sages-femmes lui avaient prescrit l’échographie mais Edith hésitait de le faire arguant un manque de moyens financiers.
La télé échographie sauve des vies dans la préfecture de Yoto
« Aujourd’hui, je suis contente parce que je suis déjà à plus de 6 mois de ma grossesse, et grâce à un appareil, la sagefemme a vu le problème très tôt, m’a prescrit des produits pharmaceutiques et me suit régulièrement. Depuis lors, je n’ai ni saignement ni douleurs au bas ventre. Je me porte bien, mon bébé aussi », témoigne madame ATTISSO, tout en caressant son ventre sous sa robe.
Edith confie, sourire aux lèvres, qu’elle ne rate les consultations prénatales. Assise sur un banc dans le couloir menant à la salle de la maternité de ce centre en pleine rénovation, Edith confie que son bébé est bien en forme. « Mon bébé se porte bien. L’accoucheuse me l’a dit et a confirmé que le bébé est en bonne position. J’attends avec impatience connaitre son sexe à la prochaine consultation », s’impatiente-t-elle.
« J’étais moi très contente quand j’ai vu à l’écran mon petit bout de chou bouger. La sage-femme m’a expliqué qu’il respire normalement et est en train de bien grandir », témoigne de son côté, Dénise AKATO, 18 ans et qui porte pour la première fois une grossesse.
Grâce à la télé échographie opérationnelle au CHP de Tabligbo, ces femmes de la préfecture de Yoto peuvent accoucher dans de meilleures conditions parce qu’un meilleur suivi est fait en amont et des conseils prodigués.
Fafanyo Akuwa AGONDE, sage-femme d’Etat au CHP de Tabligbo explique que la télé échographie consiste à voir la tête, l’abdomen, le fémur et le battement du cœur de l’embryon. « Après cela, on envoie les images aux experts sur une plateforme appelée « Bogou » et à leur tour, ils nous envoient les détails sur les conduites à tenir, » détaille Fafanyo.
« La télé échographie nous permet d’avoir en temps réel l’avis des experts même s’ils ne sont pas sur place chez nous. La finalité est de mieux prendre en charge les patients. Le fait déjà de voir que ça permet de résoudre certaines situations compliquées et de les résoudre en temps réel, je suis bien satisfait, » renchérit directeur du Centre hospitalier préfectoral de Tabligbo, Mandjaréou ASSIH.
« Il y a beaucoup de cas d’urgence qu’on référait avant comme les saignements en début des grossesses, mais maintenant, on regarde à travers l’échographie et on suit de près la femme même en cas d’avortement incomplet, » détaille madame AGONDE et d’ajouter « Il y avait des situations de grossesses gémellaires où vous faites sortir le premier jumeau et vous réalisez que le deuxième est transversal. Pendant que la femme est en travail, nous référions pour une césarienne pour sauver la deuxième vie. Désormais, la télé échographie aide à voir si les deux enfants sont dans de bonnes positions ».
Aller au-delà de la phase pilote
La Fondation Pierre Fabre entend passer à une mise à échelle de l’initiative, un an après et ce, après une évaluation de cette phase pilote. « Si tout se passe bien il est prévu son extension, » confie M. SAMBOE.
Cette extension, Dr ASSIH le souhaite vivement et espère la formation d’autres agents pour pouvoir assurer la continuité des tâches, en cas d’affectation ou d’absence des prestataires qui sont sur le terrain.
Ce reportage à été produit dans le cadre de la bourse de journalisme sur les IPN organisée par la fondation des médias pour l’Afrique de l’ouest et Co-Develop.