La justice allemande a condamné à quatorze ans de prison, mardi 18 février, un Rwandais, reconnu coupable de complicité dans le génocide au Rwanda en 1994. Agé de 56 ans et réfugié depuis 2002 sur le sol allemand, Onesphore Rwabukombe était jugé depuis janvier 2011 par la haute cour régionale de Francfort. Le parquet fédéral avait requis la réclusion à perpétuité, tandis que la défense avait demandé l’acquittement.

Cet ancien maire de Muvumba, dans le nord-est du Rwanda, était accusé d’avoir ordonné et coordonné un massacre commis en avril 1994 par des soldats rwandais et des miliciens hutus, au cours duquel ont péri au moins 1 200 Tutsis qui s’étaient réfugiés dans une église. Il avait été également accusé d’avoir participé à deux autres massacres, avant que ces accusations ne soient abandonnées fin 2011.

Outre ce procès, deux anciens chefs rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) basées en République démocratique du Congo, Ignace Murwanashyaka, et son adjoint, Straton Musoni, sont également jugés à Stuttgart. Ils sont accusés de crimes de guerre et contre l’humanité commis en 2008 et 2009 contre des centaines de civils.

Incarcéré depuis 2011, M. Rwabukombe avait fait l’objet d’un mandat d’arrêt de Kigali, relayé en 2007 par Interpol. Il avait été arrêté une première fois en juillet 2008 par les autorités allemandes dans la région de Francfort, où il résidait depuis 2002 avec sa famille.

L’Allemagne avait toutefois refusé de l’extrader vers le Rwanda, estimant que les conditions d’un procès équitable n’étaient pas garanties. Par la suite, la justice allemande avait elle-même engagé des poursuites contre ce Rwandais, envoyant notamment des procureurs allemands en Afrique afin d’entendre des témoins sur place.

L’Allemagne estime traduire ainsi sa détermination de ne pas laisser impunis, des crimes contre l’humanité.

L’assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994 avait marqué le point de départ de tueries ayant entraîné la mort de 800 000 personnes entre avril et juillet 1994, selon l’ONU. Les victimes ont été principalement des Tutsis mais des Hutus modérés figuraient également parmi elles.

Africardv avec Le Monde – Crédit Photo: AFP
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