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La torture se pratique souvent sous le nez des populations sans qu’elles ne s’en aperçoivent. Et surtout dans les mouvements migratoires avec des abus même dans les pays d’origine. Le 18 décembre marquant la commémoration de l’adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, il est important de revenir sur ce tueur silencieux.

Selon plusieurs observateurs, le contexte migratoire et les actes de tortures sont bien liés. Il est souvent remarqué même si les victimes n’ont pas le courage de lever le voile sur le mal qu’ils endurent, qu’il existe un mariage entre les flux migratoires et les actes de torture.

Bien souvent, cela commence par des abus dans des pays d’origine qui sont la source même de ces actes avec un encouragement voilé à quitter son pays, ensuite la vulnérabilité autour des routes migratoires avec un manque évident de protection et, la détention dans beaucoup d’endroits de certains des migrants.

A Lomé, des mouvements de protection des droits de l’homme donnent de la voie. Selon elles, il y a très peu d’attention sur la torture lors des mouvements migratoires. « On parle surtout des aspects sécuritaires, des contrôles mais très peu de la vulnérabilité des migrants, des femmes et des enfants dans les routes migratoires », regrette Gérald Staberock, Secrétaire générale de l’Organisation mondiale contre la torture.

De la nécessité de changement de perspectives

Les flux migratoires dans le monde sont énormes et ils sont plus 258 millions de migrants dans le monde, soit 3,4% de la population mondiale, à en croire Richard Danziger, directeur régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Ces chiffres montrent l’ampleur de la situation et la proportion importante de la torture. A défaut de données fiables sur le phénomène, il est impérieux de mettre en place, un cadre de protection effective pour les migrants sur les routes, des cadres de prévention des traitements inhumains et dégradants autour de la route et surtout, un changement de perspectives aussi en Europe, envers la migration et les personnes en détention dans des centres en Libye et ailleurs.

Que ce soit au Niger, au Tchad, au Sénégal, en Tunisie ou encore en Libye, ils sont nombreux, dans des centres de détention, ces migrants, victimes de torture, traumatisés, qui ont droit par contre à un soutien psychosocial et leur réintégration dans leur société. « Si on reste aveugle sur ces sujets, ce sera difficile de changer notre approche », fait remarquer M. Staberock.

« Tout individu peut devenir d’un jour à l’autre, migrant. Il est nécessaire de réfléchir déjà sur quelles formes de soutiens apporter aux migrants et travailler sur des possibilités de prévention des actes de torture », a renchéri Me Claude Amegan, président du Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT).

Des clichés subsistent sur la migration mise directement en parallèle avec le continent africain. Mais se fier au dernier rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les Africains migrent moins que les autres. Pas un Africain dans la liste des dix-sept pays qui ont le plus migré vers l’OCDE selon les Perspectives des migrations internationales 2019. Il faut même attendre la 18e place pour trouver le premier, le Maroc, et ses quelque 71 000 ressortissants partis (qui ont constitué 1,4 % des entrées 2017 dans la zone OCDE), rapporte le journal Le Monde.

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