Dans un rapport publié jeudi, la Banque mondiale affirme que les proches de l’ancien président tunisien Ben Ali captaient près d’un quart des bénéfices du secteur privé du pays, grâce à un cadre réglementaire qui protégeait ses intérêts.
Après avoir étudié les comptes de 220 entreprises tunisiennes contrôlées par le régime de Ben Ali, la Banque mondiale a conclu, dans un rapport publié jeudi 27 mars, que le clan de l’ancien président récoltait plus de 21 % des bénéfices réalisés par le secteur privé.
« L’ancien régime tunisien utilisait les réglementations existantes et en édictait de nouvelles pour en faire bénéficier les membres de la famille [Ben Ali, NDLR] et ceux qui étaient proches du régime« , stipule ce rapport.
Pendant les dix dernières années du pouvoir, le « code d’incitations aux investissements » a ainsi été modifié à 25 reprises, afin de restreindre l’accès des investisseurs au marché tunisien et « protéger les intérêts du clan [présidentiel] de la concurrence« .
La part de marché d’une société détenue par le clan Ben Ali était ainsi en moyenne supérieure de 6,3 % que celle d’une société concurrente, quel que soit le secteur d’activité (bâtiments, téléphonie), précise cette étude de la Banque mondiale.
Quand la Banque mondiale saluait le système Ben Ali
Selon Bob Rijkers, un des auteurs de ce rapport, l’’intervention de l’État dans la politique industrielle était finalement « un écran de fumée dissimulant des situations de rente« . Il estime que l’ouverture économique du pays louée en son temps par la communauté internationale, n’était qu’un « mirage ».
La Banque mondiale, elle-même, et le Fonds monétaire international (FMI) ont admis s’être trompés sur la Tunisie qu’ils ont souvent érigée en « modèle pour les autres pays en développement », souffrant toutefois « de graves défauts », dont la corruption.
Déchu du pouvoir en janvier 2011 par une révolution populaire, Zinedine Ben Ali, réfugié en Arabie saoudite, et ses proches sont soupçonnés d’avoir détourné entre 15 et 50 milliards de dollars tout au long de ses 23 années de règne. Le régime tunisien actuellement en place a confisqué 550 propriétés immobilières, 48 bateaux et yachts, 367 comptes bancaires et près de 400 entreprises appartenant au clan Ben Ali.
Avec AFP